Juin 1914. Après une
année universitaire à Bruxelles, Klara, fille unique d’une famille berlinoise
aisée, s’apprête à rentrer chez elle sans avouer à sa famille qu’elle est
enceinte. Pendant le voyage, elle accouche prématurément et confie sa fille,
Luise, aux fermiers wallons qui l’ont accueillie.
La guerre éclate et
Luise est élevée avec les autres enfants des fermiers dont le petit Noël, de
quatre ans son aîné, qui deviendra son protecteur. Huit ans plus tard, Klara
revient chercher Luise. Dès lors, Noël n’aura de cesse de retrouver celle qu’il
aime plus qu’une sœur.
Noël en décembre est
un roman qui a fini dans ma PAL à cause de mon achat trimestriel pour France Loisirs.
Autrement, je n’aurais pas pu le découvrir et je serais passée loin de cette
histoire touchante, écrite presque entièrement en format épistolaire !
Ce roman nous parle de Noël, qui a grandi en Belgique auprès
d’une enfant arrivée inopinément dans sa famille : Luise. Depuis son plus
jeune âge, il sait, il sent qu’il est lié à elle par un amour que rien ne peut
séparer, pas même les tourments d’une guerre, aussi terrible soit-elle. C’est
la raison pour laquelle, lorsqu’elle finit par devoir partir de chez eux pour
retourner chez les siens, il n’a de cesse de la retrouver. Mais le pourra-t-il
toujours ?
L’idée d’un roman où un garçon chercherait sa promise m’a
beaucoup plu. Je suis toujours fleur bleue dans l’âme, et j’avoue que je me
laisse très souvent attendrir par ce genre de résumés. En plus, je ne sais pas
vous, mais le tout promettait, entre les quelques mots de la quatrième de
couverture et la couverture elle-même, une quête assez difficile, mais
déterminée. Quand les choses sont compliquées, c’est prenant, et ça a été
justement le cas ici.
Le livre se lit très vite et très facilement : il n’y a
que 300 pages, et le tout est écrit gros, dans une mise en page aérée. Puis, le
format épistolaire nous emmène tout de suite sur le ton des confidences,
plongeant à la fois dans un présent que l’on devine tourmenté, et dans un passé
que l’on a hâte de découvrir.
C’est Noël qui raconte l’histoire. Depuis la naissance de
Luise, jusqu’au dénouement de cette intrigue, que je ne révèlerai pas, d’ailleurs.
Je peux juste vous dire que tout est sobre, mais puissant, et que les
sentiments, s’ils restent assez concis, n’en sont pas moins touchants et
puissant, oui. L’amour et la détermination de Noël sont palpables, et sans qu’il
soit grandiloquent dans ses expressions, le lecteur ne peut s’empêcher de les
ressentir aussi à sa façon. On a envie avec lui de retrouver Luise, à chaque
fois.
Bien que la narration soit réservée à un seul personnage, il
nous est donné de voir l’évolution de plusieurs autres, notamment Luise, mais
aussi tout l’entourage familial de Noël. Au travers d’espèces d’instantanés, on
les voir grandir, mûrir, vieillir, parfois mourir. Chaque fois, les mots sont
justes, tranchants presque, terriblement humains. C’est ce qui fait le charme
de l’histoire : parce que Noël est véritablement humain.
En fait, cette histoire est un peu comme une saga familiale,
mais sur une seule génération, et condensée. Nous suivons à la fois la quête de
Noël, mais aussi tout ce qui se produit autour de lui : les évolutions
dans sa famille et les grands évènements historiques, parfois vus sous un angle
nouveau. Ça, c’est un très bon point, à mes yeux : voir l’Histoire encore
sous un angle différent, de celui qui a voulu prévenir, qui a vu les choses
arriver, et qui malgré toute sa bonne volonté, n’a pas pu réussir à changer les
choses. Ça en dit beaucoup sur l’époque, et ce refus de voir la vérité est
vraiment surprenant. Il nous pose la question de savoir comment nous réagirions
aussi dans pareil contexte, ou même actuellement si cela devait se produire à
nouveau.
Oui, parce que le livre parle de la Deuxième Guerre Mondiale,
ainsi qu’un petit peu de la Première, avec moins d’implication de la part du
narrateur étant donné qu’il était plus jeune. Au travers de ces confidences
écrites, nous pourrions presque prendre la température du monde international,
à la veille des conflits qui vont tout changer.
Et au niveau de l’intrigue principale ? La relation si
forte entre Luise et Noël, qui va doucement évoluer, est très touchante. Dès le
départ, Noël se pose en protecteur, et ses sentiments forts ne vont qu’augmenter
au fil des pages. J’ai beaucoup aimé sa délicatesse, sa fougue qu’il peine
parfois à réfréner et qu’il se reproche si cela a pu ralentir son rapprochement
avec Luise. De même, j’ai beaucoup aimé sa sensibilité à l’égard de sa famille,
et le fait qu’il ne laisse jamais tomber les siens, ni ne les juge. C’est une
très belle âme qu’on suit, je trouve !
Le roman aborde aussi de belles valeurs, comme l’absence de
jugement que je viens de mentionner, même si on peut constater que d’autres
personnages, eux, ne se gênent pas pour juger. C’est une belle peinture humaine
que l’on découvre dans ce style épistolaire peu courant mais fort. Il y a
évidemment cet amour si puissant qui ne cesse jamais, ce pardon qui revient, et
cette envie d’avancer malgré tout ce que l’adversité peut nous envoyer. Noël
est un personnage qui porte haut en couleurs l’honnêteté et l’envie de changer
les choses, de devenir acteur de sa vie et du présent.
Ah, et la plume ? Franche, juste, pudique. On ne dit
que le nécessaire, comme si, réellement, nous nous trouvions entre les pages d’un
journal intime touchant. De même, les thématiques difficiles sont abordées avec
beaucoup de délicatesse, même les plus difficiles et horribles liés à la
guerre. Pas d’étalage, juste les faits, et l’horreur qui transparaît. Un gros
plus, tout ça !
En conclusion, Noël en
décembre est une très belle histoire humaine, et pas seulement romantique. En
suivant Noël dans ses confidences, on vit beaucoup de choses, fortes et
condensées. Le ton est juste, pudique, mais prenant. On a envie de savoir la
fin, et on se laisse emporter dans l’intrigue jusqu’au bout, avec au passage de
belles valeurs et de beaux messages. Ce sera donc un 16/20 pour moi !
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