Jean-Fabien possède la
panoplie complète pour être heureux : un boulot épanouissant avec une chaise à
roulettes, une clef de douze, un pull en laine sans trou et un anonymat
confortable. Il a même plusieurs femmes à ses pieds – ou pas loin – et un ami
fidèle et proche (en tout cas plus proche du boulet que du canon, lui). Et
pourtant, ça le démange, il faut que ça bouge. Ou alors, il est allergique à la
laine. Mettre fin à son célibat serait une sorte de mouvement, se dit-il. Se
faire publier aussi, s’ajoute-t-il (car il est fort en addition). C’est qu’il
se pose beaucoup de questions mais obtient peu de réponse. Un héros moderne, en
somme (même si là, il ne s’agit plus d’addition). L’amour et l’écriture sont
les deux mamelles des nouvelles aventures de Jean-Fabien, loser sympathique en
roue libre, qui revisite le thème du nègre littéraire à travers ce troisième
ouvrage où l’on croisera des blondes, des rousses, pas beaucoup de lave-linges
à hublot, mais quand même un détective privé et quelques vampires égarés.
Vous allez vous demander ce que pareil livre faisait dans ma
PAL. Je l’avais gagné grâce à VendrediLecture ! Le résumé m’avait en plus
vraiment intriguée et emballée.
Comment je suis resté
inconnu nous parle de Jean-Fabien – oui, exactement, comme l’auteur – qui mène
une vie somme toute banale. Il a la fièvre d’écriture, travaille comme pigiste
dans un journal, mais… reste inconnu. Jusqu’au jour où il apprend que l’un de
ses écrits a été publié… mais pas sous son nom et sans qu’il le sache. Ah, et
qu’accessoirement, il faudrait qu’il écrive la suite. Tout ça, entre quelques
remous romantiques qui sont plus ou moins mêlés à cette histoire de publication
prolongeant dramatiquement son anonymat.
Vous aurez remarqué que mon style est beaucoup moins mordant
et surtout travaillé que celui qui vous est proposé dans la quatrième de
couverture. Personnellement, c’est lui qui m’a fait flasher sur le bouquin. Le titre
n’était pas non plus commun, comment ne pas avoir envie de se laisser tenter
une fois qu’il a eu atterri dans ma PAL ?
Sauf que… oui, il y a un sauf. Si j’ai retrouvé ce style
particulier à résonnance profondément humoristique tout au long du bouquin, je
vous avoue que l’histoire en elle-même m’a laissée un peu de marbre. Il y a des
moments où j’avançais, mais pour avancer. Par pour l’intrigue dont je ne voyais
pas la fin ou à laquelle je ne parvenais pas à accrocher. La fin qui nous est
proposée remet en perspective tout ce que l’on a lu juste avant, mais encore
faut-il que nous ayons envie d’arriver jusqu’à cette fin ! (je sais, c’est
dramatique d’avorter une lecture, j’en sais quelque chose, du côté auteure
comme lectrice !)
Je pense toutefois que c’est une histoire qui pourra plaire
à certains. Pour moi, c’était un peu plat, avec des situations cocasses qui
rythmaient le récit, essayaient de me remotiver… je ne me suis pas tellement
évadée. Alors certes, j’ai ri, de ce qui a pu lui arriver, des répliques
échangées, ou surtout de ses expressions et jeux de mots qui sont juste super. Faut
parfois s’arrêter un instant pour comprendre, mais ça vaut le coup !
Au niveau du personnage principal, j’ai apprécié
Jean-Fabien, qu’on arrive à cerner sans trop le faire. Il y a des côtés de sa
personnalité qui nous restent assez étrangers, je dois l’admettre, il me parait
en revanche tout à fait réaliste. Je suis sûre que je pourrais en croiser quelques-uns
du même acabit par chez moi !
De même, les autres personnages sont aussi assez réalistes,
même si certains de leurs traits sont grossis, accentués, histoire de nous
donner quelque chose d’assez… oui, cocasse ou sarcastique.
Ce que j’aurai moins apprécié tient à ce que parfois, même
si Jean-Fabien (le personnage) me plaisait bien dans son caractère, je le
trouvais un peu trop passif et prompt à la critique. Ça glissait presque sur la
méchanceté, parfois, c’est dommage. Puis, au niveau des valeurs morales… la fin
rattrape, pour la romantique que je suis, ce mélange de mœurs pas toujours très
reconnues dans nos sociétés. En même temps, nous avons affaire à un personnage
humain, dans une histoire sympa qui pourrait tout à fait être réelle, et non
pas à un héros ! C’est peut-être un des buts du roman, en fait :
avoir un anti-héros qui nous fasse rire, qui ait ses qualités et ses travers… à
l’instar de chacun d’entre nous.
La plume, je l’ai sous-entendue, voire carrément écrit, est
juste géniale. Le style est assez fluide, les remarques sarcastiques et l’humour
sont assez présents et… c’est chouette de lire une incompréhension masculine à
l’envers des femmes, tout en ayant affaire à un personnage mâle qui se met à
notre place, ou qui essaie, en tout cas. Ça donne un ensemble punchy, quand
même, qui en envoie, et j’ai tout à fait apprécié ceci !
De même que les extraits de chroniques ou de billets sont un
plus au bouquin. Les extraits de roman, pareil, même si parfois c’est un peu…
étrange. C’est surtout tellement drôle de lire les passages où Jean-Fabien
écrit ses fictions et qu’il s’arrête parce que quelque chose de son
environnement vient de le perturber… ça fait vécu !
En conclusion, ce roman est un roman que j’aurai apprécié,
une découverte assez sympathique pour moi. Même si la fin semble rattraper un
peu l’ensemble pour la romantique que je suis, et resterai manifestement, l’intrigue
en général m’a paru assez plate et fade. Je n’ai pas tellement voyagé, même si
j’aurai bien ri par rapport aux remarques qui peuvent émerger de la part du
personnage, ou par rapport aux situations dans lesquelles il peut se fourrer.
Jean-Fabien signe donc un ouvrage qui peut divertir, qui change assurément,
avec un personnage tout à fait réaliste, mais qui manque un peu de… de valeurs
à prôner, si on veut. Ça aura été quand même une lecture sympathique, j’en
retiendrai essentiellement ce style si particulier.
Ce sera un 14/20
pour moi !
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