Le dépliant
publicitaire montre une belle propriété posée au bord d'un étang. Un grand parc
de verdure, la campagne et les arbres autour... Ah ! les arbres...Tout est fait
pour plaire à Fernand sur ce prospectus; tout est fait pour qu'il se décide
enfin à s'arracher de la Salamandre et à sa charge de souvenirs... Alors, c'est
par un bel après-midi d'avril qu'il arrive au Perce-neige, la maison de retraite
dans laquelle il a décidé que le mènerait une dernière fois son chemin de vie.
Malgré un accueil chaleureux et les sourires du personnel, les choses ne
semblent pas aussi réjouissantes qu'elles en ont l'air vu de l'extérieur...
L'établissement est un trop-plein de souffreteux, de petits vieux presque
encombrants... Un endroit débordant de solitudes et d'abandons... Un mouroir
comme ils en existent beaucoup... un miroir dans lequel Fernand refuse de se
voir. Que faire alors ? Et si les choses finalement ne s'arrêtaient pas là,
juste là où elles semblent vouloir s'arrêter ?
Et si les petits vieux
décidaient de jouer les prolongations ?...
Je ne lis pas souvent des romans de ce type, mais la
gentillesse de l’auteur, le résumé, le titre et la couverture ont fait que j’avais
réellement envie de lui laisser sa chance. Et comme j’ai bien fait !
Ce roman est l’histoire de Fernand, un vieux bonhomme en
parfaite santé qui va décider de quitter la Salamandre (sa belle maison dans
laquelle il a vécu si longtemps) pour aller s’enfermer dans une maison de retraite
au doux nom de Perce-neige. La peur de la solitude et de la folie l’auront
poussé sur ce chemin, à dire vrai. Mais ce nouvel environnement pourrait bien
le pousser dans ses retranchements, d’autant que Fernand cherche à fuir son
passé, quelque chose qui est en lui… mais qui pourrait bien le rattraper et
changer totalement la situation de ceux qui peuvent l’entourer.
Lorsque j’ai commencé le roman, j’ai très vite remarqué que
la plume s’avérait poétique. C’est assez rare, en fait, et pour le coup, je me
perdais un peu au milieu de tous ces mots. Ça restait confus pour moi, comme si
l’auteur avait eu un peu de mal à faire prendre corps à son histoire. Mais j’ai
laissé filer, je sais bien que ça peut arriver et qu’avec un peu de chance, je
finirais par comprendre durant la suite. Je suis heureuse de ne pas m’être
trompée.
J’ai découvert un Fernand assez surprenant, un petit vieux
comme on en voit rarement, qui accepte de vieillir sans trop de plaintes et qui
fuit le médecin comme la peste. C’est un homme bon, imparfait mais foncièrement
bon et plein d’amour. Il porte beaucoup de choses, et j’ai vite compris ce qu’il
essayait de cacher, enfin, ce qui le parcourait et qu’il ne voulait plus
utiliser. Je dois avouer que j’ai une position assez tranchée sur ça, mais j’ai
quand même lu cette histoire avec beaucoup de plaisir parce qu’elle est très
douce, porteuse avant tout d’espoir et d’appel à l’amour.
Parce qu’au final, ce n’est pas seulement l’histoire de
Fernand. Fernand est le personnage central, mais il est la goutte d’huile qui
permet à la machine de se remettre en branle. Et le Perce-neige a réellement
besoin de lui, je peux vous le dire ! On suit à travers les yeux de cet
homme si particulier son arrivée et sa découverte dans cette maison. Ces petits
vieux qui se rendent malades de tristesse, de solitude et qui s’enferment sur
eux-mêmes… bon sang ! Je vous assure que ça sent le vécu et que c’est
aussi beau que douloureux.
On commence dans une situation quasiment désespérée, et…
tout va changer. Certainement pas du jour au lendemain, et c’est bien parce que
ça apporte du réalisme à l’ensemble ! Fernand
est un roman qui prend son temps, qui nous balade en nous faisant aussi évoluer
et qui nous fait réfléchir. Ça ouvre notre conscience sur bien des points…
notamment sur les soins et l’attention que nous consacrons à nos ancêtres
encore vivants.
En même temps, c’est un roman qui n’est pas un reproche :
on ne nous balance pas tout sur le coin du nez, on nous montre ce qui ne va
pas, tout en nous donnant envie de faire comme Fernand, de changer ce qui peut
encore l’être. Peut-être pas comme lui, mais si on se prend d’affection pour
lui et ses camarades, on comprend. Même sans ça, je crois que tout un chacun
peut tirer quelque chose de ce bouquin.
J’ai lu ce roman d’une traite parce que j’avais un long
moment d’attente, je pense toutefois qu’il serait plus agréable de prendre son
temps pour le savourer, qui plus est avec une mise en page adaptée (disons que
ma liseuse et moi avons failli entrer en conflit et heureusement, j’ai pu lire
comme je le voulais, même si ce n’était pas le must !).
Au niveau de la plume ? Si au départ elle est très
poétique, presque trop, elle devient plus naturelle et les dialogues apportent
vraiment de la légèreté au bouquin, c’est très appréciable. D’autant que le
réalisme est franchement de mise sur bien des points. L’écriture de Martial
Victorain est donc vraiment sympathique et elle vous emportera dans cette
petite histoire qui change mais qui ressemble un peu à un petit baume
tranquillisant.
En conclusion, Fernand,
un arc-en-ciel sous la lune est un chouette roman pour se détendre, pour
arriver à voir le monde un peu autrement. On suit Fernand, un petit vieux pas
comme les autres qui va faire sa mini-révolution au Perce-neige, sans être
épargné par les tourments de son âge et de toute personne, je crois. Teinté de
réalisme et parfois un peu de douleur, il s’agit d’un roman qui pourra vous
apporter une touche de douceur et de rêve, sans qu’on file sur du surnaturel. Et
même si j’ai une position assez récalcitrante par rapport à la pratique de
notre héros, son grand cœur et ses actions d’amour m’auront vraiment touchée. Même
la fin m’aura plu et ce n’était pas gagné !
Ce sera donc un 17/20
pour moi avec un grand merci à Martial Victorain !
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