En Georgie, en 1861,
Scarlett O'Hara est une jeune femme fière et volontaire de la haute société
sudiste. Courtisée par tous les bons partis du pays, elle n'a d'yeux que pour
Ashley Wilkes malgré ses fiançailles avec sa douce et timide cousine, Melanie
Hamilton. Scarlett est pourtant bien décidée à le faire changer d'avis, mais à
la réception des Douze Chênes c'est du cynique Rhett Butler qu'elle retient
l'attention. C'est alors que la guerre de Sécession éclate bouleversant leurs
vies à jamais...
Attention, c’est parti pour une chronique qui promet d’être
l’une des plus enflammées et des plus longues de ce blog. Préparez-vous, ça va
dépoter !
Autant en emporte le
vent, en rapide résumé, c’est l’histoire de Scarlett O’Hara, qui, dans la
Géorgie juste avant la guerre de Sécession, est amoureuse d’Ashley Wilkes, qui
va se marier avec une autre : Mélanie Hamilton. Mais Scarlett est têtue,
capricieuse : elle veut Ashley, et elle est bien décidée à lui montrer qu’elle
est la femme qu’il lui faut… sauf que ses efforts ne vont pas avoir les
conséquences prévues. Il va y avoir du Rhett Butler dans l’histoire, mais aussi
du Charles Hamilton et avec ça, la guerre va se jeter sur ces belles contrées
et sur l’insouciance de ces jeunes gens qui n’ont encore rien affronté.
Alors là, je vous fais un mini topo de la situation : j’ai
fini le roman il y a une vingtaine de minutes environ, et je suis encore dans
tous mes états. D’ailleurs, je suis dans tous mes états depuis environ 18h30 et
il est… 21h45. J’avais décidé de finir ce roman ce soir, sinon mon cœur allait
m’en vouloir longtemps encore.
Ce roman est un bouquin que j’ai trouvé d’occasion durant le
salon d’Echenevex (01) et en voyant cette belle édition de 1939, je me suis
laissée tenter. Permettez-moi d’admettre que je ne regrette pas du tout mon
achat, pour le nombre d’émotions qu’il a suscitées en moi, et pour le temps de
lecture que j’ai pu y passer (à savoir : quasiment dix jours, contre trois
en moyenne, normalement). J’admets aussi véritablement que ce roman est génial
et que j’ai été très vite embarquée pour ne jamais m’ennuyer entre ses pages.
Sauf que voilà, je me suis un peu fait prendre à mon propre
piège. Mh ? Les explications arrivent, pas de stress. C’est moi qui suis
proche de la crise de nerfs, là, en fait ! Je tiens aussi à préciser
maintenant que ce que je vais écrire dans tout cet avis n’est – comme d’habitude
– que mon opinion et qu’elle n’engage que moi. Peut-être serez-vous révoltés,
peut-être essayerez-vous de me faire changer d’avis, peut-être rigolerez-vous ?
Allez savoir ! Pour le moment, j’ai juste envie de poser touuuuut cet
immense ressenti sur mon clavier qui ne va pas tarder à fumer.
Quand j’ai commencé le bouquin, j’ai eu trois remarques
quasiment immédiates à faire : l’objet-livre était superbe, sentait bon le
vieux, mais il m’apparaissait bien fragile quand même. Il s’est avéré par la
suite qu’il l’était un peu moins, m’enfin. Ensuite, j’ai trouvé la plume de
Margaret Mitchell très fluide, agréable et très proche du lecteur, en style
narratif. Tout le long du roman, j’ai eu cette impression et je n’en ressors
que très satisfaite, de ce côté-là. Et enfin, j’ai fait la rencontre de
Scarlett, qui m’a parue… ô combien quiche et capricieuse.
Oui. Soyons honnêtes : l’histoire est géniale, mais j’ai
une envie de meurtre sur le personnage fictif de Scarlett. C’est la première
fois que ça m’arrive. C’est la première fois que je me dis qu’un héros peut
être aussi sournois, vénal, et que pourtant, je suis prise de compassion pour
cette femme qui n’a en fait rien compris à la vie et qui n’aura compris que
lorsqu’il aura été trop tard ce que nous, nous avions deviné depuis belle
lurette.
Attention, je vais partir dans une longue tirade sur les
qualités et les défauts de Mademoiselle. Vous avez le droit de sauter des
lignes si le cœur vous en dit.
Bon sang de bois ! Mais je n’ai jamais rencontré une
femme aussi vénale, peu soucieuse des autres, des convenances et surtout
parfois aussi stupide ! Mais quelle quiche ! C’est exactement le mot
qui lui correspond : quiche ! Et pourtant, elle est forte, brave,
intelligente, têtue (oui, c’est une qualité), pleine de ressources et elle a
tout pour susciter l’admiration ! Sauf qu’au moment même où on commence à
se dire « ah, voilà, je l’aime bien, là, je crois que je pourrais bien l’apprécier
pour de vrai », BAM ! Elle plante un couteau dans le dos de quelqu’un
et vous tord les nerfs parce que son comportement est juste… kssss ! J’en
perds les mots.
Pour être honnête, je spoilerais bien une partie du roman,
là, mais je n’en ferai rien. Disons simplement qu’une femme qui est capable d’épouser
quelqu’un pour son argent de façon consciente, en le volant à quelqu’un, ou
agissant exprès pour faire le mal par simple vengeance… non, vraiment, il y a
des moments où Scarlett m’a filé des envies de duel à l’épée sans protection. Bon,
peut-être pas, mais j’en ai poussé, des rugissements ! J’ai même soulé ma
mère et mon frère (surtout mon frère, qui ne s’est pas gêné pour me le faire
remarquer) avec ça !
Et néanmoins, j’ai continué à lire. Avec ardeur, avec envie,
parce que je ne pouvais pas détester complètement Scarlett. Il y avait quelque
chose de bien trop humain en elle, elle était un mélange bien trop complexe d’émotions,
d’égoïsmes et de quelque chose que j’ai du mal à qualifier, pour que je laisse
tomber. J’avais envie de savoir comment son histoire allait se terminer. Je
rêvais d’une fin heureuse pour elle, où Ashley Wilkes n’aurait pas sa place.
Oui, parce qu’à force de côtoyer certains personnages, j’en suis venue à en
aimer ou en détester certains.
Prenons Mélanie Hamilton : elle est la perle du roman.
C’est vrai ! Parfois, elle vous paraît niaise au possible, et pourtant,
elle représente une lumière dans le bouquin ! Elle peut apparaître sous un
jour atténué, puisqu’en tant que lecteur, nous suivons les pensées de Scarlett
qui ne la porte pas en odeur de sainteté. Et pourtant ! Elle est bien la
véritable héroïne de ce roman, si vous voulez. Le héros, c’est elle. La
protagoniste, c’est Scarlett (que je ne déteste pas, mais qui met
définitivement mes nerfs à rude épreuve, même maintenant le livre refermé).
Ensuite, il y a Ashley Wilkes. Comment vous dire qu’il n’a
pas eu ma sympathie. Enfin, si ! Mais comme époux de Mélanie. Je le
trouvais parfait en ami, mais zut, j’en avais assez de le voir porté aux nues !
J’ai éprouvé une certaine affection pour lui, mais je l’ai trouvé trop rêveur,
trop doux, trop… plat et mou. Voilà. J’avais envie de le secouer, même si j’ai
fortement approuvé le fait qu’il ne cède pas à Scarlett (quand même ! Bon
gars !).
Je pourrais aussi parler de Rhett, qui est un autre
personnage phare du roman. Alors je suis dans l’incapacité de dire qu’il m’a
tout à fait plu. Certains de ses comportements m’ont fait tiquer, de même que
ses réflexions, et pourtant, c’est un peu pour lui que j’ai craqué. Il y avait
quelque chose d’insaisissable en lui, et autre chose que l’on devinait
parfaitement et qui le liait à Scarlett. Il m’a beaucoup touchée et j’avoue qu’à
la place d’Ashley, je le voyais très bien.
À ce point de ma chronique (déjà fort longue), je précise
que mes idées n’ont pas forcément à voir avec la fin du livre qui m’a d’ailleurs
passablement contrariée. Vous ne saurez pas forcément comment ça se termine !
En revanche, je peux vous assurer que j’ai été frustrée de
voir la conclusion. J’étais un peu comme mes élèves des répétitoires (ou cours
particuliers, mais en Suisse) qui, arrivant à la fin d’une équation pour
trouver un chiffre simple, me disent « tout ça pour ça ? ». J’ai
lu ces 700 pages pour ça ? Non, mais vraiment ? Arnaque ! J’suis
pas d’accord ! Et Scarlett qui n’a rien compris. Et c’est peut-être
rassurant. On a envie d’y croire. Et de la secouer en même temps, parce qu’elle
n’a rien compris, zut !
Rassurez-vous, je sais bien que le voyage vaut plus que la
destination. Rares ont été les romans à me faire autant réagir, donc je suis
heureuse de ma lecture. Très frustrée, mais très heureuse aussi.
Parce que oui, si Scarlett m’a profondément agacée et qu’elle
a suscité bon nombre de mes remarques, il n’en reste pas moins que j’ai appris
énormément de choses, durant ma lecture. Je ne connais au final que peu de l’histoire
états-unienne, et en découvrir plus sur la Guerre de Sécession n’a pas été pour
me déplaire. Le contexte n’était pas facile, les conditions de vie peu
évidente, et j’ai été soufflée de voir comment ça se passait ensuite. C’était
pas facile. Je trouve que Margaret Mitchell a fait un très bon travail pour
introduire son intrigue. Le tout m’a fascinée !
De même, en me faisant réagir, ses héros m’ont appris
sûrement plein de choses. Comme le fait qu’il ne faut pas remettre à demain l’envie
de se racheter auprès de ceux que l’on aime, ou que l’on apprécie simplement. Il
ne faut pas attendre pour leur dire qu’on les aime, il ne faut pas non plus se
marier sans amour… même si à l’époque, ce n’était pas comparable à aujourd’hui.
Il y a tellement de choses qui m’auront fait réfléchir et qui le feront encore
par la suite, j’en suis persuadée.
Scarlett n’en reste pas moins une quiche que j’ai apprécié
suivre. Je sais que résumé comme ça, c’est comique. C’est pourtant la pure
vérité ! Je suis incapable de la détester, et pourtant je lui aurais bien
expliqué ma façon de penser. J’ai réprouvé ses choix, éprouvé de la pitié à son
encontre, j’ai espéré beaucoup de choses pour elle, surtout du bonheur. Pourquoi ?
Parce que je pense qu’en chacun de nous sommeille une partie du caractère de
Scarlett. Cette femme possède un peu tout de façon prononcée, et son goût pour
l’argent est effrayant, bien qu’on puisse foncièrement le comprendre au départ.
Elle est exaspérante et elle participe parfois à sa propre déchéance, c’est un
fait, mais son histoire soulève des passions, c’est le cas de le dire.
Fichtre, j’en suis déjà à la 4ème page word pour
cette chronique : un record ! Il fallait cependant bien ça pour
parler du roman qui m’aura le plus tenu en haleine depuis un moment, un de ceux
que j’aurai mis le plus de temps à lire parce que c’est un bon gros condensé. C’est
une véritable épopée et je ne me suis pas du tout ennuyée. J’avais un peu
anticipé la fin, mais je ne voulais pas y croire, ceci dit, peut-être que dans
quelques temps, quand la pression sera enfin retombée, je parviendrai à l’accepter
à sa juste valeur.
En attendant, je peux juste dire « ouf ! Fini ! »,
parce que mes nerfs n’allaient pas tenir encore une journée. J’ai énormément
aimé l’histoire d’Autant en emporte le
vent, mais je ne pourrai pas supporter une seconde fois Scarlett avant un
certain temps. J’ai beaucoup de griefs contre elle, malgré une affection
sincère.
Vous pensez que je suis dingue ? Oh, ma foi, c’est bien
possible. Cette histoire m’a transportée, encore une fois, même si j’en aurais
hurlé et récriminé bien des fois. Scarlett restera une quiche, pour moi,
vraiment ! Elle est tyrannique, bornée, capricieuse, vénale, et bien des
fois inconsciente ou insensible. Elle n’en reste pas moins humaine.
Et… je crois que je vais m’arrêter là (je vous entends déjà
crier « ouf », si vous avez tenu jusque là !).
En conclusion, Autant
en emporte le vent aura été une véritable surprise pour moi. Je ne m’attendais
pas à une telle lecture, aussi prenante et capable de me faire autant réagir
sans que je n’éprouve d’ennui à un moment ou à un autre, au vu de sa longueur.
Et pour être honnête, je ne m’attendais pas non plus à Scarlett O’Hara, qui
restera définitivement dans mon esprit sous le qualificatif de « quiche »,
voire plus méchant selon les situations (gourgandine lui seyant assez bien,
alors). Au milieu d’un contexte que je connaissais pas encore, j’ai suivi ses
aventures, espéré beaucoup de choses et apprécié mon voyage auprès de ces
nombreux personnages dont certains m’ont plus touchée que d’autres. La plume de
Margaret Mitchell était un ravissement (on pourra parler aussi de la traduction
dans la même veine), et je peux vous dire que si nos contemporains sont
sadiques, elle n’avait déjà rien à envier à personne à son époque !
Je crois qu’un jour, il faudrait lire cette histoire. J’en
ressors fière, en tout cas. J’aurai lu une bonne brique et j’aurai écrit une
méga tartine dessus. Bref… Autant en emporte le vent, c’est une
histoire de brique, de quiche, de mou, et… ça en devient prodigieusement
comique et je m’arrêterai là. Ce sera un 18/20
pour moi, malgré tous mes déboires avec Scarlett !
Rien qu'à voir comment tu es aussi survolté en parlant de ce livre, ça donne envie quand même !
RépondreSupprimerJ'ai adoré lire ta chronique. Je comprend toute à fait ce que tu dit sur Scarlette, pour moi c'est plus un peste qu'un quiche mais les deux qualificatifs se valent. Malgré tous je ne pouvais empercher de souhaité qu'elle réussisse. Et cette fin ... je suis d'accord que quant le livre se finit je me suis mis à tourner les dernière pages blanche du livre en me demandant si il ne manquait pas un chapitre. Mais en prenant du recul (j'ai lu ce livre il y a plusieurs années) je trouve cette fin superbe.
RépondreSupprimerEn tous cas merci pour ta chronique qui m'a fait bien rire :)