« Louez un
faire-valoir, vous en deviendrez d'emblée plus attirante. »
Lorsque Maude Pichon
s'enfuit de sa Bretagne natale pour échapper à un mariage dont elle ne veut
pas, elle monte à Paris, ville-lumière en ébullition à la veille de
l'exposition universelle de 1889. Hélas, ses illusions romantiques s'y
évanouissent aussi rapidement que ses maigres économies. Elle est désespérément
à la recherche d'un emploi quand elle tombe sur une petite annonce inhabituelle
: « On demande de jeunes filles laides pour faire un ouvrage facile. » L'Agence
Durandeau propose en effet à ses clients un service unique en son genre : le
repoussoir. Son slogan ? « Louez un faire-valoir, vous en deviendrez
d'emblée plus attirante. » Étranglée par la misère, Maude postule…
Voici donc ma première lecture du butin que j’avais ramené
de la kermesse de ma paroisse ! Et je suis bien contente, parce que cette
lecture a été franchement agréable !
Belle Époque, c’est
l’histoire de Maude qui a fui une vie dont elle n’était pas maîtresse pour
rejoindre Paris et ainsi réaliser ses rêves. Mais voilà, Paris est difficile,
le boulot est ingrat et Maude ne parvient pas à sortir la tête de l’eau… alors
elle va postuler pour une petite annonce qui demande des jeunes filles laides
pour un travail facile. Sa tâche consistera à mettre en valeur sa cliente, elle
qui n’est que quelconque et discrète. Elle deviendra donc « repoussoir »…
mais tiendra-t-elle selon les exigences de l’agence ? Ou laissera-t-elle
sa conscience prendre le dessus ?
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec ce livre, il me
souvenait avoir lu des chroniques pas très positives, des avis déçus… eh bien,
personnellement, j’ai totalement adhéré ! L’univers est assez dur, mais le
contexte est… enchanteur. Ce Paris de l’Exposition Universelle me fascine
toujours autant et de trouver une histoire qui mette en scène de l’immoralité
et un besoin de se fier à sa conscience et de suivre ses rêves… mais comment
aurais-je pu ne pas aimer ?
Alors comme vous le voyez, les sentiments et le travail de
conscience sont très présents dans l’intrigue, et amenés de façon très
pertinente, très juste et réaliste. Parce que Maude n’est pas parfaite, et on
voit parfaitement le chemin que ses pensées emprunte, jusqu’à s’égarer pour se
retrouver sur les dernières pages. Et cette humilité qui se bat avec l’orgueil
m’a beaucoup fascinée ! Que ce soit chez Maude ou chez ses compagnes de l’agence
Durandeau, pour être honnête. On constate une réelle évolution chez chacune, c’est
superbe !
Je peux aussi vous parler des personnages qui sont tous très
bien étoffés, et il en va de même pour les relations qui les lient. L’amitié et
la franchise ont une place très importante dans le roman, de même que l’estime
de soi. Maude a son caractère, encore influençable pour son âge, et toutefois
déterminé malgré tout. Marie-José, sa meilleure amie, est joyeuse, réaliste et
elle représente un vrai rayon de soleil dans ce roman. Il en va de même pour
Isabelle, la cliente de Maude, qui fait office de jeune fille du monde qui veut
absolument faire des études et qui se passionne pour la science. Paul, l’artiste
bohème qui veut percer, aussi, est super sympathique et touchant. En revanche,
Durandeau est un vrai… un vrai scélérat ! Quel profiteur sans âme…
Bref, comme vous le voyez, Elizabeth Ross a su étoffer ses
personnages et leurs réactions pour que nous ne puissions pas rester
indifférents à leur sort. Avec tout ça, l’intrigue va à un rythme tranquille
sans que nous nous ennuyions. Une saison entière se passe, pendant laquelle la
tension monte, et on a peur de ce qu’on va lire dans les dernières pages :
comment va se terminer l’histoire pour Maude ?
J’ai été très contente de voir que la fin n’était pas celle
que j’attendais. C’était une percée vers la lumière, l’espoir et les rêves que
l’on voudrait accomplir. Dans ce Paris orgueilleux, on retombe dans l’humilité,
au moins pour un temps. Les valeurs morales sont donc bien présentes, sans pour
autant nous heurter. C’est une historie de soumission et de rébellion, aussi,
quelque part !
Au niveau de la plume, je l’ai trouvée juste. Il y a des
phrases plus percutantes que d’autres, qui nous inquiètent parfois pour l’évolution
du caractère de Maude, et d’autres qui, à l’opposée, nous détendent. Ce sont
dans ces moments que l’on constate que l’auteur joue avec nos nerfs à petites
touches.
Avant de passer à la conclusion, je voulais aussi parler du
contexte parisien. Il faut indiquer ici que l’on s’y croirait, dans ces rues
alors que Maude s’y ballade, au Louvre, en bas de la Tour Eiffel en
construction et au milieu du bruit et des remarques qu’elle provoque !
Dire qu’ils voulaient la raser et non pas la garder… on en apprend beaucoup !
De même, on voit la place des femmes, à l’époque, les mœurs de la bourgeoisie
et j’ai aussi énormément apprécié le côté photographie du roman. Très enrichissant !
En fin de compte, Belle
Époque a été une excellente découverte pour moi. J’ai plongé dans une
intrigue inattendue, originale même si elle était basée sur une nouvelle de
Zola que je ne connaissais d’ailleurs pas, mais qui a été très agréable à lire
à la suite du roman. Maude est une héroïne forte dans ses convictions, même si
on sent qu’elle peut se laisser influencer durant le roman. Son évolution est
très intéressante et fascinante, et les caractères uniques qui l’environnent de
rendent le voyage que plus agréable ! Elizabeth Ross nous embarque et joue
avec nos émotions, tout en nous présentant un contexte riche qui nous fait tous
rêver malgré ses défauts : le Paris de l’Exposition Universelle… que
demander de plus ?
Ce sera donc un 17/20
et je vous le recommande chaudement !
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