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mercredi 9 août 2017

Comme si c'était toi (Mhairi McFarlane)

Au lycée, Anna était grosse, laide et terriblement mal dans sa peau. À trente ans, l’époque où elle était le souffre-douleur de son bahut, et de James en particulier, lui semble déjà loin : elle est belle, elle a un boulot de rêve, et la vie lui sourit. Mais le destin nous réserve parfois d’étranges surprises, et l’homme qui lui a infligé la pire humiliation de sa vie refait surface. Contre toute attente, James est devenu prévenant, drôle, spirituel… et il n’est pas insensible au charme de la ravissante jeune femme avec laquelle il organise une exposition. Il n’a pas reconnu en elle celle dont tout le monde se moquait dix ans plus tôt. Profondément troublée par ces retrouvailles inattendues, Anna est prête à tout pour ne pas retomber amoureuse de son amour de jeunesse…

Parlons donc d’une romance que je pensais apprécier, mais qui m’a fait bien rire et m’a assez surprise !

Comme si c’était toi nous propose de suivre Anna, une historienne qui essaie de guérir de son passé. Anciennement Aureliana, elle a vécu une adolescence traumatisante avec un surpoids conséquent, un goût vestimentaire plus que passable, et est devenue le bouc émissaire de tout le bahut. Celui qu’elle aimait en secret, James, l’a publiquement ridiculisée en fin de scolarité, la blessant au plus profond de son être. Et voilà que bien des années plus tard, leurs chemins se recroisent dans un cadre professionnel. Elle a tant changé qu’il ne la reconnaît pas. Qu’est-ce que l’avenir leur réserve ?

J’avais bien aimé C’est pas moi, c’est toi, de Mhairi McFarlane. Comme si c’était toi était dans ma wish depuis un bye, et il me faisait envie. La GrossOp a été pour moi une aubaine de me plonger dans une romance que j’étais sûre d’apprécier ! Pourtant, le registre est totalement différent : si j’ai retrouvé la douceur de plume de Mhairi McFarlane, j’ai aimé voir que le paysage émotionnel et de l’intrigue était différent.

Ici, nous découvrons Anna, qui a véritablement souffert de sa période adolescente, et le lecteur la prend très vite en sympathie. Physiquement, elle a beaucoup changé, mais garde cette amertume, cette méfiance propre à ceux qui ont été violemment blessés plus jeunes. Elle cherche l’homme de sa vie, écumant les rencontres via internet, et on ne peut pas dire qu’elle tombe sur des princes. Jusqu’au jour où surgit sur son terrain professionnel un fantôme de son passé… James. Le tout est de savoir si Anna saura aller de l’avant, et saura-t-elle lui dire un jour tout le mal qu’il lui a fait ?

Franchement, ce n’est que le deuxième roman que je lis de cette autrice, mais je suis très admirative de sa capacité à cerner les caractères et les problématiques de ses personnages. Il est évident que la situation est plus que complexe pour James et Anna. Il y a un énorme nœud à résoudre au milieu, et cela va prendre du temps, de nombreuses étapes, bref, c’est un truc difficile, et Mhairi McFarlane réussit très bien à le traiter.

Dès le début du roman, on éprouve de la sympathie pour les deux personnages. Bien sûr, on reste sur nos gardes avec James, sachant ce qu’il a fait à Anna. Mais plus on avance, et plus on apprécie de les voir se retrouver, se confronter, parce que chacun a bien changé depuis le lycée. La reconstruction de chacun (parce que James vit des épreuves, aussi) nous les rend plus proches, humains, sensibles. J’ai beaucoup aimé ça. Parce que la relation n’est pas immédiatement une relation amoureuse, mais d’abord celle d’une amitié qui peine à se construire, et celle d’un pardon qui devra être accordé, mais qui lutte pour trouver son chemin. Il y a beaucoup de choses, dans ce roman.

L’intrigue, comme vous vous en doutez, est très bien développée. Elle prend son temps sans ennuyer le lecteur, parce qu’elle le prend à part dans l’identité et le chemin de chaque personnage. Nous découvrons les horizons professionnels d’Anna et James, leurs difficultés de vie quotidiennes, et ensuite, les tâtonnements de leur amitié. Mhairi McFarlane joue sur la subtilité, la plupart du temps.

Pour autant, il y a les nœuds, et les scènes d’explosion, de révélation tiennent le lecteur en haleine. Parce que forcément, il faut que ça arrive, et que tout semble réaliste. C’est pas facile, ça blesse, ça demande du recul, et là aussi, ça prend du temps. Rien n’est évident, dans cette histoire, sauf que justement, ça ne l’est pas. Comprenez que la seule chose qu’on sait, c’est qu’on ne sait pas comment ça va finir.

Avec ça, tout au long du roman, l’autrice nous balance des répliques amusantes, des références plus que sympathiques, qui forment un amalgame très frais, pour une romance un peu différente. On ne se presse pas, on n’est pas dans un truc addictif avec des scènes osées (loin de là), on est vraiment dans la rencontre de deux êtres qui ont un passif qu’il va falloir résoudre. La dynamique du roman est très intéressante, et avec cet humour, on a envie de faire défiler les pages. La plume est très douce, encore une fois, le réalisme est touchant, certains personnages sont horripilants, bref… on s’y croit.

Concernant les valeurs, j’ai énormément apprécié le message de miséricorde qui se dévoile au fil du roman. Pardonner, c’est pas facile, mais Anna va devoir le faire, et son chemin est magnifique à observer. Douloureux, aussi, parfois. Mais beau. Le pardon, c’est aussi celui qu’on se donne quand on prend conscience des erreurs que l’on a faites, et du mal qu’on a pu faire. James est un personnage que beaucoup apprécieront pour ça, parce qu’il est très humain, dans son repenti, et sincère. On fait face, dans cette intrigue, à des principes justes, forts, et qui seuls permettent de nous faire avancer, de nous construire : miséricorde (pardon, donc), honnêteté, souci de l’autre, amour, amitié… je pourrais vous en sortir tellement. La délicatesse de cette histoire est vraiment à découvrir !

En conclusion, je ne peux que vous conseiller Comme si c’était toi. Il a été une très belle surprise par les rires qu’il a déclenchés, par la délicatesse de ses valeurs et de son intrigue. Nous suivons deux personnes qui ont un gros nœud à résoudre, deux chemins qui se recroisent et qui vont apprendre à se côtoyer (et plus, si affinités !) doucement, tout en tenant le lecteur en haleine. C’est pas un roman addictif, mais véritablement un roman à lire, une romance touchante, qui change de nos lignes directrices habituelles, mais qu’est-ce que ça fait du bien ! Ce sera un 18/20 pour moi !

dimanche 6 août 2017

La Perle et la Coquille (Nadia Hashimi)

Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses soeurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d'une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.

Avant de me retrouver encore avec beaucoup trop de chroniques dans les pattes, je vais essayer de rédiger celle-ci !

La Perle et la Coquille raconte l’histoire de Rahima, une jeune fille qui vit en Afghanistan, au milieu de ses 4 sœurs. La vie est difficile, le pays est en guerre, et être une fille, une femme dans ce contexte est loin d’être évident. Alors un jour, Rahima va être déguisée en garçon, pour aider sa famille au quotidien. Elle vivra ainsi plusieurs années, jusqu’à ce qu’elle doive redevenir femme aux yeux du monde, et qu’elle continue le chemin qu’on lui aura tracé. Heureusement pour elle, l’histoire de son ancêtre Shekiba, une femme forte, la suivra tout au long de sa propre existence, pour l’aider à avancer malgré les épreuves.

J’ai profité du fait que ce roman ait été gratuit pendant trois jours sur toutes les plateformes pour le télécharger, et je dois clairement avouer que je ne m’attendais pas à autant apprécier ! Il figurait dans ma wish-list depuis longtemps, comme un livre différent, mais auquel on ne s’attarderait pas immédiatement. Du moins, c’était mon cas. Et je peux être un peu bobette, pour ça !

En ouvrant le roman, nous sommes directement plongés dans une autre ambiance : celle de l’Afghanistan. Bien loin de notre culture, de nos coutumes, Rahima vit dans un quotidien qui n’a rien de facile. Elle va pourtant avoir la chance d’être une bacha posh, avant de brutalement quitter sa famille, contre son gré. Et alors que le lecteur voit Rahima grandir, évoluer, il contemple aussi l’histoire peu commune de Shekiba, cette femme qui sembla vivre plusieurs vies en une.

Très vite, on fait face à un autre univers que le nôtre. Les règles ne sont pas les mêmes, la considération des femmes est totalement différente, et l’adaptation est assez difficile. Nous, occidentaux, on a envie de remuer tout ça, mais nous sommes spectateurs, et heureusement pour nous, Nadia Hashimi possède dans sa plume, dans sa narration, une douceur qui nous permet de suivre tout ça sans que cela devienne un calvaire.

Il va m’être difficile d’ordonner mes idées comme d’habitude, pour cette chronique. Je vais parler des personnages. Rahima et Shekiba sont semblables de bien des manières, même si elles vivent des évènements différents et qu’elles n’ont pas du tout reçu les mêmes cartes au début de leur vie. Shekiba est considérée comme un poids mort, une malédiction, puisqu’elle a été défigurée très jeune. Cela ne l’empêchera pas de vivre une vie unique, mais ô combien parsemée d’épreuves. Rahima, elle, fera face à la cruauté des hommes, à son impuissance à agir en tant que femme… avant de prendre sa vie en mains. Toutes deux témoignent d’une force de caractère qui ne pourra qu’ébranler le lecteur. Impossible de ne pas compatir et de ne pas s’attacher à elles !

J’en viens au point qui m’a le plus marquée dans ma lecture : les contrastes. En effet, le roman est à la fois d’une douceur peu commune, tout en relatant des épisodes qui portent en eux beaucoup d’injustice et de douleur. C’est à la fois lumineux et obscur, doux et tranchant, avec une amertume qui se ressent sur la fin, alors que perce la saveur de l’espoir. Ce roman ne peut pas laisser le lecteur indifférent. La délicatesse dont Nadia Hashimi fait preuve traverse nos barrières, et on voyage, on vit tout aux côtés de ces deux femmes époustouflantes.

Le rythme du bouquin est bercé par les deux histoires conjointes de Rahima et Shekiba, ordonnées de façon à ce qu’elles se répondent, se complètent. On est aussi pris par le quotidien de Rahima, que par cette fameuse ancêtre qui l’inspire tant. D’ailleurs, ne vous attendez pas à une merveilleuse happy end, mais plutôt à un duo qui témoignera de la force de vie des femmes, et de leur pouvoir de changement. C’est beaucoup plus subtil, et je pense qu’une fin dégoulinante et heureuse n’aurait pas permis de faire réfléchir de la même manière. Attention, je ne dis pas que ça se finit mal, hein.

Comme je l’ai dit plus haut, la plume de Nadia Hashimi est très douce, délicate et pourtant, elle sait dresser des situations qui sont rudes. On a envie de se révolter, on partage la douleur de ces femmes, on compatit et on se dit, comme elle, que malheureusement, si c’est de la fiction, ça résonne encore avec certaines existences présentes ou passées. On en apprend beaucoup, et on a envie d’en apprendre plus, on a envie de découvrir d’autres romans de cette autrice.

Au niveau des valeurs, je vous ai déjà mentionné la force de caractère de Rahima et Shekiba. Elles traversent des épreuves couronnées d’injustice, mais restent maîtresses de leur avenir. Cela demande des sacrifices, et parfois, leurs espoirs et leurs tentatives n’aboutissent pas. Mais elles essaient, et c’est ça qui importe. De plus, à voir les traitements qui leurs sont infligés, je peux vous dire qu’on y réfléchit à deux fois sur la manière dont on considère les autres. On a envie ensuite de faire le bien, autour de nous, pour que jamais nous ne fassions subir ce qu’elles ont vécu, ou même s’en approcher un peu. On a envie de changer le monde déjà autour de nous.

En conclusion, La Perle et la Coquille est un roman très touchant qui nous parle de deux femmes fortes en Afghanistan. À deux époques différentes, elles se ressemblent pourtant dans la traversée de leurs épreuves, et elles nous apprennent beaucoup sur la culture de ce pays. Nadia Hashimi réussit à nous livrer un récit rythmé par ces histoires qui se complètent, avec une douceur et une délicatesse incroyable. Ça fait réfléchir et ça nous pousse à faire le bien, autour de nous. C’est vraiment un roman à lire, et je pense que je me pencherai sur ses autres bouquins. Je vous le conseille ! Ce sera un 18/20 pour moi !

dimanche 23 juillet 2017

Bad Romance (Céline Mancellon)

Tome 1

Le jour – ou plutôt la nuit – où Chris rencontre Kate, ça ne se passe pas vraiment dans les règles de l’art. Lui a beaucoup trop bu et s’est trompé de tente, et elle, furieuse, le menace carrément. Chris n’est pourtant pas vraiment le genre de mec à qui on cherche des emmerdes. D’ailleurs, lui et son mode de vie de bad boy représentent tout ce que Kate tente d’éviter : les problèmes, elle en a déjà assez avec la mort de sa mère et la responsabilité de sa petite sœur sur les bras. Mais c’est compter sans l’étrange attirance qu’ils ont immédiatement l’un pour l’autre, presque à leur corps défendant...

Parlons donc un peu d’une romance qui m’avait intriguée par son succès et son résumé, qui m’a au final vraiment surprise !

Kate est une jeune femme à qui la vie n’a pas forcément souri : occupée de s’occuper de sa petite sœur depuis le décès de sa mère, elle enchaîne les petits boulots sans chercher à voir plus loin. Lorsqu’elles filent en camping pour les vacances, elle est loin d’imaginer que sa rencontre assez épique avec Chris va complètement changer sa vie. Il est impétueux, bourré de défauts, infréquentable… et plein d’autres choses. Mais il pourrait bien être plus que cela, et elle pourrait bien lui apporter ce qui lui manque…

Quand j’ai vu le résumé de cette histoire et les avis plus que positifs dessus, je me suis fait la remarque que ça devait être une jolie romance, voire même plus. J’étais intriguée, un peu méfiante (comme toujours quand les gens aiment trop un roman), mais rien ne m’avait préparée à ce que j’allais lire.

Nous faisons la rencontre de Kate et Chris. Rencontre explosive et atypique entre deux caractères forts, chacun à leur manière. Attirance, proximité qui augmente… sentiments qui éclosent… et badaboum, les problèmes prennent consistance. Sauf que là, les problèmes que nous rencontrons ont une teneur assez particulière. Déjà, Chris fait vraiment partie de la catégorie « à ne surtout pas fréquenter, jamais de la vie, rentre chez toi ce sera vachement mieux », pas par choix, mais par obligation. Kate, elle, essaie de mener une vie droite, mais elle possède des liens dans son passé qui pourraient les freiner avec sa sœur. Mais par-dessus ça, le lecteur va découvrir un problème de taille et assez peu courant, qui va totalement transformer la relation que nous suivons.

Non, non, je ne dirai rien. Juste que ce point, abordant un passage difficile, un côté psychologique plus poussé, rare et compliqué, m’a franchement épatée. La dynamique du roman en devient toute autre, de même que la romance, qui gagne d’un seul coup en profondeur. Ce n’est plus seulement une histoire d’amour. C’est bien plus ! On sort du classique, il y a autre chose avec ! De fait, la richesse est au rendez-vous, et c’est ça qui pour moi est la petite note tip top du roman. En dehors de ça, le schéma reste assez  classique : un bad boy, une fille pas si sage mais qui se bat… on connaît. Mais pas comme ça.

Kate et Chris ont tous les deux de fichus caractères, que le lecteur appréciera de suivre. Chacun possède de nombreuses facettes qui se dévoilent au fur et à mesure de la lecture. Leurs répliques sont amusantes, même si elles relèvent souvent d’un langage un peu trop fleuri pour ma part. Ça fait partie de la dynamique du roman, aussi, et ça ajoute une sorte de réalisme appréciable aussi.

Le rythme du roman est prenant : tout monte en puissance avant d’éclater, et le lecteur ne redescend pas niveau tension après cet éclat. Non, pour une fois, tout retombe au dénouement, tranquillement. Céline Mancellon a décidé de faire redescendre la pression doucement, en pinçant sur les cordes nerveuses de ses lecteurs. Elle s’en sort plutôt bien, il faut l’avouer. Vous trouverez dans ce bouquin l’addiction propre aux romances, qui est presque un peu trop forte, ici, mais rondement menée. J’ai aimé la tournure plus calme que prend la fin du bouquin. J’aime mieux, même.

La plume de Céline Mancellon est très vive, elle sait faire affleurer les ressentis de ses personnages pour que le lecteur soit lui aussi à vif. Elle possède ce talent de narrer à la fois en homme et en femme, attribuant à chacun son caractère, modulant sa plume en fonction de chacun. C’est précieux ! Et ça rend, de fait, le récit plus vivant, plus accrocheur. On sent de même le travail, derrière, la recherche. Le livre repose sur de bonnes bases.

Niveau valeurs ? C’est une histoire d’amour, alors forcément, je vais vous dire que l’amour est au centre et peut tout surmonter. Mais je vais aussi vous dire que là, l’amour demande de la patience, du courage, qu’il peut être douloureux, mais que s’il est véritable, il durera. Le pardon est présent, l’humilité aussi, ainsi que le respect de l’autre, dans ses choix, même si la douleur est forte. Tout est très dense, en fait, et c’est beau.

En conclusion, Bad Romance aura été une chouette découverte pour moi. Si la romance n’est pas un coup de cœur, elle représente une sacrée surprise par la touche novatrice qu’elle aborde, par la profondeur que cela engendre dans la relation. Céline Mancellon a joué un bel atout, et elle nous a offert une romance qui sort des sentiers battus, en reprenant des codes que nous connaissons. Ses personnages sont forts, les répliques fusent, et leur histoire est addictive. Au final, c’est dense et plutôt beau. Si vous ne l’avez pas encore lu, n’hésitez plus ! Ce sera un 17/20 pour moi !