La Pucelle de Diable-Vert (Paul Beorn)

Livre 1 : La Perle et l'Enfant

Jéhanne est une rouge, un soldat du Bailli, et ses origines plutôt modestes lui valent de s'appuyer sur un solide bon sens.
C'est peut-être ce même bon sens qui la rend si peu sensible à la magie, alors que celle-ci semble envahir le Royaume. Tout le monde veut aller à Diable-Vert, cette cité pauvre des confins destinée il y a peu à un oubli complet. Lorsqu'on lui commande d'aller enquêter sur la nature du mystérieux phénomène, Jehanne se retrouve plongée au coeur d'une situation qui la dépasse. Dans un monde en guerre où les hommes semblent devenus fous, elle n'a pour garder les pieds sur terre que sa morale simple, une perle aussi bavarde qu'impertinente à son oreille et un bébé dans les langes qui attire d'étranges convoitises.

Ouhla, ouhla, et même ouhlalalalalala!

Quel retard j'ai dans mes chroniques, ce mois-ci!

Bon, allons-y, rattrapons donc ce retard et commençons avec un livre presque coup de coeur, un livre qui m'a énormément surprise, que j'avais trouvé à la kermesse de ma paroisse. (on y trouve de tout, c'est impressionnant!)

J'avais trouvé la couverture bien attrayante, le résumé aussi, je me suis dit... pourquoi pas, ça m'a l'air d'être une lecture que je risque d'apprécier. Qu'est-ce que j'ai bien fait!

J'ai plongé dans un monde de fantasy qui ne paye pas de mine. Nous découvrons dans cette histoire Jéhanne, une jeune lieutenante qui n'était pas la plus douée de son école, mais qui se retrouve envoyée en mission à Diable-Vert, où l'on demande du renfort. La seule chose qui a permis à Jéhanne cette mutation est sa capacité de résistance à la magie. Elle y semble imperméable et reste une jeune fille droite, déterminée, malgré sa provenance des milieux de saltimbanques. 

Sur la route, accompagnée de deux camarades peu recommandables même en faisant partie du Bailli comme Jéhanne, cette dernière va tomber sur une perle, qui va bientôt s'avérer bien différente de ce qu'elle attendait: cette perle parle, et il semblerait même qu'il s'agisse en réalité d'un soldat enfermé dedans. 

Jéhanne a trouvé son nouveau compagnon, et la prime cohabitation n'est pas aisée. Les deux ont... comment dire. Un caractère bien trempé, et les échanges sont assez épicés. En arrivant à Diable-Vert, Jéhanne va être surprise et observer sur le bord de la route des milliers de trésors amoncelés, et parmi eux, un bébé. Elle va recueillir ce bébé et en prendre soin, tout en rentrant dans la ville où elle est mandatée, et y découvrir qu'elle est infestée de magie. Mais que peut-elle faire ici? Comment débarrasser la ville de ce problème? Comment protéger son baba (oui, oui, baba, pas bébé) que certains semblent vouloir lui voler?

Ce livre est plein plein de rebondissements, et riche d'un univers bien spécifique. Il faut le lire pour le comprendre. Ma chronique sera sans doute quelque peu alambiquée sachant que je ne peux tout relater et que bien pourtant, il aurait tant à dire! 

Le monde de fantasy que nous découvrons est assez spécial, car ici, la magie est considérée comme néfaste. Enfin, une certaine forme de magie. J'ai trouvé ça très intéressant, parce que d'habitude, c'est un pouvoir des élus, il y a le bien et le mal dedans, toc, toc... alors que là, essentiellement, la magie est mauvaise. Comment Jéhanne pourrait-elle s'en sortir, alors? Toute la trame et l'intrigue tissée autour d'elle est très intéressante, je dois l'admettre. 

Et puis, il faut bien admettre aussi que Jéhanne est un personnage que l'on a tendance à facilement apprécier. Elle est droite, elle suit ses principes et ne se laisse pas corrompre. Elle a un fort caractère aussi, et cherche toujours la vérité, et à aider les autres. Elle n'hésite pas à prendre le baba avec elle pour lui éviter de mourir. Et c'est aussi une jeune fille très honnête, très forte. 

J'ai beaucoup apprécié aussi la perle, enfin, le soldat enfermé dans la perle, si vous préférez. Il s'appelle Abel de Royale-Terre et dès les débuts enrage que Jéhanne l'appelle "la perle". Je l'aime bien, ce petit homme, un peu sarcastique, avec ses défauts et ses qualités. J'ai hâte de le retrouver dans le deuxième tome. 

J'ai beaucoup apprécié de même le baba, on s'y attache très facilement, petit bout de chou qui n'a jamais rien demandé à personne, mais qui se retrouve balloté de partout, et petit bonhomme aussi qui va réserver bien des surprises...

Il y a plein d'autres personnages encore, notamment la sorcière, la vilaine, la gueuse. Elle, elle revêt plusieurs apparences, mais peu importe celle qu'elle choisit, on la déteste quand même. C'est bien. Bien, bien, bien. 

Un petit point qui m chagrine encore maintenant, c'est que parfois je me suis un peu embrouillée dans l'histoire. Certains passages m'ont paru un peu... flous, j'ai eu du mal à les intégrer. Bon, j'admets qu'il se pourrait aussi que je n'ai pas été d'une attention complète et absolue en le lisant. Mais bon. Ca ne m'empêche nullement d'apprécier ma lecture!

Le dernier point que j'aimerais aborder, c'est l'écriture de Paul Beorn. Alors là... elle m'a vraiment déroutée au début, parce que c'est un mélange d'ancien langage et de quelques mots que Paul Beorn a inventé pour son roman. Comme il est dit sur la quatrième de couverture, c'est une belle écriture avec laquelle j'ai beaucoup apprécié voyager. Fine, honnête, sans complexes, elle reflète bien Jéhanne et aussi parfois les personnages qui interviennent dans l'histoire. Chapeau bas!

En conclusion, je dirai juste que c'est une vraie réussite pour le premier tome de la Pucelle de Diable-Vert, moi qui m'en méfiais, j'ai été vraiment bien surprise et je le conseille à tous les lecteurs de fantasy et ceux qui ne savent parfois pas trop comment prendre les romans un peu durs comme le Trône de Fer. Le roman de Paul Beorn nous met parfois en face de réalités un peu crues, mais avec délicatesse et honnêteté. Jéhanne est un personnage qui se bat pour ce qu'elle croit, et on a envie de la suivre, parce qu'elle est droite. Ce sera un 18/20 pour moi et heureusement pour moi, je viens de recevoir le tome 2!

Livre 2 : Le Hussard Amoureux

Pour retrouver son baba enlevé par la Sylve renégate, Jéhanne est prête à tout : affronter la mort, son passé tragique, l'opprobre et même le ridicule s'il le faut.
Au cœur d'un royaume qui sombre dans la guerre et la Grande Ruine, elle tente vaillamment de résister et d'offrir un peu d'espérance à ceux qui acceptent de l'écouter. Il y a l'aide d'Abel de Royale-Terre et celle de la voix mystérieuse qui la soutient lorsque tout semble perdu, mais sauver Baba ne suffira peut-être pas ; les Hommes-pourris envahissent le monde de leur puant désespoir, et la race des humains risque de disparaître à jamais.

Vu mon engouement pour le tome 1 de la Pucelle de Diable-Vert, il était logique que j'en vienne à vouloir lire le tome 2. En plus, le titre me parlait fortement, alors taïauuuut!

Dans ce second opus, nous retrouvons Jéhanne, toujours à la recherche de son baba, que la Sylve maléfique a enlevé. Bien décidée à le retrouver, Jéhanne va poursuivre la fieffée en se battant contre différents ennemis, dont le plus puissant n'est autre que son passé, qui n'est pas fait de sucre d'orge et de marguerites. En effet, notre héroïne va constater que ce n'est pas la première fois qu'elle affronte le mal qui règne au travers de la Sylve, et que son baba est bien plus extraordinaire qu'elle ne le croit. Tout ceci en compagnie de la Perle, ce hussard enfermé, pour qui elle éprouve une affection sans cesse croissante.
Survivra-t-elle à cette infamie que sont les Hommes-Pourris, parviendra-t-elle à vaincre la Sylve? Retrouvera-t-elle son bébé? Vous le saurez dans ce second opus!

Ouais, je sais, c'est nul, mais j'avais envie, c'était... l'occasion rêvée pour sortir ce genre de réplique, ehe.
Bon, enfin bref.

Ce second tome m'a énormément plu aussi, et s'est bien montré à la hauteur de mes espérances. J'ai retrouvé avec joie notre héroïne Jéhanne, toujours aussi forte de ses valeurs, aussi... déterminée et attachante. J'ai beaucoup aimé aussi revoir ou relire, si on veut, Abel, le hussard coincé dans la perle. Je l'aime beaucoup, moi, ce bonhomme! Et l'amitié qu'il a avec Jéhanne est belle, à mes yeux...
Ici, alors que le monde semble se déchaîner autour de nos deux protagonistes, Jéhanne doit faire preuve de beaucoup d'adresse pour parvenir à ses fins, parfois en se dissimulant, en se mettant au contraire tellement en avant pour qu'on ne soupçonne pas sa présence... Faisant appel à ses souvenirs et ses réflexes d'enfant gitan, Jéhanne fait de son mieux et rivalise d'héroïsme, on peut le dire.
Elle est toujours sincère, spontanée, aussi, ce qui lui vaudra quelques ennuis, et elle ne reste jamais sur ses acquis. De même, Abel qui l'accompagne fait de même et lui est d'une grande aide, même si Jéhanne doit parfois se passer de lui, une boucle-à-oreille comme celle-ci étant bien trop voyante comme signe distinctif.

Le mal qui entoure Jéhanne et imprègne l'histoire et le monde que Paul Beorn nous dévoile est... parfaitement bien décrit, et je dois dire que l'ambiance qui ressort des descriptions et de tout me file encore des frissons. Heureusement que l'héroïne est motivée et pleine de détermination, qu'elle arrive encore à trouver du bon autour d'elle, parce que sinon, ça aurait été... difficile à lire. Il faut saluer l'auteur, parce que cette espèce d'épidémie, ce mal qui apparaît après des années, est vraiment... wouahou. On n'en voudrait pas, mais alors paaaaaas du tout.
Ce qui fait qu'en fait, même si on suit l'histoire de Jéhanne qui veut retrouver son baba, on ne peut dissocier sa mission de sauver en quelque sorte le monde, et le récit prend encore une autre dimension. Ce n'est pas elle qui devra résoudre le problème, c'est quelqu'un d'autre, mais sans elle, rien ne pourrait se faire. Elle est un élément crucial dans l'équation, et elle ne renonce pas à son devoir.
 Bonne leçon, entre nous soit dit.

Sinon, comme j'ai parlé de l'intrigue qui est particulièrement bien faite, avec ce mal omniprésent et qui n'empêche pas la lieutenante d'avancer et de persévérer, clamant l'espoir, nous laissant pendus aux pages qui défilent bien trop rapidement, je peux désormais faire mention de la plume de l'auteur, qui, depuis le premier tome n'a pas changé, même si je l'ai trouvée un peu moins poétique. Il faut dire aussi que l'on est plus dans l'action, ce qui laisse moins le champ pour ce genre de... lyrisme, si on veut.
Cependant, il est impossible de nier que la plume de Paul Beorn est toujours aussi agréable à lire et qu'on aimerait qu'il en soit ainsi plus souvent... Avec son langage de l'époque, enfin, de ce monde précis de fantasy, et les tournures de phrases... je dois dire que je suis sous le charme, totalement!

Le seul petit hic serait, je crois, le titre. Il était très prometteur, surtout quand on a lu le un, et même si à la fin on comprend pourquoi il s'appelle comme ça... je trouve que c'était un petit peu trop léger. M'enfin, c'est mon avis, cela ne m'a pas le moins du monde empêchée d'apprécier l'histoire!
J'ai plongé au coeur du passé de Jéhanne, sombre et fascinant, parce qu'elle reste encore cette "perle" d'innocence dans un monde enragé, quoi qu'il arrive, et j'ai dévoré Le Hussard Amoureux...

Bref, une deuxième réussite, un 17/20 pour moi...
La saga de la Pucelle de Diable-Vert est une petite merveille que je recommande à quiconque voudrait essayer de la fantasy! Je suis toujours un peu frileuse de ce genre-là, je suis frileuse en général sur mes lectures, je fais attention, mais j'ai été conquise par le monde de Paul Beorn et par ses personnages principaux, tant par Jéhanne et Abel que par le baba en lui-même...
Alors filez vous le procurer ;)