Madelyn Johnson est
une jeune afro américaine de dix-sept ans. Elle grandit à Jackson, dans le
Mississippi, l’un des Etats le plus ségrégationniste d’Amérique. Tout va
basculer lorsqu’elle se verra confier par sa mère, employée en tant que bonne
au sein de la famille la plus riche de Jackson, la lourde tâche de donner des
cours particuliers à leur fils. Une mission à garder secrète quoi qu’il en
coute. Les Johnson devront non seulement faire face à la vie quotidienne dans
le ghetto noir, mais aussi à l’absence d’un père qui a dû fuir le Ku Klux Klan
il y a plusieurs années. Car dans le Mississippi, la peine de mort est la seule
sentence pour les noirs coupables de quelque préjudice qu’il soit…
Ça faisait un long moment que j’avais envie de pouvoir
découvrir le dernier roman de Fatou Ndong, et enfin, j’ai pu m’y plonger !
Damoclès, c’est
l’histoire de Madelyn Johnson, une jeune noire de 17 ans qui vit à Jackson,
dans le Mississippi, dans les années 1960, alors que les lois concernant la
ségrégation raciale sont encore d’actualité, même plus que jamais. C’est aussi
l’histoire des jumeaux Harper, élevés avec Madelyn parce que la mère de Madelyn
travaille chez eux, mais qui ne grandissent pas de la même manière dans leurs
idées, et qui feront chacun des choix particuliers…
C’est l’histoire d’une égalité entre Noirs et Blancs, d’une
amitié parfaitement dangereuse mais qu’ils ne peuvent que rêver…
Franchement, je ne sais pas réellement par où commencer. Ce
roman m’a vraiment marquée et je l’ai trouvé particulièrement poignant. Je ne
m’attendais pas à ce que Fatou Ndong signe un roman aussi… puissant.
Oui, puissant !
J’ai très vite senti le travail de l’auteure dans les
recherches, dans les caractères de ses personnages, dans l’intrigue qui se
mêlait à des faits historiques, bref, à chaque recoin. Si je n’ai pas tout de
suite été emballée, c’est parce que comme tout roman, Damoclès a dû faire ses preuves avant tout.
Au vu du résumé, je ne m’attendais pas à switcher entre les
différents points de vue des personnages. Cela ne m’a pas dérangée, bien au
contraire, j’ai trouvé que cela apportait beaucoup au roman, de pouvoir voir la
situation sous plusieurs angles ! De fait, pour être honnête, c’est aussi
ce qui m’a permis de prendre le livre tant à cœur, quelque part. De me sentir
révoltée ainsi !
Au niveau des personnages, Madelyn Johnson est une jeune
femme agréable à suivre, vraiment, qui possède un caractère déterminé et qui ne
parvient pas à se faire à sa condition. Et elle a raison ! Elle est
raisonnable mais elle essaie de ne pas se laisser marcher sur les pieds, même
si elle sait bien qu’elle ne peut pas grand-chose.
Au niveau des jumeaux Harper, comment vous dire… ils sont
réellement différents. Sébastian (j’aime ce nom !) est beaucoup plus doux
et il considère les Noirs différemment, et son amitié avec Madelyn est
touchante. Bon, par contre, j’avoue que ses choix avec Betti Sue laissent
largement à désirer… Sean, quant à lui, ressemble à un… c’est limite tout le
contraire de son frère. Il pense vraiment que les Noirs sont une menace, même
s’il apprécie au fond de lui Maddy. À sa façon, il m’a touchée aussi, mais
j’avoue que c’est quand même un profond imbécile, par moments…
Il y a plein d’autres personnages qui donnent une dimension
importante au roman, qui lui confèrent un réalisme plus qu’appréciable :
Paul Harper, Trent, James… tous ceux qui gravitent autour des trois principaux
personnages.
Et Fatou Ndong a investi pratiquement chacun de ceux qui
influent dans le roman : elle nous offre un point de vue remarquable sur
chacun d’eux ! Il est vraiment dur de se plonger dans les pensées de
plusieurs personnages, elle a pourtant réussi à faire ressortir la singularité
de chacun, et à décrire leurs idéaux, leur soif de violence, parfois, leur
haine… franchement, je lui dis chapeau bas ! Ça m’a époustouflée !
Elle est allée au fond des choses, tout simplement !
Au niveau de l’intrigue, même si la situation est déjà posée
avec le fait que les Noirs ne possèdent que très peu de droits, elle met un
petit peu de temps à se mettre en branle et j’ai apprécié ça. En tant que
lecteur, ça nous donne la possibilité de nous apercevoir de la situation avant
que l’orage ne se déchaîne. En plus, ce qui est bien, c’est qu’on a
l’impression que tout fait boule de neige. Et ma foi, il y a aussi son lot de révélations,
je suis restée sur les fesses, à la fin ! Je dois aussi dire que je m’y suis
vraiment cru : les mœurs ne sont pas tout à fait les mêmes qu’aujourd’hui
et là aussi, ça s’est senti, encore un bon point pour moi !
Et cette fin… je pense, oui, qu’il y aurait de quoi faire un
deuxième tome, largement même. Ma curiosité a été attisée, je me rends compte
que nous ne connaissons que peu de choses de cet aspect de l’Histoire, et j’ai
envie de savoir ce qui va advenir des personnages. Puis, Fatou, même si c’était
prévisible, quelque part, et que tout allait dans l’ordre des choses,
franchement, tu m’as dégoûtée, j’avais trop mal au cœur, moi !
J’avais mal au cœur, mais encore une fois, c’est… ça confère
du réalisme au roman, c’est pas un conte pour enfants… c’est quelque chose qui
aurait pu se produire, et de… je ne parviens même plus à trouver de
qualificatif.
Avec ça, j’ai trouvé que la plume était belle, fluide et mûre.
Elle s’adaptait à chaque fois parfaitement à chaque personnage, et je trouve
qu’il faut beaucoup de talent et de courage pour écrire un bouquin pareil.
Sachant l’investissement émotionnel qu’un roman représente, je n’ose même pas
imaginer ce que celui-ci a dû demander…
Et il faut mentionner, avant la conclusion, les
illustrations incluses dans le roman ! J’en suis carrément fan !
En conclusion, Damoclès
est un roman de fiction qui se passe dans un cadre historique réel, où l’on
sent beaucoup de travail, qui a dû demander un investissement (pour les
recherches et émotionnellement) qu’on ne peut nier. C’est un roman où plusieurs
voix se mêlent, où l’auteur a réussi à se plonger dans la tête des victimes
comme des bourreaux, et qui ne manquera pas de faire réagir ceux qui ouvriront
ses pages. En bref, c’est un véritable succès pour moi ! Ce n’est pas un
coup de cœur parce que j’ai besoin de rire et de posséder une étincelle qui ne
se trouvait pas ici, parce que ce n’était pas le but. Mais, Damoclès ? C’est un roman à lire,
forcément !
Ce sera un 19/20
pour moi et un grand bravo à Fatou Ndong !
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