lundi 2 février 2015

Damoclès (Fatou Ndong)

Madelyn Johnson est une jeune afro américaine de dix-sept ans. Elle grandit à Jackson, dans le Mississippi, l’un des Etats le plus ségrégationniste d’Amérique. Tout va basculer lorsqu’elle se verra confier par sa mère, employée en tant que bonne au sein de la famille la plus riche de Jackson, la lourde tâche de donner des cours particuliers à leur fils. Une mission à garder secrète quoi qu’il en coute. Les Johnson devront non seulement faire face à la vie quotidienne dans le ghetto noir, mais aussi à l’absence d’un père qui a dû fuir le Ku Klux Klan il y a plusieurs années. Car dans le Mississippi, la peine de mort est la seule sentence pour les noirs coupables de quelque préjudice qu’il soit…

Ça faisait un long moment que j’avais envie de pouvoir découvrir le dernier roman de Fatou Ndong, et enfin, j’ai pu m’y plonger !

Damoclès, c’est l’histoire de Madelyn Johnson, une jeune noire de 17 ans qui vit à Jackson, dans le Mississippi, dans les années 1960, alors que les lois concernant la ségrégation raciale sont encore d’actualité, même plus que jamais. C’est aussi l’histoire des jumeaux Harper, élevés avec Madelyn parce que la mère de Madelyn travaille chez eux, mais qui ne grandissent pas de la même manière dans leurs idées, et qui feront chacun des choix particuliers…
C’est l’histoire d’une égalité entre Noirs et Blancs, d’une amitié parfaitement dangereuse mais qu’ils ne peuvent que rêver…

Franchement, je ne sais pas réellement par où commencer. Ce roman m’a vraiment marquée et je l’ai trouvé particulièrement poignant. Je ne m’attendais pas à ce que Fatou Ndong signe un roman aussi… puissant.
Oui, puissant !

J’ai très vite senti le travail de l’auteure dans les recherches, dans les caractères de ses personnages, dans l’intrigue qui se mêlait à des faits historiques, bref, à chaque recoin. Si je n’ai pas tout de suite été emballée, c’est parce que comme tout roman, Damoclès a dû faire ses preuves avant tout.

Au vu du résumé, je ne m’attendais pas à switcher entre les différents points de vue des personnages. Cela ne m’a pas dérangée, bien au contraire, j’ai trouvé que cela apportait beaucoup au roman, de pouvoir voir la situation sous plusieurs angles ! De fait, pour être honnête, c’est aussi ce qui m’a permis de prendre le livre tant à cœur, quelque part. De me sentir révoltée ainsi !

Au niveau des personnages, Madelyn Johnson est une jeune femme agréable à suivre, vraiment, qui possède un caractère déterminé et qui ne parvient pas à se faire à sa condition. Et elle a raison ! Elle est raisonnable mais elle essaie de ne pas se laisser marcher sur les pieds, même si elle sait bien qu’elle ne peut pas grand-chose.
Au niveau des jumeaux Harper, comment vous dire… ils sont réellement différents. Sébastian (j’aime ce nom !) est beaucoup plus doux et il considère les Noirs différemment, et son amitié avec Madelyn est touchante. Bon, par contre, j’avoue que ses choix avec Betti Sue laissent largement à désirer… Sean, quant à lui, ressemble à un… c’est limite tout le contraire de son frère. Il pense vraiment que les Noirs sont une menace, même s’il apprécie au fond de lui Maddy. À sa façon, il m’a touchée aussi, mais j’avoue que c’est quand même un profond imbécile, par moments…
Il y a plein d’autres personnages qui donnent une dimension importante au roman, qui lui confèrent un réalisme plus qu’appréciable : Paul Harper, Trent, James… tous ceux qui gravitent autour des trois principaux personnages.

Et Fatou Ndong a investi pratiquement chacun de ceux qui influent dans le roman : elle nous offre un point de vue remarquable sur chacun d’eux ! Il est vraiment dur de se plonger dans les pensées de plusieurs personnages, elle a pourtant réussi à faire ressortir la singularité de chacun, et à décrire leurs idéaux, leur soif de violence, parfois, leur haine… franchement, je lui dis chapeau bas ! Ça m’a époustouflée ! Elle est allée au fond des choses, tout simplement !

Au niveau de l’intrigue, même si la situation est déjà posée avec le fait que les Noirs ne possèdent que très peu de droits, elle met un petit peu de temps à se mettre en branle et j’ai apprécié ça. En tant que lecteur, ça nous donne la possibilité de nous apercevoir de la situation avant que l’orage ne se déchaîne. En plus, ce qui est bien, c’est qu’on a l’impression que tout fait boule de neige. Et ma foi, il y a aussi son lot de révélations, je suis restée sur les fesses, à la fin ! Je dois aussi dire que je m’y suis vraiment cru : les mœurs ne sont pas tout à fait les mêmes qu’aujourd’hui et là aussi, ça s’est senti, encore un bon point pour moi !

Et cette fin… je pense, oui, qu’il y aurait de quoi faire un deuxième tome, largement même. Ma curiosité a été attisée, je me rends compte que nous ne connaissons que peu de choses de cet aspect de l’Histoire, et j’ai envie de savoir ce qui va advenir des personnages. Puis, Fatou, même si c’était prévisible, quelque part, et que tout allait dans l’ordre des choses, franchement, tu m’as dégoûtée, j’avais trop mal au cœur, moi !
J’avais mal au cœur, mais encore une fois, c’est… ça confère du réalisme au roman, c’est pas un conte pour enfants… c’est quelque chose qui aurait pu se produire, et de… je ne parviens même plus à trouver de qualificatif.

Avec ça, j’ai trouvé que la plume était belle, fluide et mûre. Elle s’adaptait à chaque fois parfaitement à chaque personnage, et je trouve qu’il faut beaucoup de talent et de courage pour écrire un bouquin pareil. Sachant l’investissement émotionnel qu’un roman représente, je n’ose même pas imaginer ce que celui-ci a dû demander…

Et il faut mentionner, avant la conclusion, les illustrations incluses dans le roman ! J’en suis carrément fan !

En conclusion, Damoclès est un roman de fiction qui se passe dans un cadre historique réel, où l’on sent beaucoup de travail, qui a dû demander un investissement (pour les recherches et émotionnellement) qu’on ne peut nier. C’est un roman où plusieurs voix se mêlent, où l’auteur a réussi à se plonger dans la tête des victimes comme des bourreaux, et qui ne manquera pas de faire réagir ceux qui ouvriront ses pages. En bref, c’est un véritable succès pour moi ! Ce n’est pas un coup de cœur parce que j’ai besoin de rire et de posséder une étincelle qui ne se trouvait pas ici, parce que ce n’était pas le but. Mais, Damoclès ? C’est un roman à lire, forcément !
Ce sera un 19/20 pour moi et un grand bravo à Fatou Ndong !

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