mardi 26 janvier 2016

Ta façon d'être au monde (Camille Anseaume)

Elles sont amies d’enfance. L’une est inquiète, rêveuse, introvertie ; l’autre est souriante, joyeuse, lumineuse. Ensemble, elles grandissent, découvrent la vie, l’amour. Jusqu’à ce qu’un drame bouleverse le monde qu’elles se sont bâti... Un roman poignant sur l’amitié, le deuil, et sur ce point de bascule irréversible qui sonne la fin de l’insouciance.

Et si je vous donnais mon avis sur un livre qui m’a vraiment surprise et qui m’a fait réfléchir encore bien après que j’aie terminé son contenu ?

Ta façon d’être au monde nous parle de deux amies, aux caractères réellement différents qui grandissent et se complètent… jusqu’à ce qu’un élément vienne tout éclater. Les jeux de narration vous feront voyager de l’enfance au monde des adultes, dans un écrin de douceur pour aborder ce qui compose la vie dans ses bons et ses mauvais côtés.

Alors, je ne sais pas vous, mais la couverture et le titre m’ont tout de suite frappée. Je les trouve tous les deux très doux, poétiques, et je me suis dit « pourquoi pas ? ». Il faut que je vous avoue un truc, c’est que j’appréhendais aussi un peu le bouquin, pour la bonne et simple raison que j’ai lu un autre roman de cette collection (La contre-heure de Sébastien Hoët), et que la mayonnaise n’avait pas pris.

Ceci dit, quand j’ai commencé ce roman-ci, j’ai tout de suite remarqué que le style narratif était un peu hors temps, hors champ, comme si l’auteur avait décidé de rentrer à pas feutrés dans l’histoire de cette gamine un peu particulière et dans laquelle on pourrait se retrouver quand même. Et puis, peu à peu, l’enfant grandit, jusqu’à ce que Justine arrive, la copine qui va un peu tout changer. Le style narratif change un tout petit peu : on passe au tutoiement de temps en temps.

Si l’on suit un ensemble relativement chronologique, les scènes sont assez courtes et les pages défilent facilement. La mise en page est aérée, ce qui nous donne aussi un peu l’impression de voyager dans un album de photos, avec des clichés choisis. Et toujours avec cette plume, cette douceur qui va traverser les douleurs et les émois de la vie. Il peut arriver qu’on grimace, parce que les points soulevés nous paraissent un peu étranges, crus, au milieu de ce petit cocon façonné. Ça ajoute pour moi au charme.

Très vite, dans cette histoire, je me suis laissé emporter, pour profiter de chaque instant, me demandant comment ça allait se terminer. Et puis, il y a ce truc qui arrive. Au départ, on ne comprend pas bien, puis on discerne des contours flous, une réalité qui se précise… et il faut avancer encore dans la lecture, comme les personnages, eux, doivent avancer. Et cette fois-ci, on n’est plus extérieur : la narration a changé et nous sommes impliqués dans cette nouvelle « façon de vivre », on a l’impression que la première fille s’est réveillée et qu’elle prend sa vie en main. C’est assez déroutant, mais j’ai encore une fois totalement adhéré.

Sans que je m’en rende compte, je me suis mise à réfléchir, à considérer plusieurs choses en même temps. Je ne saurais pas réellement vous parler de l’ensemble de façon plus précise, mais quelque part, je pense que ça dépend de ce qu’on a vécu : il y a indéniablement des passages qui nous rappellent notre propre existence et qui sont dépeints avec tant de justesse que ça nous ramène à notre propre expérience. Là aussi, on passe à « notre » façon d’être au monde, au travers de ce qui est présenté dans ce roman.

Et enfin, il y a la fin. Cette fin qui m’aura fait réfléchir en plein milieu de la nuit suivante, puis encore au réveil… imaginez-vous ! J’ai été tellement embarquée que cette fin, qui arrive comme une petite souris sans faire de bruit a retenti de manière incroyable dans mon esprit. C’est un peu comme les Musso, vous savez : un truc un peu inattendu, que l’auteur aura réussi à dissimuler sans trop le faire, pour ne le laisser passer qu’en dernier instant. Et contrairement à Musso, là, j’ai vraiment adhéré. Ça m’a vraiment plu, parce que j’ai eu envie de relire le bouquin pour le lire autrement. C’était doux, et pourtant un peu tranchant.

Cette chronique est indéniablement différente de celles que j’écris habituellement, il faut dire aussi que Ta façon d’être au monde cadre difficilement avec ce que je lis en temps normal. Cela étant, j’ai franchement apprécié ma balade, avec une plume très douce, pour parler de l’apprentissage de la vie… même si parfois, on se sent écorché selon les thèmes abordés. Les personnages m’auront touchée, la narration changeante m’aura bercée et je suis très heureuse d’avoir pu découvrir tout ça, parce que ça m’a rejointe de bien des manières que je n’aurais imaginé. La fin m’a vraiment fait réfléchir, et je trouve que c’était très bien joué.
En conclusion, ce sera un 17/20 pour moi et un tout grand merci aux Editions Kero !

1 commentaire:

  1. Ta chronique porte vraiment ce qu'est le livre ! Je l'ai adoré pour ce ton doux, simple, mais ancré dans la réalité!
    Et la fin, tu as bien raison de la comparer à cette petite souris : on ne l'attend pas!
    Très beaux mots pour un beau livre !

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