mercredi 16 novembre 2016

Elle s'appelait Cassiopée (Madeleine Conraux)

Vous ne connaissez pas ce roman ? C’est bien normal : il n’est pas encore publié. Pas encore, parce que j’ai très bon espoir que cela arrive un jour : les éditeurs passeraient à côté de quelque chose, c’est clair !

Elle s’appelait Cassiopée est une histoire complexe. Le roman commence par nous apprendre que la jeune femme s’est suicidée, puis nous entraîne dans ce qu’elle a vécu pendant plus d’un an avant ça, avec Erwan, son petit ami. C’est d’ailleurs lui qui narre la plupart du récit, hormis quelques passages consacrés à Cassiopée ou à des éléments plus externes. C’est l’histoire d’une jeune femme qui a vécu, et qui aimait tant la vie que ça en a été trop…

Je sais. La première chose que vous vous dites, c’est : « suicide ? Très peu pour moi ». Je ne peux pas vous en blâmer, j’ai pensé exactement la même chose lorsque Madeleine a raconté de quoi son manuscrit parlait au Salon du Livre d’Echenevex.
Ah. Peut-être est-il intéressant de vous expliquer que Madeleine Conraux était ma voisine à ce salon, et qu’elle présentait ses manuscrits reliés par des élastiques à ceux qui voulaient bien s’y intéresser. La première impression qu’elle vous fait, comme ça, c’est celle du courage, parce que jamais vous ne verriez un auteur présenter son histoire sans éditeur ou format relié. Elle l’a fait avec beaucoup d’humilité, et en discutant avec elle dans la journée, j’ai décidé d’aller au-delà de la première idée que j’avais eue.

Bon sang, qu’est-ce que je suis contente d’avoir plongé dedans ! Ce livre est bourré de qualités, d’émotions, de moments puissants, drôles et douloureux. C’est un roman de vie, une vie dont on réalise le son sens et la saveur à travers le prisme de la fin de Cassiopée. Elle existe entre les pages, et le récit d’Erwan, très direct et franc, parfois teinté d’images incroyables, devient un hymne à ce qu’ils ont formé et celle qu’elle a été.

En fait, quand vous commencez le roman, déjà, vous vous dites « purée, c’est une fille de 16 ans qui a écrit ça ». C’est super bien écrit, avec un style presque parlé, mais aussi très littéraire et poétique dans les images, les idées, les formulations ! Bon, alors, oui, OK, tous les adolescents n’ont pas forcément les réflexions d’Erwan, sauf que jamais à un moment je ne me suis dit que ce n’était pas un ado qui parlait, au contraire.

Erwan a un parcours de vie peu évident. Comme beaucoup de jeunes de son âge, il aimerait à la fois trouver un sens à sa vie et oublier la réalité dans laquelle il évolue. Ses réflexions sur bien des points sont pertinentes et profondes, même s’il a des préoccupations et des espoirs de son âge. J’ai beaucoup aimé le découvrir et le suivre au travers des différentes périodes qui jalonnent le récit. Ses périodes de douleur après le suicide m’ont beaucoup touchée.
Cassiopée est une blessée de vie. Fragile et dotée d’une incroyable force, une aura impossible à manquer, elle attire les regards mais semble ne pas réussir à profiter. Ses rêves sont immenses, ses sentiments gigantesques, ses fêlures profondes. Elle a conscience d’évoluer sur un fil tendu et souhaite entraîner le moins de personnes possibles dans sa chute.
C’est la rencontre des deux qui va donner quelque chose d’éclatant et de merveilleux… même si chacun a son caractère ! (et ça, c’est trop bien, les caractères forts !) Mh ? Oui, je me suis encore laissé avoir par l’histoire d’amour, mais c’était beau, pas facile et rien de joué, donc parfait pour moi, sincèrement.

Je pourrais aussi vous parler des personnages secondaires qui ont une place très importante dans le roman, comme Gabriel, comme les parents de Cassiopée, qui suscitent en nous énormément d’émotions… parce qu’en fait, Madeleine Conraux a réussi à recréer ces véritables microcosmes existant autour de chaque personne. Ces proches qui nous aident et nous heurtent, nous élèvent ou nous tuent. Elle a même réussi à créer des personnages secondaires aux caractères complexes, en fait. Chacun est pris dans sa totalité d’être humain, sans être enfermé dans un ou deux traits bien spécifiques (bon, OK, hormis les balourds du lycée ou les pimbêches, admettons.).

Pour être honnête avec vous, je pourrais vous raconter vingt-mille trucs sur ce roman, sur ce que j’ai ressenti et sur les raisons pour lesquelles il faudrait le lire. Je pourrais mentionner les références parfois totalement inattendues à Disney, ou les répliques entre certains personnages totalement épiques et humoristiques à souhait, ou encore l’aspect poignant de certains passages, qui vous prennent au cœur, vous accrochent au roman, à leur histoire… Je pourrais et je le dis.

Les thématiques abordées dans ce bouquin sont très riches, en fait. Parce qu’on ne parle pas que de Cassiopée, mais d’Erwan, de Gabriel, et de tout le monde. Du coup, si le suicide et le désespoir sont présentés, on a aussi l’abandon d’un enfant par un parent qui refait sa vie (bon sang, qu’est-ce que j’ai vécu ce passage avec Erwan, truc de dingue !), les relations compliquées avec les parents, les ragots au lycée, qui peuvent ruiner les gens de bien des façons… c’est une véritable fresque humaine qui nous est offerte !

Et en plus de ça, dites-vous bien que l’on ne s’apitoie pas du tout, au gré des lignes et des pages. Au contraire, c’est vraiment un livre de vie, qui raconte une très belle histoire. Cassiopée et Erwan deviennent des amis, et le fait que le récit soit morcelé en différents temps autour du jour J où tout a basculé, cela nous empêche d’en vouloir à Cassiopée et de l’appréhender elle aussi dans toute sa beauté et sa complexité. On lit ses mots avec le recul de ceux qui savent, et on se prend d’affection pour elle, parce qu’on réalise la chance qu’on a eu de la connaître. C’est dingue, pas vrai ?

Madeleine Conraux a une très belle plume qui est déjà très mature, très fluide et travaillée, pour son âge. Si je ne l’appréciais pas, il est fortement possible que j’en serais jalouse, je l’admets. Pour autant, j’ai franchement apprécié ce que j’ai découvert dans ces mots, toujours ce mélange entre les opposés : simplicité et complexité, poésie et douceur avec presque vulgarité (du moins, franc-parler) et dureté… c’est un alliage de beaucoup de choses. Alors certes, il y a encore le souci des quelques coquilles et des répétitions… néanmoins, c’est quelque chose qui va très vite se rectifier, je n’en ai aucun doute !

Au niveau des valeurs, ce roman nous pousse à nous écouter les uns les autres, à profiter de chaque instant que la vie nous offre, et surtout… à chercher plus loin que le masque des apparences. Chaque être humain possède de multiples facettes, et peut illuminer le monde à sa façon, pour autant qu’on le lui permette. Toute histoire mérite d’être vécue, tout amour vaut la peine qu’on se batte pour lui… même si on se trouve sur un fil tendu, au bord du précipice de nos vies. Le bonheur est à portée de main…
Et bien sûr, il nous offre un autre regard sur ceux qui font le choix de sauter, et d’arrêter. Il nous demande de ne pas en vouloir à ces personnes, parce qu’on ne sera jamais dans leur tête… que tout est beaucoup plus compliqué. Qu’en réalité, il y a tellement, tellement plus à raconter.

En conclusion, Elle s’appelait Cassiopée est un excellent roman qui aura été une découverte juste géniale, pour moi. Déjà, j’ai rencontré une jeune auteur fantastique, et ensuite, j’ai plongé dans une histoire qui a tout de réaliste, d’atypique… porteur de nombreuses qualités, notamment celle de nous offrir un autre regard sur le suicide. Cette histoire n’est absolument pas l’histoire d’une fille qui se suicide, mais celle d’une fille qui a vécu, qui a aimé et qui a tant aimé la vie que ça en a été trop. L’apitoiement n’existe pas, là-dedans. On tranche dans les émotions, on vit tout avec eux, avec Erwan et Cassiopée, et on referme le livre en étant apaisé, heureux de les avoir rencontrés… On se sent chanceux d’avoir pu lire pareil bouquin !
C’est d’ailleurs mon cas, et je tiens à remercier encore Madeleine de cette formidable histoire, à la plume superbe ! Je garderai cette version non éditée avec bonheur sur mes étagères, c’est clair ! Ce sera donc un 19/20 pour moi ! (et pitiéééé, qu’un éditeur décide de le publier ! Pitiéééé !)

PS : pour ceux qui se sentent de foncer le lire, Madeleine publie (en tout cas en partie) son histoire sur Wattpad, juste ici : Elle s'appelait Cassiopée.

2 commentaires:

  1. C'est nul denos donner autant envie alors qu'on ne peut même pas le lire ! 😁
    En tout cas, s'il sort un jour, je m'en souviendrai, parce que ta chronique transpire l'enthousiasme !

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  2. Madeleine a eu de la chance de vous avoir eue pour voisine à Échevenex! Votre analyse est juste,positive et sincère et je ne doute pas qu'elle lui donne des ailes.

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