Vous ne connaissez pas ce roman ? C’est bien normal :
il n’est pas encore publié. Pas encore, parce que j’ai très bon espoir que cela
arrive un jour : les éditeurs passeraient à côté de quelque chose, c’est
clair !
Elle s’appelait
Cassiopée est une histoire complexe. Le roman commence par nous apprendre
que la jeune femme s’est suicidée, puis nous entraîne dans ce qu’elle a vécu
pendant plus d’un an avant ça, avec Erwan, son petit ami. C’est d’ailleurs lui
qui narre la plupart du récit, hormis quelques passages consacrés à Cassiopée
ou à des éléments plus externes. C’est l’histoire d’une jeune femme qui a vécu,
et qui aimait tant la vie que ça en a été trop…
Je sais. La première chose que vous vous dites, c’est :
« suicide ? Très peu pour moi ». Je ne peux pas vous en blâmer,
j’ai pensé exactement la même chose lorsque Madeleine a raconté de quoi son
manuscrit parlait au Salon du Livre d’Echenevex.
Ah. Peut-être est-il intéressant de vous expliquer que
Madeleine Conraux était ma voisine à ce salon, et qu’elle présentait ses
manuscrits reliés par des élastiques à ceux qui voulaient bien s’y intéresser. La
première impression qu’elle vous fait, comme ça, c’est celle du courage, parce
que jamais vous ne verriez un auteur présenter son histoire sans éditeur ou format
relié. Elle l’a fait avec beaucoup d’humilité, et en discutant avec elle dans
la journée, j’ai décidé d’aller au-delà de la première idée que j’avais eue.
Bon sang, qu’est-ce que je suis contente d’avoir plongé
dedans ! Ce livre est bourré de qualités, d’émotions, de moments
puissants, drôles et douloureux. C’est un roman de vie, une vie dont on réalise
le son sens et la saveur à travers le prisme de la fin de Cassiopée. Elle existe
entre les pages, et le récit d’Erwan, très direct et franc, parfois teinté d’images
incroyables, devient un hymne à ce qu’ils ont formé et celle qu’elle a été.
En fait, quand vous commencez le roman, déjà, vous vous
dites « purée, c’est une fille de 16 ans qui a écrit ça ». C’est
super bien écrit, avec un style presque parlé, mais aussi très littéraire et
poétique dans les images, les idées, les formulations ! Bon, alors, oui,
OK, tous les adolescents n’ont pas forcément les réflexions d’Erwan, sauf que
jamais à un moment je ne me suis dit que ce n’était pas un ado qui parlait, au
contraire.
Erwan a un parcours de vie peu évident. Comme beaucoup de
jeunes de son âge, il aimerait à la fois trouver un sens à sa vie et oublier la
réalité dans laquelle il évolue. Ses réflexions sur bien des points sont
pertinentes et profondes, même s’il a des préoccupations et des espoirs de son
âge. J’ai beaucoup aimé le découvrir et le suivre au travers des différentes
périodes qui jalonnent le récit. Ses périodes de douleur après le suicide m’ont
beaucoup touchée.
Cassiopée est une blessée de vie. Fragile et dotée d’une
incroyable force, une aura impossible à manquer, elle attire les regards mais
semble ne pas réussir à profiter. Ses rêves sont immenses, ses sentiments
gigantesques, ses fêlures profondes. Elle a conscience d’évoluer sur un fil
tendu et souhaite entraîner le moins de personnes possibles dans sa chute.
C’est la rencontre des deux qui va donner quelque chose d’éclatant
et de merveilleux… même si chacun a son caractère ! (et ça, c’est trop
bien, les caractères forts !) Mh ? Oui, je me suis encore laissé
avoir par l’histoire d’amour, mais c’était beau, pas facile et rien de joué,
donc parfait pour moi, sincèrement.
Je pourrais aussi vous parler des personnages secondaires
qui ont une place très importante dans le roman, comme Gabriel, comme les
parents de Cassiopée, qui suscitent en nous énormément d’émotions… parce qu’en
fait, Madeleine Conraux a réussi à recréer ces véritables microcosmes existant
autour de chaque personne. Ces proches qui nous aident et nous heurtent, nous
élèvent ou nous tuent. Elle a même réussi à créer des personnages secondaires aux
caractères complexes, en fait. Chacun est pris dans sa totalité d’être humain,
sans être enfermé dans un ou deux traits bien spécifiques (bon, OK, hormis les
balourds du lycée ou les pimbêches, admettons.).
Pour être honnête avec vous, je pourrais vous raconter
vingt-mille trucs sur ce roman, sur ce que j’ai ressenti et sur les raisons
pour lesquelles il faudrait le lire. Je pourrais mentionner les références
parfois totalement inattendues à Disney, ou les répliques entre certains
personnages totalement épiques et humoristiques à souhait, ou encore l’aspect
poignant de certains passages, qui vous prennent au cœur, vous accrochent au
roman, à leur histoire… Je pourrais et je le dis.
Les thématiques abordées dans ce bouquin sont très riches,
en fait. Parce qu’on ne parle pas que de Cassiopée, mais d’Erwan, de Gabriel,
et de tout le monde. Du coup, si le suicide et le désespoir sont présentés, on
a aussi l’abandon d’un enfant par un parent qui refait sa vie (bon sang, qu’est-ce
que j’ai vécu ce passage avec Erwan, truc de dingue !), les relations
compliquées avec les parents, les ragots au lycée, qui peuvent ruiner les gens
de bien des façons… c’est une véritable fresque humaine qui nous est offerte !
Et en plus de ça, dites-vous bien que l’on ne s’apitoie pas
du tout, au gré des lignes et des pages. Au contraire, c’est vraiment un livre
de vie, qui raconte une très belle histoire. Cassiopée et Erwan deviennent des
amis, et le fait que le récit soit morcelé en différents temps autour du jour J
où tout a basculé, cela nous empêche d’en vouloir à Cassiopée et de l’appréhender
elle aussi dans toute sa beauté et sa complexité. On lit ses mots avec le recul
de ceux qui savent, et on se prend d’affection pour elle, parce qu’on réalise
la chance qu’on a eu de la connaître. C’est dingue, pas vrai ?
Madeleine Conraux a une très belle plume qui est déjà très
mature, très fluide et travaillée, pour son âge. Si je ne l’appréciais pas, il
est fortement possible que j’en serais jalouse, je l’admets. Pour autant, j’ai
franchement apprécié ce que j’ai découvert dans ces mots, toujours ce mélange
entre les opposés : simplicité et complexité, poésie et douceur avec
presque vulgarité (du moins, franc-parler) et dureté… c’est un alliage de
beaucoup de choses. Alors certes, il y a encore le souci des quelques coquilles
et des répétitions… néanmoins, c’est quelque chose qui va très vite se
rectifier, je n’en ai aucun doute !
Au niveau des valeurs, ce roman nous pousse à nous écouter
les uns les autres, à profiter de chaque instant que la vie nous offre, et surtout…
à chercher plus loin que le masque des apparences. Chaque être humain possède
de multiples facettes, et peut illuminer le monde à sa façon, pour autant qu’on
le lui permette. Toute histoire mérite d’être vécue, tout amour vaut la peine
qu’on se batte pour lui… même si on se trouve sur un fil tendu, au bord du
précipice de nos vies. Le bonheur est à portée de main…
Et bien sûr, il nous offre un autre regard sur ceux qui font
le choix de sauter, et d’arrêter. Il nous demande de ne pas en vouloir à ces
personnes, parce qu’on ne sera jamais dans leur tête… que tout est beaucoup
plus compliqué. Qu’en réalité, il y a tellement, tellement plus à raconter.
En conclusion, Elle s’appelait
Cassiopée est un excellent roman qui aura été une découverte juste géniale,
pour moi. Déjà, j’ai rencontré une jeune auteur fantastique, et ensuite, j’ai
plongé dans une histoire qui a tout de réaliste, d’atypique… porteur de
nombreuses qualités, notamment celle de nous offrir un autre regard sur le
suicide. Cette histoire n’est absolument pas l’histoire d’une fille qui se
suicide, mais celle d’une fille qui a vécu, qui a aimé et qui a tant aimé la
vie que ça en a été trop. L’apitoiement n’existe pas, là-dedans. On tranche
dans les émotions, on vit tout avec eux, avec Erwan et Cassiopée, et on referme
le livre en étant apaisé, heureux de les avoir rencontrés… On se sent chanceux
d’avoir pu lire pareil bouquin !
C’est d’ailleurs mon cas, et je tiens à remercier encore
Madeleine de cette formidable histoire, à la plume superbe ! Je garderai
cette version non éditée avec bonheur sur mes étagères, c’est clair ! Ce
sera donc un 19/20 pour moi !
(et pitiéééé, qu’un éditeur décide de le publier ! Pitiéééé !)
PS : pour ceux qui se sentent de foncer le lire, Madeleine publie (en tout cas en partie) son histoire sur Wattpad, juste ici : Elle s'appelait Cassiopée.
C'est nul denos donner autant envie alors qu'on ne peut même pas le lire ! 😁
RépondreSupprimerEn tout cas, s'il sort un jour, je m'en souviendrai, parce que ta chronique transpire l'enthousiasme !
Madeleine a eu de la chance de vous avoir eue pour voisine à Échevenex! Votre analyse est juste,positive et sincère et je ne doute pas qu'elle lui donne des ailes.
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