Layla Beck, une jeune
citadine fortunée, fille d'un puissant sénateur du Delaware, refuse d'épouser
le riche parti que son père a choisi pour elle et se voit contrainte d'accepter
un emploi de rédactrice au sein d'une agence gouvernementale. Elle n'a jamais
travaillé de sa vie, mais en ces temps de grande dépression, nécessité fait
loi. Sa mission : se rendre dans la petite ville de Macedonia, interroger ses
habitants hauts en couleur, et rédiger l'histoire de cette ville sur le point
de célébrer le cent-cinquantenaire de sa fondation. Elle prend pension chez les
Romeyn, des excentriques désargentés, autrefois propriétaires d'une grande
fabrique de chaussettes et autres articles de bonneterie – Les Inusables Américaines
– qui a été ravagée par un incendie plusieurs années auparavant. Ce drame, qui
a coûté la vie au grand amour de Jottie Romeyn, reste gravé dans les mémoires
et suscite encore bien des questions. Ce même été, Willa Romeyn, douze ans,
grande admiratrice de Sherlock Holmes, décide de tourner le dos à l'enfance et
d'utiliser ses dons de déduction pour percer les mystères qui semblent entourer
sa famille. De question en réponse, de soupçon en révélation, Layla et Willa
vont bouleverser le cours des choses, changer profondément et à jamais
l'existence de tous les membres de leur petite communauté, et mettre au jour
vérités enfouies et blessures mal cicatrisées.
J’ai (encore et toujours) trop de chroniques sur les bras !
Il est temps de mettre la seconde, donc c’est parti !
Le secret de la
manufacture de chaussettes inusables nous transporte à Macedonia, une
petite ville qui renferme bien des histoires, mais que l’on essaie un peu de
cacher… Layla Beck a été engagée pour réaliser un livre sur l’histoire de cette
ville. Désirant s’affranchir de l’autorité de son père, elle travaille pour la
première fois, et va atterrir chez les Romeyn, une famille un peu particulière
qui va pourtant l’aider à tirer les fils de l’histoire atypique de Macedonia.
Mais quels secrets seront-ils déterrés avec ça ?
J’avais tellement apprécié Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, et j’étais
curieuse de voir ce que ce nouveau roman d’Annie Barrows pourrait donner. Je ne
suis absolument pas déçue ! C’est une histoire qui prend son temps, dans
laquelle il faut apprivoiser chaque personnage au fil des pages et des lignes,
et qui pourtant sait nous attraper dès le début.
Concernant les personnages, d’ailleurs, j’ai eu beaucoup de
mal avec Layla Beck. Si cela a mieux été sur les dernières pages, j’avoue tout
de même que je l’ai prise en grippe dès le départ. Superficielle, bien que
déterminée, j’avais juste envie de lui grogner après. En revanche, j’ai
beaucoup apprécié la famille Romeyn dans son ensemble, sauf peut-être Felix
avec son caractère volage et ses mystères. Willa et Bird m’ont intriguée,
surtout Willa, et les sœurs Romeyn se sont avérées pleines de ressources, d’humour
et de ce petit truc qui fait une personnalité unique.
Très vite, on se rend compte que quelque chose ne tourne pas
rond, à Macedonia, et plus spécifiquement, qu’un truc cloche chez les Romeyn. Il
y a des choses qu’on a souhaité oublier mais qui pourraient bien resurgir.
Entre Willa et Layla, les deux vont se retrouver sur des pistes intéressantes
qui vont à la fois entraîner le lecteur sur les pas d’une ville qui a une
histoire que tout le monde revendique, et dans des souvenirs douloureux dont la
vérité a pu être dissimulée…
Il m’est en fait difficile de vous parler de l’intrigue,
dans laquelle l’histoire générale se mêle à une histoire plus personnelle. J’aime
beaucoup l’alliage qu’a pu faire Annie Barrows pour tisser tout ça, parce que
tout est imbriqué. Il y a des conflits de loyauté, des sentiments qu’on a tus,
des non-dits qui ont entraîné des quiproquos… c’est vraiment un ensemble qui a
de la teneur et qui prend le lecteur.
Après, je dois dire que ce n’est pas un roman qui satisfera
les amateurs d’aventure et d’action. C’est un peu comme une saga familiale :
ça prend son temps, mais une fois qu’on a le pied dedans, on plonge tout
entier. La narration est intéressante, puisqu’elle utilise plusieurs niveaux
(interne, externe, épistolaire), et assez douce. La plume est maîtrisée, et il
faut reconnaître le talent d’Annie Barrows pour adapter son style d’écriture au
personnage qu’elle suit. On se laisse porter, et sur la fin, quand tout va
éclater, on se cramponne à son bouquin !
Petite mention aussi pour la complexité émotionnelle des
personnages que l’on suit. Ce roman est une belle fresque humaine, avec les
forces et les faiblesses de chacun. On sent vraiment une consistance psychique
pour certains, et les personnages de Willa, Jottie et Layla ont été pour moi
très fascinants à découvrir (oui, même Layla que je n’aimais pas vraiment). J’ai
aimé leur unicité et tout ce qu’elles avaient à offrir.
Au niveau des valeurs, je crois qu’on peut parler du poids
de la vérité. De l’importance d’être honnête pour que chacun puisse se
construire en conséquence. Il y a une très belle réflexion sur la position de l’historien
et sur sa place dans l’Histoire, aussi. Le fait que Layla travaille sur un
récit auquel chacun doit apporter des détails peut amener à se demander quelle
valeur on accorde à un récit pareil. J’ai beaucoup aimé ce petit côté-là. l’amour
que l’on se porte est aussi très présent, dans ce qu’il engendre en termes de
loyauté, dans les choix qui sont faits ensuite. Et il y aurait bien évidemment
encore tellement de choses à dire à propos de ce roman pas si petit que cela,
au final !
En conclusion, Le
secret de la manufacture de chaussettes inusables a été un bon moment de
lecture pour moi. J’ai rencontré des personnages fascinants, qui ne laisseront
pas le lecteur indifférent, et dont l’histoire est vraiment mêlée à celle de la
ville de Macedonia. Annie Barrows a eu le don de créer une intrigue sur
plusieurs niveaux, avec des fils qui se croisent et s’entrecroisent
ingénieusement. Tout est lié, et c’est épatant à découvrir. Un bon moment au
calme pour moi qui en avais besoin ! Une réussite que je recommande, et ce
sera un 17/20 pour moi !
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