Tout s’annonçait
pourtant bien, en cette rentrée à la Sorbonne. J’étais acceptée dans la
prestigieuse Ecole Pratique des Hautes Etudes pour une thèse en langues
sémitiques et hébraïques.
La promesse d’années
d’études éclatantes, à moi les secrets des civilisations disparues ! Et puis...
Et puis Yann a débarqué dans ma vie. 50 ans, 1m80, yeux bleus, cheveux argent coupés ras, blouson de cuir, énorme moto.
Et puis Yann a débarqué dans ma vie. 50 ans, 1m80, yeux bleus, cheveux argent coupés ras, blouson de cuir, énorme moto.
Avec une histoire
invraisemblable de parchemins vieux de plusieurs millénaires à traduire, pour
lesquels il avait besoin de moi.
Parchemins qu’il
aurait piqués dans les réserves secrètes du Vatican. Oui, parce qu'en plus il
est prêtre !
Au début, j’ai cru à
un bizutage organisé par ma directrice de thèse. La traduction des parchemins
allait sûrement aboutir à « Bravo, Aurore ! » ou « Bienvenue dans les meilleures
années de ta vie ! »
Mais dans la
bibliothèque de l’université, le livre que je venais chercher a été détruit.
Et les deux bibliothécaires
atrocement torturés avant d’être tués, par une créature terrifiante qui
m’appelle « Aurore chérie » et m’explique que nous allons faire équipe.
Moi, je ne suis pas
croyante, Dieu et les anges, ça ne me dit rien. Mais je le sais maintenant, les
démons, eux, existent.
Et le pire d’entre
eux, Asmodeus, un des rois de l’Enfer, vient de m’obliger à faire alliance avec
lui.
Retour sur un roman assez atypique, mais fidèle au style de
son autrice !
Dans Aurora, nous
nous embarquons aux côtés d’Aurore, une jeune femme qui va effectuer sa rentrée
à la Sorbonne, afin de réaliser une thèse. Elle est bien loin d’imaginer que son
quotidien va être totalement chamboulé par ce prêtre qui lui apporte des
documents à traduire. Elle qui croit à une grosse blague va vite être démentie :
elle est désormais impliquée dans une quête surréaliste qui mêle anges et
démons. Sauront-ils survivre pour arriver jusqu’au bout ?
Je dois avouer que j’étais très curieuse de lire ce bouquin
de Roxane Dambre. Je l’ai découverte il y a de cela plusieurs années, et j’avais
fondu pour Animae, puis pour Scorpi. C’est un fait : j’aime ce
qu’elle écrit, et quand la couverture et le résumé d’Aurora sont parus, j’ai été immédiatement intriguée. Pour une
raison très simple : je suis croyante, et le domaine de la religion me
touche assez. Je voulais savoir ce qu’elle en avait fait. J’ai été surprise,
mais pas déçue du voyage !
Dans cette nouvelle fiction, toujours de genre fantastique,
nous avons Aurore, une jeune femme à l’apparence banale, mais qui va s’avérer
bien plus que cela au fil des pages (sinon, c’est pas drôle, évidemment !).
Spécialiste en langues anciennes, elle a ce petit côté comique et innocent que
possèdent la plupart des héroïnes de Roxane Dambre. Elle n’en reste pas moins
intelligente, et elle sera une clef importante dans l’intrigue.
À côté d’elle, nous retrouvons deux personnages secondaires
importants : Yann, le prêtre, et Asmodeus, l’un des démons rois des
enfers. Compagnie assez hétéroclite, mais qui va susciter beaucoup d’échanges
et de réflexion. Yann est un homme plein de ressources, fort dans sa foi et
franchement sympathique. Difficile de ne pas l’apprécier ! Quant à
Asmodeus, si l’on finit par l’apprécier pour de multiples raisons, on ne peut
jamais s’empêcher de s’en méfier. Après tout, c’est un démon, hein. On va pas
non plus pousser Mémé dans les orties !
La quête du roman est pour le moins originale. Pour ceux qui
côtoient les récits bibliques ou en ont une connaissance à peu près générale,
elle semble logique. Je dis pas qu’elle est réaliste, mais l’idée peut être
amusante dans le contexte d’une fiction. Il faut que je précise d’ailleurs ici
que, moi qui suis très frileuse avec la fiction concernant la religion, je n’ai
pas du tout été dérangée par ce que j’ai trouvé. Si je ne suis pas forcément d’accord
avec l’hypothèse soulevée, et encore moins avec ce que la fin du roman laisse
entendre, j’ai trouvé ma lecture rafraîchissante, et j’ai admiré bon nombre de
réflexions et d’échanges entre les personnages.
Oui, admiré. Parce qu’on sent que Roxane Dambre s’est
renseignée sur le sujet. Elle a une connaissance du milieu, des têxtes, ce qui
fait que la dynamique de parole entre les personnages, dans leurs interactions
en fonction de leur contexte d’origine est tout à fait naturelle. Les sujets
abordés n’entrent pas en discorde avec ce qu’on connait. Au contraire, l’autrice
nous offre de belles ouvertures sur bien des sujets fondamentaux de l’Eglise,
et bien évidemment, sur le Bien et le Mal. D’ailleurs, chapeau, Roxane, pour
avoir réussi à faire d’Asmodeus un personnage aussi… nuancé. Parce que rien n’est
blanc ou noir, dans notre monde !
Le récit nous tient en haleine, puisque tout se passe dans
un très court laps de temps : à peine quelques jours. Les rares temps de
pause servent à faire avancer la réflexion, à plonger un peu plus Aurore dans
ce monde qui lui est inconnu. Et à débloquer la suite aussi ! Les
rebondissements sont nombreux, les rires au rendez-vous, et encore une fois, on
réfléchit sans se prendre la tête. Il y a de très bons éclairages, vraiment !
(oui, j’insiste dessus, mais ça me paraît important)
La plume de Roxane Dambre est toujours aussi fluide et
légère. S’ajoute ici la complexité du domaine théologique qu’elle a réussi à
retranscrire sans que cela soit incompréhensible et inatteignable. Savoir créer
un pont crédible entre le réalisme et la fiction n’était pas évident dans cette
intrigue, et elle s’en est très bien sortie. Elle a de même réussi à capter les
personnalités de chacun, leurs émotions et leurs enjeux avec brio, et c’est
vraiment chouette à lire, d’autant que nous avons droit à plusieurs points de
vue dans le récit, et ça, je trouve ça toujours excellent !
Au niveau des valeurs, je pourrais dire que ce roman nous
invite à voir la religion (catholique) sous un autre angle, de même que, de
façon plus générale, le Bien et le Mal. Je trouve qu’Aurora ouvre beaucoup de portes de compréhension, pour ceux qui
sont éloignés de tout ceci. La foi est aussi un élément très important, et j’ai
trouvé assez amusant ce qui a été fait à partir de la parabole de la graine de
moutarde, même si… on n’est pas encore à ce stade de réalisation, en réalité,
hein ! Beaucoup d’éléments sont transversaux, tout comme la figure d’Asmodeus
qui nous montre que les démons, le Mal se cachent sous différentes figures. De quoi
cogiter ensuite un moment ! Mon seul point un peu… pas négatif, mais
mitigé, on dira, c’est sur la fin. Si j’ai bien compris, euh… non, hein, j’suis
pas trop d’accord aha.
En conclusion, Aurora aura
été une chouette lecture. J’aurais été moins emballée que pour Animae et Scorpi, mais le sujet m’aura véritablement intéressée et embarquée.
Les thématiques de religion sont abordées avec justesse, de quoi ouvrir des
portes de compréhension multiples sur quelque chose de souvent controversé
aujourd’hui. À cela s’ajoute une intrigue dense et bien ficelée, mêlant fiction
et réalisme avec brio ! Les personnages sont attachants (enfin, surtout
Yann, Aurore et les anges, pour ma part) et riches dans leurs caractères et
émotions. Il y a juste la fin qui me laisse un peu… mitigée. Mais sinon, c’était
une chouette lecture, vraiment, et je la conseille ! Ce sera un 17/20 pour moi et merci, Roxane !
Vivement ton prochain livre !
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