mercredi 6 juillet 2016

Un merci de trop (Carène Ponte)

S’il fallait décrire Juliette en un seul mot, transparente serait sans nul doute le bon. Oui, c’est ça, transparente.
Depuis qu’elle est toute petite Juliette a toujours fait ce que l’on attendait d’elle. Pour ne pas déplaire, pour ne pas décevoir. Mettant de côté ses rêves et celle qu’elle est vraiment. Résultat, à 30 ans, elle mène une vie sans relief et ennuyeuse au possible. Une vie dans laquelle choisir entre lasagnes et sushis est un événement.
Pourtant, elle se sent de plus en plus à l’étroit dans cette vie, dans cette peau.
Elle a envie de crier qu’elle n’est pas cette fille sans personnalité.
Elle a envie d’aborder celui qu’elle croise tous les jours dans son immeuble. Pour lui dire qu’il lui plait.
Et par-dessus tout, elle a envie d’enfin réaliser son rêve, celui de devenir écrivain.
Il n’est jamais trop tard pour devenir soi. C’est ce que va découvrir Juliette au détour d’un merci, un merci de trop. Même si elle est loin d’imaginer ce qui va en découler !

Un merci de trop me promettait un bon moment de fraîcheur et apparemment quelques fous rires. Je peux vous assurer que j’ai bien souri et que ce roman est parfait à lire en été ! (ou à n’importe quel moment de l’année pour un instant légèreté !)

Ce roman est l’histoire de Juliette, qui, jusqu’à ses 30 ans, va se conformer à l’image qu’elle a toujours entretenue pour faire plaisir à ses parents. Exit les délires, les désirs : tout est refoulé pour rester sage et posée. Sauf qu’au détour d’un merci qui sera la goutte d’eau qui fera déborder le vase, Juliette va enfin s’exprimer, dévoiler la véritable femme qu’elle est : un peu fofolle, pleine de rêves et prête à vivre sa vie sans se restreindre. Elle n’avait juste pas prévu que toute sa vie allait en être radicalement chamboulée…

Ce roman est définitivement une bonne découverte et une surprise. Je m’attendais à ce que Juliette fasse une véritable révolution dans sa vie, s’affirme enfin selon son réel caractère, je ne m’attendais pas à ce que la révolution soit ainsi. Oui, parce que ce bouquin aborde des sujets assez durs, mine de rien. Je n’ai pas envie de vous gâcher le suspense, alors je ne dirai rien, mais même sur un ton très léger, on en vient à des thèmes qui le sont beaucoup moins.

Ah, le ton très léger. Voilà un des grands points forts de ce roman : la plume de l’auteur, à la fois sarcastique, fluide et pertinente. Il y a des moments plus superficiels, d’autres plus existentiels, des passages émouvants, d’autres très drôles… assurément, ce bouquin nous fait traverser plusieurs moments et parvient à nous toucher de différentes manières. J’ai beaucoup apprécié !

Ce qui est assez appréciable aussi, c’est que le roman est court. Il se lit d’une traite, pour une immersion totale, alors que l’histoire se déroule sur plusieurs mois. Et on a l’impression de ne pas voir le temps passer ! (tant dans la vraie vie qu’au milieu des pages) Carène Ponte a pour moi bien su gérer les temps de son intrigue, pour nous accrocher et s’attarder sur des moments-clefs.

En dehors de ça, il faut bien admettre que certaines situations sont réellement cocasses. Juliette, une fois sortie de sa coquille, a vraiment le don de se flanquer dans des quiproquos outrageusement comiques. Et le pire, c’est qu’on a parfois la sensation qu’elle enfonce d’elle-même le clou ! Sa meilleure amie, toute pimpante et rigolote même si mature sous bien des aspects, permet un contraste saisissant avec Juliette qui n’en devient que plus drôle.

Ah, les personnages ! J’ai beaucoup apprécié Juliette, dans laquelle – je pense – beaucoup de femmes pourront se retrouver. D’abord effacée, elle prend ensuite sa place, s’autorise à exister et commet des gaffes monumentales comme on pourrait toutes en faire sous le coup de la pression. Pourtant, elle avance, elle assume ses responsabilités et parvient même au bout de certains de ses rêves. On deviendrait bien amie avec elle, c’est certain !
Quant à sa meilleure amie, que j’ai déjà décrite plus haut, je l’ai aussi beaucoup appréciée. À dire vrai, elle m’a fait penser à la mienne, même si elles sont différentes. C’est le genre de copine à vous embarquer dans des plans foireux, à vous booster pour changer votre vie et surtout, la première que vous appelez quand vous avez fait une connerie. Comment voulez-vous ne pas l’apprécier ?
Enfin, il y a quelques personnages masculins, et surtout le perso dont je tairai le nom, très chou, un peu trop réservé presque, parfois, mais qui nous file des papillons, nous fait rêver et possède lui aussi un caractère bien trempé (mine de rien).

Je dois vous avouer que j’ai complètement craqué sur la fin du roman, totalement en accord avec la fleur bleue que je suis, après des moments non moins prenants et justes, réalistes. Les choix présentés dans cette intrigue sont loin d’être évident, et Carène Ponte parvient malgré tout à nous les décrire, nous les apporter en peu de mots avec justesse. C’est un roman sans prise de tête, quoi !

Autre gros plus : toutes les références de sites et marques (fictives ou non) que l’on peut retrouver. Pour le coup, je peux vous dire que là aussi, vous risquez de vous marrer ! Entre les petits commentaires Doctissimo ou les sites de rencontres qui n’en sont pas vraiment, là, l’auteur a topé dans le mille.

Enfin, le point que j’ai l’habitude de soulever : les valeurs. Si vous saviez comme j’ai apprécié que Juliette assume la responsabilité de certains trucs ! Ceux qui ont lu comprendront. Les autres… plus qu’à vous lancer ! Autrement, je parlerai de pardon accordé, de suivre les principes qui nous permettent d’avancer, la volonté de vivre ses rêves, ou au moins d’essayer, d’être soi et non pas quelqu’un pour les autres… je trouve que ce roman nous fait voyager, nous fait rêver, mais il nous parle aussi de façon intelligente par rapport à notre société.

En conclusion, Un merci de trop est une aventure fraîche, originale, légère même si elle aborde des sujets dont on ne se douterait pas du tout au premier abord. Il nous embarque pour nous faire oublier le monde tout en nous parlant de choix, de responsabilités et de vie qui vaut la peine d’être vécue. On rit, on compatit, on souffre, parfois, pour finir par laisser place à la joie, à la sensibilité et c’est juste parfait, ou presque, quoi ! Ça se lit facilement, avec une plume qui sonne avec justesse. Génial, non ?
Alors je vous conseille sincèrement cette lecture détente, plaisir et surprise. Ce sera donc un 18/20 pour moi !

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