Tome 1 : Le Serpent et la Perle
Rome, 1492. La belle
Giulia Farnese épouse le jeune et séduisant Orsino et croit que la fortune lui
sourit. Mais elle découvre avec stupeur que son mariage n'est qu'un leurre,
orchestré par l'influent cardinal Borgia, bien décidé à en faire sa concubine.
Enfermée dans une
prison dorée, espionnée par les serviteurs, Giulia peut compter sur le soutien
de Leonello, un cynique garde du corps qui poursuit de sa vengeance un
mystérieux tueur, et de Carmelina, cuisinière irascible au passé secret.
Tandis que la
corruption grandit au Vatican et que le nombre de leurs ennemis ne cesse de
croître, Giulia et ses acolytes doivent faire preuve de ruse pour survivre dans
le monde des Borgia. N'est pas intrigant qui veut...
Il est possible que ceux qui ont vu ce livre passer dans
leur fil d’actualité se soient posé des questions : les Borgia ne sont en
effet pas forcément les personnages sur lesquels je pouvais me pencher de prime
abord ! Et pourtant…
Le Serpent et la Perle
nous embarque au 15ème siècle, auprès de Giulia, une belle jeune
femme qui va être mariée à Orsino, avant de s’apercevoir que ce mariage n’a été
réalisé que pour couvrir les intentions du cardinal Borgia, qui veut faire d’elle
sa concubine. Décidée à lui résister, Giulia s’apercevra qu’elle vit désormais
dans un monde de machinations perpétuelles, et sa détermination pourrait bien s’effriter.
Près d’elle, assurant un soutien et une sécurité certaine, Carmelina œuvre en
cuisine en portant un terrible secret qu’elle craint de voir éventé, et
Leonello la protège de son mieux, lui le nain au cynisme avéré et aux lames
sifflantes… jusqu’où iront-ils au milieu de ce monde corrompu ?
Alors, c’est vrai, les Borgia ne sont pas des personnages
historiques qui m’attiraient de prime abord. Les séries télé, l’intérêt pour
eux ne m’a pas réellement contaminée quand on a commencé à orienter les
projecteurs dessus. La raison en est simple : moi qui suis portée sur la
religion, je n’aime pas l’image qu’ils renvoient de l’Église. Néanmoins, quand
j’ai vu que Kate Quinn avait écrit un roman dessus, j’ai été intriguée, parce
que le travail de cette auteure me plait beaucoup. Ça, et le fait que dans le
résumé, on parlait de résistance. L’héroïne refusait ce rôle de concubine et
cette perspective me convenait plus que parfaitement !
Soyons honnêtes. Je suis déçue de ce que j’ai trouvé, sans
réellement l’être. Parce que si le résumé nous vend une héroïne qui résiste,
elle ne le fait qu’au début. Elle se laisse ensuite attendrir pour devenir la
concubine du cardinal qui deviendra le pape. Je vous laisse imaginer la tête
que j’ai pu faire quand j’ai vu ça… Non seulement il y a une différence d’âge
de quarante ans (au bas mots) entre les deux, mais en plus, c’est le pape. Quand
je lisais ça, il y avait comme un blocage, c’est vrai. Pour autant, le lecteur
s’attend à ce qu’à un moment, elle succombe (hélas).
Je ne peux pas dire que je n’ai pas apprécié ma lecture, c’est
faux. Je me suis laissée prendre au jeu dans une certaine mesure. Je ne
cautionnais pas ce que je lisais, mais Kate Quinn a créé des personnages assez
uniques et aux personnalités fortes. Carmelina, Leonello et Giulia forment un
trio assez atypique et semblent en constante évolution. La cuisinière au passé
indicible m’a pas mal plu, pour son caractère très spontané et un peu rugueux.
Leonello est un personnage qu’on a du mal à cerner, mais qui est très riche
bien que parfois cruel. Il m’a intriguée.
Concernant Giulia, j’ai été un peu… désarçonnée, disons. Je
n’ai pas forcément suivi ses choix, et elle m’a paru un savant mélange d’humilité
et de vanité. J’ai apprécié quand elle a résisté au cardinal, puis quand elle a
décidé de reprendre sa vie en main, en se fichant des conséquences sur le pape.
Là, oui, elle devenait pour moi une femme forte que j’appréciais de suivre. Autrement,
je fronçais un peu les sourcils et je plissais le nez. Mais ça, c’est par rapport
à mes principes et ma sensibilité. Je pense que d’autres apprécieront le
personnage de Giulia avec plus de ferveur que moi !
En dehors de ceci, l’intrigue est bien pensée, puisque nous
évoluons grâce à plusieurs personnages : le trio que j’ai déjà mentionné.
De plus, l’histoire ne tourne pas seulement autour du pape et de sa concubine,
mais aussi autour d’une histoire de meurtres sanglants qui devient de plus en
plus importante au fil des pages. Sans compter le secret de Carmelina qui se
dévoile dans les dernières pages ! Le lecteur ne peut que se demander
comment Kate Quinn va faire pour arranger son roman afin que tout prenne sens.
C’est ça qui m’a agrippée, aussi. Les dernières pages me donneraient envie de
lire la suite, mais je pense que j’en ai eu assez pour le moment. Je m’y
pencherai peut-être plus tard… peut-être.
Au niveau de la teneur historique, on sent que notre auteure
s’est renseignée et qu’elle a inclus des détails précis pour mieux immerger son
lecteur. J’avoue avoir souri en lisant la liste des ingrédients utilisés par
Carmelina dans sa cuisine, les plats qu’elle concoctait, ou encore les soins
naturels utilisés par Giulia pour se faire belle. Ce sont de petites touches
qui offrent au récit une richesse vraiment intéressante. Ça et le contexte
politique qui nous est aussi présenté avec précision.
L’écriture est fluide, on switche entre les personnages sans
aucune difficulté, découvrant l’histoire sous différents angles avec des
éléments nouveaux et uniques provenant de chacun. Le tout monte en puissance au
fil des pages, et on s’attache plus ou moins à chacun, arrivant sur la fin dans
une situation clairement inattendue par rapport au début du roman, même si nous
avions été prévenus bien des fois dans les discussions en apparence
anodine. Le récit n’est pas pesant, même si parfois, on a envie que ça avance
plus vite, surtout si l’on n’est pas forcément en accord avec le personnage que
nous suivons !
Concernant les valeurs, il va sans dire que la liaison entre
le pape et sa concubine (alors qu’elle est mariée) m’a vachement refroidie.
Néanmoins, on voit dans ce bouquin qu’on ne peut jamais juger un être humain
sur quelques faits, comme on peut le voir aussi avec Carmelina et Leonello qui
sont pétris d’un passé assez sombre. Chacun porte du bien et du mal en lui, et
choisit chaque jour d’avancer dans sa vie selon sa conscience. Je trouve ça
chouette, quelque part, parce que cela nous montre que l’Histoire n’est pas qu’une
succession de faits et que si on se permet de juger les figures qu’on nous
montre a posteriori, ou même dans l’actualité, ils sont tellement plus que ce
que l’on veut nous montrer. Je pense que c’est ce que je tire de plus de ce
bouquin.
En conclusion, Le
Serpent et la Perle a été une lecture assez différente de mes habitudes. Ce
n’est pas une déception, mais on n’en est pas loin, vu que je n’ai pas vraiment
apprécié les choix de l’héroïne. La mosaïque des personnages est très
intéressante et nous propose de belles pistes de réflexions sur le passé ou l’actualité,
une fois qu’on a pris du recul. Cela dit, même si j’ai eu du mal avec la
relation Giulia/Rodrigo Borgia, je me suis laissée prendre au jeu et j’ai
découvert une intrigue assez riche en détails et en surprises sur la fin du
roman.
Ce sera donc un 15/20
pour moi, parce que je n’ai pas vraiment accroché aux Borgia, mais plutôt au
talent de Kate Quinn !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire