Ici vous attendent six
mini-romans (récits courts et musclés) issus du monde de l'Étoile, aux terres
rougies des batailles.
Découvrez un univers
de fantasy guerrière et bigarrée où se côtoient la lumière des sentiments
héroïques et la peur de verser son sang sur l'autel sombre du sacrifice.
Suivez l'aventure
humaine de braves au carrefour de l'extraordinaire. Vibrez avec un archer
mercenaire dans la Gloire Écarlate (2è meilleure vente Kindle en 2014). Plongez
dans l'histoire d'un être amphibie avec Par-delà les Ondes.
Vivez dans la peau du
chef d'une bande de coupe-jarrets avec les Corbeaux de Merreng. Fuyez avec le
très recherché fils d'un traitre à la nation et meurtrier d'un prince avec Dans
son Ombre. Incarnez un ivrogne vengeur dans Vous Mourrez Tous ! Enfin, survivez
cinq jours auprès d'une poignée de rescapés au rythme d'une horreur équipe dont
personne (surtout le lecteur) ne revient indemne dans Le Dernier Bastion (nommé
pour le Prix du récit fantasy 2017).
Well ! On dirait que j’ai peu de motivation à taper mes
chroniques, ces derniers temps, mais je vais me rattraper avec cet avis sur un
bouquin très riche !
Les Chroniques
Écarlates est un livre rassemblant six mini-romans qui se déroulent tous
dans le même univers de fantasy. Un monde sombre, bercé par les mêmes valeurs
que les nôtres, aux codes parfois différents, et aux destins qui se croisent et
s’entremêlent. De l’être amphibie différent des siens au vieillard qui tente de
se racheter une conduite, le lecteur voyage dans des histoires qui ne font pas
de quartier !
Si vous suivez le blog depuis un moment, vous vous souvenez
peut-être que j’avais déjà lu et chroniqué en détail La Gloire Écarlate ainsi que Par-delà
les Ondes. J’avais beaucoup apprécié. Entre le style d’écriture très
affirmé et détaillé de Fabrice Pittet, et ses histoires aux intrigues poussées
et prenantes, j’avais été agréablement surprise. J’ai donc relu avec joie les
deux premières histoires, avant de me laisser transporter dans les quatre
suivantes.
Force m’est d’avouer que j’ai ressenti une tonne d’émotions.
Je me suis attachée à plusieurs, selon ce qu’ils faisaient, comme Dans son ombre, qui parle d’un homme qui
va s’attacher à une femme et essayer de la protéger, elle et sa fille. Fleur
bleue un jour, fleur bleue toujours ! Pour autant, j’ai aussi apprécié le
vieillard dans Vous mourrez tous !,
qui pourtant n’était pas un modèle de vertu mais cherchait à se racheter après
une vie difficile.
J’ai retrouvé la richesse de l’univers de cet auteur
genevois, que nous entrapercevions dans les deux histoires que j’avais lues
avant le recueil. Je suis toujours aussi admirative de ce qu’il a réussi à
construire et de l’imaginaire qu’il a mis en place, sans compter les trajets de
vie qu’il a composés dans ce contexte. On s’y croirait vraiment ! Ce n’est
pas très long, sauf que le moment est choisi, et le lecteur ne ressent pas de
frustration quand il quitte les héros.
Parce que oui, je pense qu’on peut parler de héros. Tous n’ont
pas des valeurs exemplaires comme leitmotiv pour avancer, on ne peut toutefois
leur retirer le fait qu’ils avancent en se basant sur leurs principes. Ils
croient, et ceci leur permet de poursuivre leur existence, ou d’y donner sens.
Dans les Corbeaux de Merreng,
clairement, le principal bandit n’est pas un exemple à suivre. Pourtant, son
mode de vie et de pensée nous pousse à réfléchir sur la subjectivité de chacun,
sur nos notions du Bien et du Mal dans nos propres sociétés. Chaque
protagoniste a sa pierre à apporter.
Je pense qu’avec ces dernières lignes, vous pouvez
entrapercevoir quelque chose de fondamental pour moi dans ce bouquin :
chaque mini-roman nous parle de la société actuelle. Chacun peut nous faire
réfléchir sur des problèmes d’actualité assez brûlants, parfois. Il y a la
déficience, ou ce qui est considéré comme tel, il y a la déviance (ne pas
suivre le chemin demandé ou espéré, ne pas être à la hauteur des attentes,
notamment), la résistance au prix de sa vie, l’horreur de la guerre… l’univers
de Fabrice Pittet est pour ceci d’une violence parfois déroutante qui ne va
pourtant pas sans rappeler des choses que nous connaissons dans nos guerres.
Nous abordons là un point qui m’a un peu gênée, sans que je
puisse en faire de reproche à l’auteur : la violence. La profusion de
détails sur les créatures horrifiques m’a forcée à sauter quelques lignes (c’était
tellement bien décrit que je voyais la bestiole alors que je m’en serais bien
passée), et les détails guerriers dans les combats ont certes ajouté au suspens
des scènes, mais parfois, j’avais du mal à déglutir. C’est en cela que je dis
que l’auteur ne fait pas de quartier. La chose sensible que je suis a eu un peu
plus de mal.
J’ai eu aussi un peu de mal avec l’imaginaire un peu trop
effrayant parfois (si je vous parle de Sorcier des Charognes, tremblez, pauvres
de vous !), bien que je reste admirative de tout ce que Fabrice Pittet a
su mobiliser comme connaissances et inventivité pour composer tout ceci. L’univers
en soi possède de nombreux ponts entre les histoires qui me fascinent, vraiment !
C’est hyper amusant de faire des liens entre les historiettes et d’avoir envie
de pousser des exclamations surprises en réalisant quelque chose.
Cela me pousse à déclarer aussi qu’on sent qu’il y a un vrai
travail de structure et de précision dans ces mini-romans. Même dans la plume,
il y a du boulot, rien n’est laissé au hasard. Du coup, le lecteur se sent
maintenu tout au long du bouquin. S’il ressent de l’incertitude, c’est pour les
personnages, parce qu’il partage ce qu’ils vivent. L’empathie est présente,
même quand les protagonistes ne sont pas des « gentils ». Personne n’est
tout blanc ou tout noir, c’est à nous de nous faire notre propre avis.
Au niveau des valeurs, comme je l’ai précisé, il y a pas mal
de trucs à en tirer. La miséricorde est abordée, le refus de la fatalité aussi,
le dépassement de soi et de ses craintes, surtout… on apprend aussi à changer
son point de vue et à se mettre dans le regard de l’autre. La fidélité est une
notion importante, le renouveau aussi et le combat pour la justice peut se
retrouver. Je crois que chaque personnage nous montre que pour vivre… il faut
donner un sens à son existence, une raison de continuer. Qu’elle soit bonne ou
mauvaise, c’est ce qui nous maintient et nous permet de trouver la paix au final.
En conclusion, même si j’ai été un peu malmenée
émotionnellement par une violence et un univers horrifique parfois trop
détaillés pour moi (surtout dans Le
Dernier Bastion, qui parle pourtant de beaux sacrifices), Les Chroniques Écarlates nous embarquent
dans des histoires prenantes et très riches. Riches par l’imaginaire, par les
intrigues qui se nouent et se recroisent au fil du bouquin, et par les
personnages qui ne manquent pas de nous faire réfléchir sur des points d’actualité
aussi. C’est un ouvrage qui mérite qu’on s’y attarde, mais attention aux âmes
sensibles comme la mienne !
Ce sera donc un 18/20
pour moi ! Bravo Fabrice, et merci !
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