On disait éteinte la
race des griffons, ces créatures mythiques menées par les danseurs d’orage.
Pourtant, Yukiko et son père reçoivent l’ordre d’en capturer un pour le cruel
shogun des îles de Shima. Contre toute attente, ils y parviennent, mais Yukiko
se retrouve perdue dans une forêt sauvage, avec pour seule compagnie un griffon
mutilé qu’elle nomme Buruu. Unis dans l’adversité, la jeune fille et l’animal
s’entraident. Yukiko serait-elle la véritable danseuse d’orage, ultime espoir
du peuple ?
Aujourd’hui, je vais vous parler de cette intégrale,
regroupant 3 tomes, représentant entre 1500 et 1600 pages, grosso-modo, que j’ai
lue en… une semaine. Truc de fou !
La Guerre du Lotus
nous embarque dans une épopée où le Japon est une terre dévastée par la culture
du lotus. La cause semble perdue, mais le shôgun l’a ordonné… Yukiko et son
père doivent se lancer dans la traque d’un arashitora, alors que tous les
griffons sont réputés disparus. Voilà pourtant que l’un d’eux croise leur
chemin, et le lien qui va se créer entre la fille Kitsune et la fantastique
créature pourrait bien faire renaître de vieilles légendes… et changer à jamais
la face du pays de Shima.
Épique. Juste épique. Ce sont les premiers mots qui me
viennent à l’esprit pour désigner cette trilogie. J’ai tout lu d’une traite !
Pour vous dire, même en mangeant, ma liseuse restait sur la table et je n’en
décrochais pas les yeux, ou presque. J’étais à fond !
Ce roman nous plonge dans un univers assez sombre où la
guerre fait rage en dehors des frontières, le peuple est brimé, oppressé, et l’air
est étouffant. Les chances d’épanouissement sont légèrement minimes, et Yukiko
le sait. Elle n’a pas été épargnée par la vie, et c’est elle qui veille sur son
père, le chasseur du shôgun. Elle vit sa vie comme elle peut, entre soumission
et révolte interne. Trouver un arashitora ? La blaaague ! Pourtant,
lorsqu’elle le rencontre et que le lien s’établit entre eux, toute son
existence est à jamais bouleversée.
Tout au long de la saga, l’univers reste sombre, puisque
désormais, la guerre se pointe même dans le pays de Shima. Yukiko doit faire
face à de nombreuses tragédies, à une révolution qui menace d’imploser, et avec
ça, petit lecteur que nous sommes, nous suivons aussi d’autres personnages
importants dans l’intrigue qui ne vivent pas non plus au pays des Bisounours. Parfois,
c’est pesant. Parfois, c’est lourd, comme quand on vit en guerre, dans un pays
dévasté. Jay Kristoff l’a parfaitement bien retranscrit. Pourtant…
Pourtant, avec Yukiko et Buruu, l’arashitora, l’horizon n’est
plus aussi sombre. Déjà parce que l’arrivée de cette créature est déjà énorme,
que la relation qui va s’instaurer entre eux est encore plus énorme, et que
comble du combre… le griffon possède un humour extraordinaire. C’était du grand
kiff, je vous promets ! Ça
vous donnait une bouffée d’air, une aide pour avancer alors que tout s’assombrissait
dans l’intrigue.
Parce que oui, tout au long de ces 3 tomes, Jay Kristoff n’y
va pas de main morte (aaaaah, non). Ça meurt, ça souffre, ça se bat… j’en
passe. C’est un univers parfaitement réaliste de guerre, de complots et de
méchants violents et manipulateurs. L’apparition de héros à moitié cabossés qui
font ce qu’ils peuvent pour s’en sortir tient à la fois du miracle et d’une
fatalité qu’on apprécie. Tous ceux que nous croisons se prennent de grosses
claques et souffrent. Pour autant, leurs souffrances ne sont pas inutiles :
ils savent grandir et avancer.
Pour ça, Yukiko est une héroïne de dingue. Elle est toute
jeune, possède un caractère bien trempé et parfois, elle a un côté noir qui
fait un peu flipper. Mais elle possède aussi beaucoup de fractures, de
fragilités qui vont la faire vaciller dans ses choix, et qui font d’elle un
personnage qu’on apprécie. Ce sont ses fractures, ses peines, ses incertitudes
et sa détermination, les actes qu’elle posent – oui, tout cet amalgame et plus
encore –, qui font qu’elle nous paraît sympathique et qu’on s’attache à elle. Sa
destinée est difficile. C’est une véritable warrior. Mais sans Buruu, elle n’irait
nulle part, et c’est le duo qui rend toute l’histoire juste incroyable. Chacun influence
l’autre dans son cheminement, et c’est pas toujours évident.
Tous les personnages du roman connaissent une évolution
plutôt sympathique à suivre (quand ils ne meurent pas, évidemment), même si on
passe souvent par des axes douloureux. Tout au long des trois tomes, alors que
s’engage la Guerre du Lotus (dont on ne comprendra les réels tenants et
aboutissants que dans la fin du tome 3), chacun évolue et grandit. Le côté
psychologique a été très bien traité, parce que Jay Kristoff a inclus toutes
sortes de voies. Bon, il y en a beaucoup qui demandent de sérieux coups sur le
crâne, m’enfin… c’est un super bon point !
Niveau intrigue, à partir du moment où l’arashitora est dans
la place… laissez tomber, vous êtes dedans et pour de bon ! Parfois, on a
envie de s’oxygéner, parce que c’est dense et qu’encore une fois, l’univers est
globalement sombre. Mais plus ça avance, plus ça se complique, les révélations
vous scotchent, ça devient épique et… bref. On est vraiment dans une épopée. Je
salue pour ça le talent de Jay Kristoff qui a su monter une histoire aussi
complexe (mais accessible) et avec autant de retournements sur trois tomes. Il y
a eu des moments où je me suis demandé « mais pourquoi on suit ce mec ? »,
jusqu’à comprendre comment son chemin recroisait ensuite celui des autres. C’est
tout une construction assez incroyable.
Je n’aurai pas grand-chose à dire de la plume, vous
ressentez que j’ai aimé les pointes d’humour (les répliques de griffon sont
sérieusement à glousser tout(e) seul(e) devant son bouquin), l’expression des
ressentis… après 1600 pages, il est dur de revenir à la plume. Elle se fond
dans l’histoire et on s’y croit. Les paysages, les évènements… tout. On croirait
même parfois à un arrêt sur image, comme en film.
À propos des valeurs, Yukiko nous offre une belle fresque d’amour.
Son combat est très difficile, et le pardon n’arrive pas toujours aisément,
mais elle se bat par amour, et son lien avec Buruu est incroyable pour ça. Et
inversement, en fait. Toute la saga nous montre l’importance de la foi en ceux
que nous aimons, l’importance de leur faire confiance quoi qu’il advienne, même
contre les apparences. C’est très dur. Mais c’est beau. L’esprit de sacrifice,
de lutte pour le bien commun est aussi très fort. Le contexte de guerre amène
beaucoup de choses, et je pourrais épiloguer encore longtemps. Yukiko incarne
tellement dans le roman, dans l’univers, mais elle nous rapproche de notre
humanité. Nous pouvons tous être des héros si nous décidons d’agir selon notre
conscience.
En conclusion, La
Guerre du Lotus aura été une découverte de dingue. Cette saga est épique,
presque un peu trop sombre à mon goût, mais très prenante et dotée de
nombreuses qualités. Le côté imaginaire est incroyable, la psychologie des
personnages est travaillée, on sent une véritable évolution, et l’intrigue se
déploie de façon géniale, insoupçonnée, dans un contexte, une culture qui ont
tout de fascinant. D’autres après moi seront fascinés par Buruu et Yukiko, par
cette guerre plutôt réaliste mais tellement dévastatrice, ainsi que par tout ce
qui plane dans ce roman. Qui veut une épopée avec un griffon ? C’est par
ici ! Je vous recommande les trois tomes, et ce sera un… mmh, 17/20 pour toute la saga !
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