vendredi 17 mai 2013

La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert (Joël Dicker)

 À New York, au printemps 2008, lorsque l'Amérique bruisse des prémices de l'élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d'écrire le nouveau roman qu'il doit remettre à son éditeur d'ici quelques mois.
Le délai est près d'expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d'université, Harry Quebert, l'un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.
Convaincu de l'innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l'enquête s'enfonce et il fait l'objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s'est-il passé dans le New Hampshire
à l'été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?
Sous ses airs de thriller à l'américaine, La Vérité sur l'Affaire
Harry Quebert est une réflexion sur ll'Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.

Certains d'entre vous ont peut-être déjà entendu parler de ce livre, Goncourt des Lycéens en 2012, écrit par un Genevois, de surcroît. 
Il a atterri par hasard dans ma PAL, récemment, alors que j'étais en pénurie quasi-totale de lecture (quelle horreur! *imite le valet dans Fantomas contre Scotland Yard*). Sinon, je ne pense pas que je l'aurais lu... Néanmoins, une fois entre mes mains, je me suis dit pourquoi pas? Et je me suis lancée. 

Cette chronique risque d'être longue et surtout compliquée à rédiger. Pourquoi? Parce que le livre en lui-même est long et compliqué. 
Déjà, partons du principe que je n'ai ni aimé, ni détesté. Je suis entre les deux. Déstabilisée. 

Nous rencontrons dans ce livre Marcus, qui, à 30 ans, semblait être au sommet de la gloire dans la sphère de la littérature, lorsque survient la hantise de tout écrivain: la page blanche. Il appelle alors son meilleur ami, pour ne pas dire son seul véritable ami: son ancien professeur d'université, Harry Quebert.
Durant sa petite escapade chez Harry, Marcus va découvrir que cet auteur lui aussi reconnu comme un des piliers de la littérature, notamment grâce à son livre Les Origines du Mal, a eu, 33 ans plus tôt, une relation amoureuse avec Nola, une jeune fille de 15 ans. Et que cette Nola, cet été-là, disparut. 
Marcus enfouit donc ceci dans les tréfonds de sa mémoire, et retourne à New York pour essayer de pondre son deuxième livre, toujours sans succès. Et alors que la date d'échéance arrive, Marcus reçoit un appel d'Harry: il est en prison, on vient de retrouver dans son jardin le corps de Nola, enterré à 1 mètre seulement de profondeur. Harry semble le parfait coupable, seulement Marcus est convaincu de son innocence. Il va donc se rendre à Aurora pour faire éclater la vérité en menant sa propre enquête.
Mais il y a des vérités dures à accepter. Dures à déterrer. Extrêmement compliquées et ahurissantes. 
Il vaudrait certainement mieux pour Marcus ne pas remuer les fantômes du passé. 

Je ne vous raconte pas le cheni que c'est dans ce livre. Et quand je dis cheni, j'entends par là que chaque élément apporté à l'histoire semble la rendre plus insoluble possible. Plus ça avançait, moins je comprenais. Et surtout, je me demandais comment une telle histoire pouvait avoir lieu. 
Nom d'une brindille violette et atrophiée... j'ai passé mon temps à halluciner pendant tout le livre. 
Comment c'était possible? Etait-ce seulement possible?
Hélas, oui, parce que Joël Dicker nous décrit une Amérique du Nord pleine de travers, mais terriblement réaliste. 
A aucun moment, je ne me suis dit "ça ne pourrait pas se passer". C'était plutôt "Mais comment ça a pu se produire?" C'était bien ça, le problème, au fond, je pense. C'était beaucoup trop réaliste, ça m'a mise en face de choses que je n'aime pas particulièrement contempler, ça m'a empêchée de rêver, et tout. 

Déjà, au départ, quand on apprend que Nola et Harry avaient respectivement 15 et 34 ans lorsque leur histoire d'amour a commencé, on fait la grimace. Je sais bien que l'amour n'a pas d'âge, m'enfin... Tout de même. 
Ensuite, quand on défait petit à petit le noeud de mystère qui entoure l'histoire de Nola et surtout sa disparition, on ne fait plus seulement la grimace, on s'exclame "yeurk" "non, c'est pas vrai" etc. 

Il est particulièrement difficile de retranscrire exactement ce que j'ai pu ressentir durant toute ma lecture. Pourquoi? Parce que j'ai ri, un peu, surtout avec Marcus et Gahalowood, le genre Castle et Beckett, sauf que là, il n'y avait aucune tension amoureuse, avec Marcus et sa mère aussi... J'ai été dégoutée, franchement, surprise, tout le temps, époustouflée aussi, à la fin, et même au fur et à mesure, parce que je me rendais compte du travail qu'il avait fallu abattre pour écrire un tel livre. J'ai été perplexe, très, très régulièrement, ainsi que Marcus et ceux qui l'entourent.
Encore une fois, ce livre est déstabilisant. Pourquoi? Parce qu'au moment où vous croyez avoir les réponses, un élément se rajoute à l'enquête et le petit château de cartes que vous aviez bâti s'effondre tout simplement sans demander son reste. Ca m'est arrivé encore ce matin, alors qu'il me restait moins de 100 pages, que je voulais absolument terminer le livre pour ne plus avoir l'histoire en tête. 

Parce que c'est un livre qui vous fait réfléchir. Qui fonctionne comme un miroir, il vous montre les bons et les mauvais côtés de toute personne. 
Sauf que moi, quand je lis, j'ai bien sûr envie de réfléchir, j'suis pas un mollusque atrophié du bulbe, merci, mais j'ai surtout envie de rêver. C'est aussi la raison pour laquelle j'écris! Sauf que là... Fichtre, c'était loin d'être le cas, et ça m'a pesée. J'avais envie de terminer, de conclure ce thriller, d'avoir ces réponses, alors que l'auteur jouait avec mes nerfs en réussissant à me tenir en haleine avec son fichu suspense jusqu'au bout. 

Imaginez une pelote de laine complètement emmêlée. Tirez un fil. Vous apercevez le noeud. Première piste. En voyant le noeud, vous cherchez un deuxième fil, le trouvez, tirez dessus, vous resserrez la pelote. Mince. Troisième fil, le noeud se désserre un peu. Ouf. 
Jusqu'à ce que vous trouviez la clé pour tout défaire. 
La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, c'est ça. C'est exactement ça, mais en quinze fois plus compliqué. 
C'est un méga pavé qui vous embarque totalement, pour le meilleur, et parfois surtout pour le pire. 

Il faut saluer ici les talents de l'auteur, avec sa plume qui s'adapte parfaitement au genre, quand il passe d'enregistrements à des coupures de presse en passant par des extraits d'un roman fictif tout en narrant l'histoire. C'est un boulot énorme, pharaonique, et je peux vous dire que le Prix Goncourt, il ne l'a certainement pas volé. 
Je ne sais pas s'il faut que je vous le recommande. Personnellement, je regrette un peu de l'avoir lu, je suis tellement bien dans mon monde de Bisounours que j'ai énormément de mal lorsqu'on essaie de m'en tirer à coups de mots, de phrases et d'histoires qui n'ont rien d'innocent. 
Heureusement pour moi qu'il y avait Gahalowood et Marcus en duo, parce que sinon...

Ah, si, il y a quand même eu tous ces conseils sur l'écriture, sur les romans, sur tout cet univers, que j'ai trouvé magistral, aussi, parce que je m'y suis retrouvée, ça a fait vraiment écho à ce qu'on peut vivre en faisant son roman, en écrivant...
Non, vraiment, ce livre est un très bon livre. 

Enfin bref, il serait temps d'arrêter, sinon je vais faire un roman sur le roman, ce qui n'est nullement dans mes objectifs! 
Alors... je ne sais même pas si j'arrive à donner une note à ce livre. Non, pour être honnête, j'y arrive pas. C'est... c'est comme un miroir, j'vous dis. On ne peut pas noter son reflet dans le miroir, c'est... c'est pas possible. 
Alors, pour ceux qui ont le cran et qui sont intéressés par un ouvrage très particulier mais qui vous tiendra en haleine jusqu'au bout, allez-y, pour les autres... pas sûre que ça vous plaise. Je pense quand même qu'il vaut le coup d'être lu une fois dans sa vie. Voire plusieurs. Pour le moment, une fois suffira, chez moi!  Mais je suis quand même au final fière de moi d'avoir lu ce livre. Je suis allée jusqu'au bout!

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