Plus qu’une surprise, un vrai coup de canon : le roman mythique de
Dumas dont on n’avait jamais retrouvé le texte (à l’exception de trois
chapitres mis au jour naguère) sort enfin de l’ombre ! Claude Schopp, après une
vie de traque, a réussi à mettre la main sur le texte complet du feuilleton
(1869) que le romancier n’avait pas eu le temps de publier pour la librairie
avant de rendre l’âme (en 1870). Et il s’agit d’un roman-clé, puisqu’il prend
place à la fin de la fameuse trilogie révolutionnaire entamée avec Les
Compagnons de Jéhu et poursuivie avec Les Blancs et les Bleus… juste avant Le
Comte de Monte-Cristo – avec lequel il entretient, au reste, d’étroites
affinités. Là encore le moteur de l’action est une entreprise de vengeance… un
leitmotiv qui a toujours permis au romancier de chauffer à blanc les aventures
auxquelles il tenait le plus. Son « chevalier » aura donc droit à tout : aux
persécutions de Fouché, à l’errance d’un champ de bataille à l’autre de
l’épopée napoléonienne, à un face à face avec Nelson au fort de la bataille de
Trafalgar (il aurait tenu le fameux mousquet qui…), à force mésaventures à Rome
puis à Naples, à croiser la route du fameux Fra Diavolo et des plus
remarquables bandits de la Péninsule… sans oublier telles rencontres avec Joséphine,
Talleyrand, le duc d’Enghien ou le terroriste Cadoudal… N’en jetons plus. Il
est clair qu’à l’instant de quitter la scène, le divin Alexandre a voulu lancer
toutes ses forces dans la mêlée… qui s’en plaindrait ?
Bon, il faut quand même écrire
cette chronique avant que je n’oublie tout ce que ces 1000 pages de bouquin m’auront
apporté.
Dans le Chevalier de Sainte
Hermine, qui fait partie d’une trilogie sur les Sainte Hermine, nous faisons la
rencontre, quoiqu’un peu tardivement, certes, du Conte de Sainte Hermine, le
dernier de sa maison. Héritier d’une vengeance, royaliste sous Bonaparte,
Sainte Hermine n’aura pas choisi son époque pour naître. Seulement, il se
pourrait bien que lors d’une accalmie, il se voie délié de ses engagements
funestes, et qu’ainsi, il puisse demander la main de sa belle. Sauf que le jour
même de la signature du contrat de mariage, la donne change encore, et Sainte
Hermine doit obéir à la promesse qu’il a faite à son frère, et il abandonne sa
bien-aimée. Sainte Hermine disparaîtra. Du moins… aux yeux de la société…
Dur de résumer plus de 1000
pages, faites-moi confiance. Surtout qu’il est encore plus dur de résumer 1000
pages où Alexandre Dumas a fait nombre d’écarts pour raconter l’histoire de son
temps, histoire fort intéressante au demeurant, mais dont on peut vite se
lasser lorsqu’on ne se soucie principalement que du héros du roman. C’est bien
ce qu’il m’est arrivé, moi qui n’ai d’habitude que peu de souci, voire pas du
tout, avec les façons de cet auteur qui est pour moi un modèle. Bon, il faut
dire, aussi, que Napoléon Bonaparte n’est pas du tout mon personnage préféré,
et que de le voir à la place de mon héros parfois pendant 200 pages non stop,
ou concernant les complots qui se tramaient contre lui… pfiou, heureusement que
Dumas savait si bien manier la plume, sinon je ne sais pas comment j’aurais
fait pour arriver à la fin du bouquin.
Ce roman me laisse mitigée et
pourtant contente. J’ai passé un bon moment de lecture, je ne peux le nier,
seulement je dois avouer qu’au niveau de l’intérêt que ma lecture a suscité
chez moi, ça donnerait une courbe en dents de scie. Il y a des moments où je ne
voulais plus du tout lâcher le livre, où notamment le bonheur de notre héros
était palpable, il y était presque, et là… pfiut ! Plus rien. Les moments
d’écarts, comme je l’ai dit, on été compliqués à suivre et j’ai dû m’accrocher
pour ne pas arrêter. Cela ne m’est pas vraiment venu à l’esprit, toutefois je
peux qualifier sans honte ma lecture de laborieuse selon les passages.
Alexandre Dumas sait créer des
situations qui nous embarquent. Nombreuses fois, dans les péripéties de Sainte
Hermine, j’étais prise. Toutefois, j’ignore si cela est dû aux mœurs de son
époque ou à autre chose, j’ai parfois reculé devant certaines scènes, n’en
trouvant premièrement pas l’intérêt flagrant, et deuxièmement réprouvant tout
ceci d’un point de vue moral.
Dites, je parle un peu snob, là,
non ? Ce sont les 1000 pages qui m’ont chamboulée et ont transmuté mon
style mouaha !
À ces quelques points s’ajoutent
les aspects positifs de la plume que j’apprécie toujours autant de l’auteur, et…
le voyage. Le roman ne se passe pas seulement en France, mais aussi sur l’océan
ou dans les Indes, et j’ai apprécié découvrir ces terres comme elles devaient être
auparavant. C’était enrichissant !
Et puis, je critique aussi pas
mal de choses, dont le fait qu’il m’a été ardu de persister dans ma lecture,
mais… quand je suis arrivée à la « fin » (mettez même plein de
guillemets), j’ai hurlé. Sérieusement, j’ai poussé un cri de rage parce que… ce
livre est le dernier que Dumas a écrit. Il est mort avant de l’avoir terminé,
ce qui est, au demeurant, atroce. J’aurais dit scandaleux, mais comme il est
mort, il a une excuse (quand même). Ce que j’ignorais en revanche complètement,
c’était que… Dumas était mort avant d’avoir
terminé son chapitre ! Alors là… Quand je suis arrivée au point
fatidique… « Mais non ! Non !!! non, non, non ! »
Crise de frustration énorme. Monsieur Schopp, qui a retrouvé le manuscrit et
qui est un grand spécialiste de Dumas, a essayé de faire une fin selon Dumas.
Sauf que… excusez-moi du peu, j’ai pas réussi. C’était plus Dumas, j’accrochais
plus du tout. Les liens qui me retenaient encore à l’histoire ont lâché
proprement et simplement.
Donc, Monsieur Alexandre Dumas
Père, vous savez d’ores et déjà que lorsque nous nous retrouverons après que je
sois morte, nous aurons une discussion. Je veux savoir comment Sainte Hermine
finit !
Voilà, je crois que c’est tout ce
que j’aurai à dire sur ce dernier ouvrage de Dumas. Je n’ai pas encore tout lu
de lui, mais j’ai lu The Last One,
comme on dit en bon français. Une histoire qui m’a prise malgré tout, une
intrigue encore une fois imbriquée de part et d’autres et dont on ne comprend
pas tout de suite les rouages, la plume si fantastique de Dumas, une fin… ah
non, pas de fin…
Bref, du Dumas, quoi ! Avis
à ceux que ça pourrait intéresser, donc :)
Je mets à contrecœur une note de 15/20, à contrecœur car on ne peut que
difficilement noter un roman de Dumas, au final…
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