mercredi 19 novembre 2014

Le Journal d'Anne Frank



Anne Frank est née le 12 juin 1929 à Francfort. Sa famille a émigré aux Pays-Bas en 1933. À Amsterdam, elle connaît une enfance heureuse jusqu'en 1942, malgré la guerre. Le 6 juillet 1942, les Frank s'installent clandestinement dans " l'Annexe " de l'immeuble du 263, Prinsengracht. Le 4 août 1944, ils sont arrêtés sur dénonciation. Déportée à Auschwitz, puis à Bergen-Belsen, Anne meurt du typhus en février ou mars 1945, peu après sa sœur Margot. La jeune fille a tenu son journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944, et son témoignage, connu dans le monde entier, reste l'un des plus émouvants sur la vie quotidienne d'une famille juive sous le joug nazi.

Je crois bien que c’est la semaine des chroniques difficiles à écrire. Pour ceux qui ont lu Le Journal d’Anne Frank, vous comprendrez bien qu’il est malaisé de taper des mots pour exprimer fidèlement tout ce qu’on peut ressentir durant la lecture de ce témoignage qui traverse les générations, désormais.

Ce récit n’est autre que celui d’une jeune fille de 13 ans qui se retrouve enfermée dans une Annexe avec ses parents, sa sœur, ainsi que 4 autres personnes, pour échapper aux nazis. Mais qui ne connaît pas Anne Frank, de nos jours ? Même sans avoir lu son histoire, elle est devenue un personnage, une figure que nous connaissons pour ainsi dire tous, ici. Son journal retrace ses deux dernières années en dehors de sa captivité dans les camps de concentration.

Par quoi commencer ? Ce livre traînait depuis des années dans ma troisième bibliothèque, faite essentiellement de classiques et des bouquins que mes parents ont pu lire à l’école. Sachant que ma PAL diminuait sérieusement, j’ai décidé de piocher dans ces ouvrages et Le Journal d’Anne Frank s’est présenté à moi. Non, je ne l’avais pas encore lu, et je n’en possédais pas réellement l’envie. Je me suis mis un coup de pied aux fesses, et je me suis décidée. Au final, il n’est pas resté si longtemps dans ma PAL !

Les premières pages ont été difficiles. Je ne m’attendais à rien, j’étais là pour découvrir, enfin ! Mais, très vite, malgré que ce qui se produisait autour d’Anne me touchât, la jeune fille m’a réellement tapé sur le système. Ça a duré une centaine de pages, et je trouvais la situation inconfortable, sans que je puisse faire aucun reproche : c’est le principe même du Journal, on se confie sans avoir peur d’un quelconque jugement. Sauf que là, je me suis aperçue que la jeune fille bien préado, qui porte un avis sur tout et qui possède des réactions parfaitement puériles, me sortait presque par les yeux.

Mais j’ai continué. J’ai continué parce que je voulais savoir, parce qu’au fond, je m’étais prise malgré moi d’une affection pour cette jeune fille qui se montrait tour à tour tellement mature et tellement puérile. Certains passages m’ont laissée sur les fesses parce que ce sont des réflexions que j’aurais pu avoir. Et Anne s’en rend parfois réellement compte, elle exprime le fait que tous les évènements vécus l’ont fait brusquement grandir. Elle ne sera jamais comme les autres jeunes filles, insouciante. La guerre a tout changé.

Ce témoignage, passé la moitié, m’a vraiment pris au cœur. J’avais l’impression d’être avec eux, de vivre au fil des mots de cette jeune fille qui, après un an cloîtrée, n’avait plus rien à voir avec celle dont nous avions fait la connaissance dans les premières pages. L’angoisse devenait perméable, ses espoirs devenaient palpables et la manière qu’elle avait d’analyser tout ce qui pouvait se passer, surtout en elle, force parfois l’admiration. Elle était si jeune et à la fois si vieille, déjà… elle n’aspirait qu’à vivre selon ses idées.

Malgré la précision des descriptions d’Anne sur ce que ces huit personnes vivaient dans l’Annexe, ces pièces communicantes cachées dans une maison, je crois que jamais personne ne pourra se représenter ce qu’ils ont pu vivre. On en a un aperçu, certes, mais jamais les mots ne pourront retranscrire tout ce qu’ils ont pu éprouver. Avec le recul, là, je me rends compte que ce bouquin, chez moi, est un peu comme un pavé dans la mare : je perçois les effets sur mes rivages maintenant. Et j’en tremble. Comme ils ont dû trembler, eux aussi ! À chaque bruit suspect, à chaque bombardement… ça m’en serre le cœur rien que d’en parler.

On ne peut pas, je pense, ne pas être touché au moins un minimum par ce livre. Parce qu’on sait comment tout ça s’est terminé, parce qu’on aurait envie que ça change et que cela ne se soit jamais passé… et parce qu’en découvrant les mots d’Anne, on n’imagine pas combien ses souhaits se sont réalisés. Elle rêvait d’écrire un livre qui serait lu par tous. Elle rêvait de marquer le monde. Qu’est-ce qu’elle a réussi !

Rien que d’écrire ces mots, j’ai les larmes qui me montent aux yeux. Oui, ce livre est bouleversant, trace infime d’une humanité gâchée et pourtant qui crève tous les obstacles. On pourrait pérorer des années encore sur tout son contenu. La préface qui se trouve dans mon édition en est la preuve, et je me souviendrai à l’avenir de ne pas les lire, pour ne pas lire ce que je considère comme des absurdités (surtout au lendemain de 1968…).

Je ne peux pas vous dire que ce livre est parfait, ce n’est déjà pas sa vocation première. Je ne peux pas vous dire que vous apprécierez forcément Anne si vous tentez de le lire pour la première fois, cela n’a pas été mon cas. Elle m’a été insupportable, puis, je me suis profondément attachée à elle. J’aurais voulu la voir vivre, savoir que ses rêves allaient se réaliser sous ses yeux. Mais la réalité en est tout autre et son témoignage n’en est que plus fort.

Le Journal d’Anne Frank est un récit qui traverse les années, les mémoires, les cœurs. Du moins, je l’espère. On peut aimer, ou non, toujours est-il que c’est un livre qui doit être à mon avis lu au moins une fois dans une vie… Là, en cet instant, j’ai juste envie de remercier cette jeune fille, quelque part. Si au départ je restais totalement imperméable à ce qu’elle pouvait ressentir, levant régulièrement les yeux au ciel et me hérissant face à ses réactions, j’ai fini par changer d’avis et par l’accompagner dans tout ce qu’elle pouvait vivre. Ces pages marqueront mon esprit et une partie de mon cœur, c’est certain.

4 commentaires:

  1. Il est dans ma Pal mais je n'ai pas encore eu le courage de le sortir...

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  2. Je l'ai lu à l'âge de l'auteure (13 ans), j'en ai gardé un souvenir impérissable...

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  3. Je me suis toujours dit qu'il fallait que je le lise mais déjà que ta chronique m'a mis les larmes aux yeux et des frissons partout, lire le livre risquerait de m'achever... et c'est pour ça que je ne suis pas sure d'un jour arriver à le lire

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  4. À ma première lecture, je devais avoir l'âge d'Anne Franck, et je me souviens que ça m'avait profondément marquée. J'avais dans l'idée de le relire parce que j'avais été tellement touchée que certains passages étaient plus flous dans mon esprit, mais j'ai mis plusieurs années à le faire. Même si, comme toi, j'ai trouvé certaines de ses réactions puériles, je me suis attachée et identifiée à elle, de par ses rêves et sa passion pour l'écriture. Et comme tu dis, on aimerais pouvoir en changer la fin. Je le relirais sûrement un jour pour en faire une chronique, et je pense aussi qu'on devrait tous lire se livre au moins une fois !

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