jeudi 7 mai 2015

La drôle de vie de Zelda Zonk (Laurence Peyrin)

Foutu mardi, foutue pluie… Sur cette route d’Irlande qu’Hanna a prise tant de fois pour aller à son atelier, c’est l’accident. À l’hôpital, la jeune femme se lie avec Zelda, sa voisine de chambre de 85 ans, positive et joyeuse, experte en broderie. Mais Hanna sent un mystère chez la vieille dame, qui esquive toute question précise sur son passé. Que peut-elle avoir à cacher, à son âge ? Bientôt, Hanna découvre que Zelda Zonk était le nom d’emprunt de Marilyn Monroe quand elle voulait passer inaperçue. Hanna sait bien que c’est absurde, Marilyn est morte il y a presque cinquante ans, et pourtant… Tout en menant l’enquête, Hanna commence à réfléchir au sens de sa propre vie. Est-elle vraiment épanouie dans ce hameau perdu, dans ce mariage routinier ? Si vraiment Zelda est Marylin, si elle a réussi à passer de la lumière à l’anonymat, pourquoi elle-même ne pourrait-elle pas changer de vie ?

Dès le départ, ce résumé m’a donné envie de me plonger dans ce roman. Quand j’ai su que son auteure écrivait à Grenoble, l’affaire a été dans le sac !

La drôle de vie de Zelda Zonk, c’est l’histoire d’Hanna, une Irlandaise mariée depuis des années à Jeffrey, dans un quotidien un peu pépère qu’elle apprécie pourtant. L’accident de la route qui va la conduire directement à l’hôpital va l’amener à reconsidérer les choses, surtout grâce à la présence de Zelda Zonk, sa voisine de chambre. Elle sent que cette vieille femme cache bien des choses, sous sa sagesse incroyable. C’est en rentrant chez elle qu’Hanna découvrira que ce nom était aussi celui que Marilyn Monroe utilisait comme pseudonyme pour passer inaperçue. Et si… et si les deux ne faisaient qu’une ? Et si, en menant son enquête, Hanna découvrait des choses qu’elle aurait peut-être mieux fait d’ignorer, sachant qu’elle s’engage sur un chemin qui pourrait bien changer sa vie à jamais ?

Même si j’ai été très vite intéressée par le roman, je ne savais pas à quoi m’attendre, ce qui est plutôt bien, entre nous soit dit. Pas d’attentes, pas de déceptions ! Mais ce que j’ai découvert m’a totalement bluffée.

J’ai commencé le bouquin sans savoir quoi trop en penser. D’ailleurs, je n’ai pas trop su quoi en penser jusqu’à une centaine de pages. C’était intéressant, je sentais que chacun des personnages était travaillé, mais c’était un peu lisse, quand même. J’avais un petit peu de mal à me dire que c’était autre chose qu’une lecture plaisante.
Et puis d’un seul coup, voilà qu’Hanna semble vivre un énorme tournant dans sa vie, petit à petit, mais indéniablement, et paf, là, ma lecture est devenue quasiment addictive. J’avoue que c’est monté crescendo avec une belle maîtrise de l’ensemble, vraiment. La tension a été maintenu, le rythme aussi… nickel !

Parce qu’il y a plusieurs choses qui peuvent embarquer le lecteur, dans ce roman : l’affaire Zelda Zonk, la psychologie des personnages (parce qu’Hanna vit quand même dans une situation qui est compliquée), le nouveau tournant de la vie d’Hanna, et encore une foule de trucs, à mes yeux. Ce qui est étrange, c’est peut-être que j’aie autant apprécié, sachant qu’avec du recul, ce n’est pas tellement le genre de lecture que j’ai d’habitude.

Il me faut aussi admettre que si j’ai été totalement embarquée dans l’histoire, dans la vie réelle, je désapprouverais sûrement totalement certains des choix d’Hanna. Sauf qu’à être dans sa tête, dans son quotidien et à la suivre de la sorte, je n’ai pas pu la juger. Non que je puisse le faire dans la réalité, mais là, on abordait encore une autre dimension. J’ai vécu tout ceci avec elle et j’ai trouvé ça beau, quelque part. On partage ses doutes, ses douleurs, ses angoisses, mais aussi ses envies, ses joies et un peu de tout. C’est une femme qui a longtemps vécu dans son quotidien un peu enfermé, et elle se rend compte que l’accident l’a fait changer. Mais doit-elle abandonner ceux qu’elle aime sur un coup de tête, comme ça ? Peut-on encore parler de coup de tête lorsque les réflexions s’étalent sur plusieurs mois ?

Parce que le nœud est ici : les personnages sont complexes, on ne parvient jamais totalement à les saisir, comme un paysage qui change à chaque saison. Il y a toujours un ou plusieurs éléments qui se transforment… et même au niveau de l’intrigue en elle-même. Ce n’est pas un policier, c’est vraiment une histoire de vie, en fait. Un peu particulière, mais une histoire de vie quand même.

Ça parle d’amour. D’amour pour différentes personnes, sous différentes formes. Et j’ai trouvé l’ensemble très bien amené, abordé, encore une fois dans toute sa complexité. C’était pourtant juste, à mes yeux ! Je dirais juste que j’ai eu du mal avec Jeffrey et avec Gail, pour moi… ouais, ça n’a pas tellement collé. Mais on les apprécie quand même, puisqu’on les voit à travers le prisme d’Hanna et qu’elle les aime. Et j’ai pas mal apprécié Marsha avec son humour un peu étrange ! Zelda, aussi, a été un personnage qui m’aura bien plu !

D’ailleurs, il est important de noter que tout le roman est à la troisième personne, et que nous parvenons quand même parfaitement à nous sentir proches d’Hanna. La plume de Laurence Peyrin y est très certainement pour quelque chose, elle a une manière de rendre le récit extérieur plus personnel, plus touchant… franchement, c’est vraiment agréable à lire !

Ça l’est d’ailleurs aussi d’autant plus qu’on sent qu’il y a un véritable travail derrière : il y a eu des recherches (sur Marilyn, notamment, mais pas que), les descriptions de certains endroits sont juste géniales, et rien n’est laissé au hasard, ce qui ne peut que conforter le lecteur dans son plaisir de lecture.

Parlons des valeurs… j’avoue que c’est un point difficile à aborder ici. On parle d’adultère, de refaire sa vie, de mensonge… mais aussi d’amour, de fidélité, d’accepter les autres et de s’accepter… il faut se montrer honnête : ce roman mêle un petit peu tout sans qu’on puisse réellement se positionner. J’avoue que j’aurais tendance à pointer du doigt ce qui est répréhensible, mais quelque part, la fin me convient. J’ai apprécié le fait que si Hanna commet des actes qu’elle pourra regretter, les autres ne soient pas tous blancs.
Puis, il y a des phrases qui nous font réfléchir et nous poser des questions, aiguiser un peu notre sens critique.

Enfin bref, un roman qui, au niveau des valeurs me laisse quand même un peu mitigée, mais qui me laissera un beau message sur l’amour et sur les chances que la vie peut nous offrir. Lire ce roman aura été une belle plongée, j’ai découvert des personnages avec une psychologie poussée, qui ne nous permet jamais de vraiment les juger, sur fond d’une intrigue à propos de Marilyn Monroe qui nous suit tout au long du bouquin, le tout servi par une plume qui nous permet d’être réellement proches du personnage principal, même si la narration est externe. Franchement ? Je suis épatée et je ne regrette pas ma lecture !
Ce sera donc un 18/20 pour moi, en espérant que ma chronique n’aura pas été trop fouillis, il est difficile de parler d’un roman comme celui-ci !
Un grand merci aux Editions Kero pour ce SP !

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