mercredi 6 janvier 2016

Autant en emporte le vent (Margaret Mitchell)

En Georgie, en 1861, Scarlett O'Hara est une jeune femme fière et volontaire de la haute société sudiste. Courtisée par tous les bons partis du pays, elle n'a d'yeux que pour Ashley Wilkes malgré ses fiançailles avec sa douce et timide cousine, Melanie Hamilton. Scarlett est pourtant bien décidée à le faire changer d'avis, mais à la réception des Douze Chênes c'est du cynique Rhett Butler qu'elle retient l'attention. C'est alors que la guerre de Sécession éclate bouleversant leurs vies à jamais...

Attention, c’est parti pour une chronique qui promet d’être l’une des plus enflammées et des plus longues de ce blog. Préparez-vous, ça va dépoter !

Autant en emporte le vent, en rapide résumé, c’est l’histoire de Scarlett O’Hara, qui, dans la Géorgie juste avant la guerre de Sécession, est amoureuse d’Ashley Wilkes, qui va se marier avec une autre : Mélanie Hamilton. Mais Scarlett est têtue, capricieuse : elle veut Ashley, et elle est bien décidée à lui montrer qu’elle est la femme qu’il lui faut… sauf que ses efforts ne vont pas avoir les conséquences prévues. Il va y avoir du Rhett Butler dans l’histoire, mais aussi du Charles Hamilton et avec ça, la guerre va se jeter sur ces belles contrées et sur l’insouciance de ces jeunes gens qui n’ont encore rien affronté.

Alors là, je vous fais un mini topo de la situation : j’ai fini le roman il y a une vingtaine de minutes environ, et je suis encore dans tous mes états. D’ailleurs, je suis dans tous mes états depuis environ 18h30 et il est… 21h45. J’avais décidé de finir ce roman ce soir, sinon mon cœur allait m’en vouloir longtemps encore.

Ce roman est un bouquin que j’ai trouvé d’occasion durant le salon d’Echenevex (01) et en voyant cette belle édition de 1939, je me suis laissée tenter. Permettez-moi d’admettre que je ne regrette pas du tout mon achat, pour le nombre d’émotions qu’il a suscitées en moi, et pour le temps de lecture que j’ai pu y passer (à savoir : quasiment dix jours, contre trois en moyenne, normalement). J’admets aussi véritablement que ce roman est génial et que j’ai été très vite embarquée pour ne jamais m’ennuyer entre ses pages.

Sauf que voilà, je me suis un peu fait prendre à mon propre piège. Mh ? Les explications arrivent, pas de stress. C’est moi qui suis proche de la crise de nerfs, là, en fait ! Je tiens aussi à préciser maintenant que ce que je vais écrire dans tout cet avis n’est – comme d’habitude – que mon opinion et qu’elle n’engage que moi. Peut-être serez-vous révoltés, peut-être essayerez-vous de me faire changer d’avis, peut-être rigolerez-vous ? Allez savoir ! Pour le moment, j’ai juste envie de poser touuuuut cet immense ressenti sur mon clavier qui ne va pas tarder à fumer.

Quand j’ai commencé le bouquin, j’ai eu trois remarques quasiment immédiates à faire : l’objet-livre était superbe, sentait bon le vieux, mais il m’apparaissait bien fragile quand même. Il s’est avéré par la suite qu’il l’était un peu moins, m’enfin. Ensuite, j’ai trouvé la plume de Margaret Mitchell très fluide, agréable et très proche du lecteur, en style narratif. Tout le long du roman, j’ai eu cette impression et je n’en ressors que très satisfaite, de ce côté-là. Et enfin, j’ai fait la rencontre de Scarlett, qui m’a parue… ô combien quiche et capricieuse.

Oui. Soyons honnêtes : l’histoire est géniale, mais j’ai une envie de meurtre sur le personnage fictif de Scarlett. C’est la première fois que ça m’arrive. C’est la première fois que je me dis qu’un héros peut être aussi sournois, vénal, et que pourtant, je suis prise de compassion pour cette femme qui n’a en fait rien compris à la vie et qui n’aura compris que lorsqu’il aura été trop tard ce que nous, nous avions deviné depuis belle lurette.

Attention, je vais partir dans une longue tirade sur les qualités et les défauts de Mademoiselle. Vous avez le droit de sauter des lignes si le cœur vous en dit.
Bon sang de bois ! Mais je n’ai jamais rencontré une femme aussi vénale, peu soucieuse des autres, des convenances et surtout parfois aussi stupide ! Mais quelle quiche ! C’est exactement le mot qui lui correspond : quiche ! Et pourtant, elle est forte, brave, intelligente, têtue (oui, c’est une qualité), pleine de ressources et elle a tout pour susciter l’admiration ! Sauf qu’au moment même où on commence à se dire « ah, voilà, je l’aime bien, là, je crois que je pourrais bien l’apprécier pour de vrai », BAM ! Elle plante un couteau dans le dos de quelqu’un et vous tord les nerfs parce que son comportement est juste… kssss ! J’en perds les mots.

Pour être honnête, je spoilerais bien une partie du roman, là, mais je n’en ferai rien. Disons simplement qu’une femme qui est capable d’épouser quelqu’un pour son argent de façon consciente, en le volant à quelqu’un, ou agissant exprès pour faire le mal par simple vengeance… non, vraiment, il y a des moments où Scarlett m’a filé des envies de duel à l’épée sans protection. Bon, peut-être pas, mais j’en ai poussé, des rugissements ! J’ai même soulé ma mère et mon frère (surtout mon frère, qui ne s’est pas gêné pour me le faire remarquer) avec ça !

Et néanmoins, j’ai continué à lire. Avec ardeur, avec envie, parce que je ne pouvais pas détester complètement Scarlett. Il y avait quelque chose de bien trop humain en elle, elle était un mélange bien trop complexe d’émotions, d’égoïsmes et de quelque chose que j’ai du mal à qualifier, pour que je laisse tomber. J’avais envie de savoir comment son histoire allait se terminer. Je rêvais d’une fin heureuse pour elle, où Ashley Wilkes n’aurait pas sa place. Oui, parce qu’à force de côtoyer certains personnages, j’en suis venue à en aimer ou en détester certains.

Prenons Mélanie Hamilton : elle est la perle du roman. C’est vrai ! Parfois, elle vous paraît niaise au possible, et pourtant, elle représente une lumière dans le bouquin ! Elle peut apparaître sous un jour atténué, puisqu’en tant que lecteur, nous suivons les pensées de Scarlett qui ne la porte pas en odeur de sainteté. Et pourtant ! Elle est bien la véritable héroïne de ce roman, si vous voulez. Le héros, c’est elle. La protagoniste, c’est Scarlett (que je ne déteste pas, mais qui met définitivement mes nerfs à rude épreuve, même maintenant le livre refermé).
Ensuite, il y a Ashley Wilkes. Comment vous dire qu’il n’a pas eu ma sympathie. Enfin, si ! Mais comme époux de Mélanie. Je le trouvais parfait en ami, mais zut, j’en avais assez de le voir porté aux nues ! J’ai éprouvé une certaine affection pour lui, mais je l’ai trouvé trop rêveur, trop doux, trop… plat et mou. Voilà. J’avais envie de le secouer, même si j’ai fortement approuvé le fait qu’il ne cède pas à Scarlett (quand même ! Bon gars !).
Je pourrais aussi parler de Rhett, qui est un autre personnage phare du roman. Alors je suis dans l’incapacité de dire qu’il m’a tout à fait plu. Certains de ses comportements m’ont fait tiquer, de même que ses réflexions, et pourtant, c’est un peu pour lui que j’ai craqué. Il y avait quelque chose d’insaisissable en lui, et autre chose que l’on devinait parfaitement et qui le liait à Scarlett. Il m’a beaucoup touchée et j’avoue qu’à la place d’Ashley, je le voyais très bien.
À ce point de ma chronique (déjà fort longue), je précise que mes idées n’ont pas forcément à voir avec la fin du livre qui m’a d’ailleurs passablement contrariée. Vous ne saurez pas forcément comment ça se termine !

En revanche, je peux vous assurer que j’ai été frustrée de voir la conclusion. J’étais un peu comme mes élèves des répétitoires (ou cours particuliers, mais en Suisse) qui, arrivant à la fin d’une équation pour trouver un chiffre simple, me disent « tout ça pour ça ? ». J’ai lu ces 700 pages pour ça ? Non, mais vraiment ? Arnaque ! J’suis pas d’accord ! Et Scarlett qui n’a rien compris. Et c’est peut-être rassurant. On a envie d’y croire. Et de la secouer en même temps, parce qu’elle n’a rien compris, zut !
Rassurez-vous, je sais bien que le voyage vaut plus que la destination. Rares ont été les romans à me faire autant réagir, donc je suis heureuse de ma lecture. Très frustrée, mais très heureuse aussi.

Parce que oui, si Scarlett m’a profondément agacée et qu’elle a suscité bon nombre de mes remarques, il n’en reste pas moins que j’ai appris énormément de choses, durant ma lecture. Je ne connais au final que peu de l’histoire états-unienne, et en découvrir plus sur la Guerre de Sécession n’a pas été pour me déplaire. Le contexte n’était pas facile, les conditions de vie peu évidente, et j’ai été soufflée de voir comment ça se passait ensuite. C’était pas facile. Je trouve que Margaret Mitchell a fait un très bon travail pour introduire son intrigue. Le tout m’a fascinée !

De même, en me faisant réagir, ses héros m’ont appris sûrement plein de choses. Comme le fait qu’il ne faut pas remettre à demain l’envie de se racheter auprès de ceux que l’on aime, ou que l’on apprécie simplement. Il ne faut pas attendre pour leur dire qu’on les aime, il ne faut pas non plus se marier sans amour… même si à l’époque, ce n’était pas comparable à aujourd’hui. Il y a tellement de choses qui m’auront fait réfléchir et qui le feront encore par la suite, j’en suis persuadée.

Scarlett n’en reste pas moins une quiche que j’ai apprécié suivre. Je sais que résumé comme ça, c’est comique. C’est pourtant la pure vérité ! Je suis incapable de la détester, et pourtant je lui aurais bien expliqué ma façon de penser. J’ai réprouvé ses choix, éprouvé de la pitié à son encontre, j’ai espéré beaucoup de choses pour elle, surtout du bonheur. Pourquoi ? Parce que je pense qu’en chacun de nous sommeille une partie du caractère de Scarlett. Cette femme possède un peu tout de façon prononcée, et son goût pour l’argent est effrayant, bien qu’on puisse foncièrement le comprendre au départ. Elle est exaspérante et elle participe parfois à sa propre déchéance, c’est un fait, mais son histoire soulève des passions, c’est le cas de le dire.

Fichtre, j’en suis déjà à la 4ème page word pour cette chronique : un record ! Il fallait cependant bien ça pour parler du roman qui m’aura le plus tenu en haleine depuis un moment, un de ceux que j’aurai mis le plus de temps à lire parce que c’est un bon gros condensé. C’est une véritable épopée et je ne me suis pas du tout ennuyée. J’avais un peu anticipé la fin, mais je ne voulais pas y croire, ceci dit, peut-être que dans quelques temps, quand la pression sera enfin retombée, je parviendrai à l’accepter à sa juste valeur.

En attendant, je peux juste dire « ouf ! Fini ! », parce que mes nerfs n’allaient pas tenir encore une journée. J’ai énormément aimé l’histoire d’Autant en emporte le vent, mais je ne pourrai pas supporter une seconde fois Scarlett avant un certain temps. J’ai beaucoup de griefs contre elle, malgré une affection sincère.

Vous pensez que je suis dingue ? Oh, ma foi, c’est bien possible. Cette histoire m’a transportée, encore une fois, même si j’en aurais hurlé et récriminé bien des fois. Scarlett restera une quiche, pour moi, vraiment ! Elle est tyrannique, bornée, capricieuse, vénale, et bien des fois inconsciente ou insensible. Elle n’en reste pas moins humaine.

Et… je crois que je vais m’arrêter là (je vous entends déjà crier « ouf », si vous avez tenu jusque là !).

En conclusion, Autant en emporte le vent aura été une véritable surprise pour moi. Je ne m’attendais pas à une telle lecture, aussi prenante et capable de me faire autant réagir sans que je n’éprouve d’ennui à un moment ou à un autre, au vu de sa longueur. Et pour être honnête, je ne m’attendais pas non plus à Scarlett O’Hara, qui restera définitivement dans mon esprit sous le qualificatif de « quiche », voire plus méchant selon les situations (gourgandine lui seyant assez bien, alors). Au milieu d’un contexte que je connaissais pas encore, j’ai suivi ses aventures, espéré beaucoup de choses et apprécié mon voyage auprès de ces nombreux personnages dont certains m’ont plus touchée que d’autres. La plume de Margaret Mitchell était un ravissement (on pourra parler aussi de la traduction dans la même veine), et je peux vous dire que si nos contemporains sont sadiques, elle n’avait déjà rien à envier à personne à son époque !
Je crois qu’un jour, il faudrait lire cette histoire. J’en ressors fière, en tout cas. J’aurai lu une bonne brique et j’aurai écrit une méga tartine dessus. Bref… Autant en emporte le vent, c’est une histoire de brique, de quiche, de mou, et… ça en devient prodigieusement comique et je m’arrêterai là. Ce sera un 18/20 pour moi, malgré tous mes déboires avec Scarlett !

2 commentaires:

  1. Rien qu'à voir comment tu es aussi survolté en parlant de ce livre, ça donne envie quand même !

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  2. J'ai adoré lire ta chronique. Je comprend toute à fait ce que tu dit sur Scarlette, pour moi c'est plus un peste qu'un quiche mais les deux qualificatifs se valent. Malgré tous je ne pouvais empercher de souhaité qu'elle réussisse. Et cette fin ... je suis d'accord que quant le livre se finit je me suis mis à tourner les dernière pages blanche du livre en me demandant si il ne manquait pas un chapitre. Mais en prenant du recul (j'ai lu ce livre il y a plusieurs années) je trouve cette fin superbe.
    En tous cas merci pour ta chronique qui m'a fait bien rire :)

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