mardi 24 mai 2016

Cabot-Caboche (Daniel Pennac et Miles Hyman)

Fatigué de sa solitude, "le chien" décide de se trouver des maîtres, des vrais, capables de l'aimer et de s'occuper de lui. C'est alors qu'il rencontre Pomme, une petite fille assez capricieuse, en fait, une vraie cabocharde. Elle l'adopte puis, bizarrement, devient indifférente. Lequel des deux apprivoisera l'autre ? Tout le talent de Pennac pour ceux qui risqueraient d'oublier que "quand on choisit de vivre avec un chien, c'est pour la vie".

Alors ! Je peux enfin prendre le temps de me poser pour vous taper mon avis sur un livre qui marqué mon enfance. J’ai été très, très heureuse de pouvoir me replonger dans cette histoire de Daniel Pennac…

Cabot-Caboche, c’est l’histoire du Chien, qui décide un jour – après l’abandon de sa mère de substitution, une chienne de la décharge – de se trouver une maîtresse. Et cette maîtresse, ce sera Pomme… Pomme, cabocharde comme pas possible, qui va faire un caprice à ses parents pour l’avoir, lui, le cabot… et finalement s’en désintéresser complètement une fois qu’ils seront de retour au quotidien. Que faire ? Le Chien va fuguer… mais est-ce pour autant la fin de leur histoire, de leur amitié ?

Pour être honnête, si je me souvenais très bien du fait qu’on suivait un chien, qu’il y avait Pomme et la Poivrée, fichtre, j’avais tellement oublié ! Je suis bien contente d’avoir pu rafraîchir ma mémoire et d’avoir pu redécouvrir cette histoire ! Je le dois d’ailleurs à une de mes élèves avec qui j’ai lu quelques passages à haute voix : impossible de ne plus vouloir me le procurer ensuite !

On retrouve très vite le style de cet auteur particulier : ses remarques entre parenthèses, ses petits sarcasmes que parfois on ne comprend qu’une fois adulte, et… comme pour la plupart de ses bouquins : des aspects que je n’aurais jamais pu entrevoir étant gamine. Ces bouquins sont des romans jeunesse, mais parfaitement pertinents quand on est plus vieux aussi !

J’ai retrouvé Le Chien, qui est personnage fort sympathique, qui réfléchit pas mal, et qui m’a beaucoup touchée par ses hantises, ses réflexions, justement, et ses blessures. On le considère à la fois comme un enfant un peu grand, un peu innocent, parfois, et comme un chien qui en a déjà beaucoup vécu. Il est très nuancé et pourtant facile à cerner, c’est vraiment chouette !

À côté de lui, il y avait Pomme, qui elle, m’a franchement gonflée avant de rentrer dans mes bonnes grâces. Mais quelle caboche, et c’est le cas de le dire ! Ses caprices, ses exigences… surtout quand elle revient au Chien, nom d’un chat ! J’ai été contente que sa relation avec lui puisse la faire mûrir. Quant à ses parents, n’en parlons pas, ils ont été stéréotypés, un peu, mais même, oh la chèvre, j’avais envie de les… ouh, de les taper, oui ! Après, il y a eu aussi le Hyéneux, qui est un personnage animal qui m’a beaucoup plu, par sa philosophie et sa manière d’être…

L’intrigue est assez complexe, je trouve, dans sa mise en place : on découvre Le Chien avec Pomme, puis on revient sur son passé, jusqu’à cet instant T, et ensuite, on accède à ce qui se dit ensuite. C’est un voyage particulier, assez propre à Pennac, aussi, que j’ai pourtant apprécié. Ça a éveillé ma curiosité, mais comme d’habitude, je me suis laissée porter. Suivre Le Chien n’est pas toujours une partie de plaisir, mais quelles leçons !

Ceci est un des gros points forts qui ressort toujours avec cet auteur : le sens des valeurs qui émane de ses romans. Les discussions du Chien avec le Hyéneux, la vérité brute qui est parfois présentée, c’est à la fois très doux et très dur à envisager. Je comprends que certains aient été choqués par ce roman, parce qu’il aborde des points peu évidents, comme la noyade et l’abandon de certains chiens/chiots… il est difficile de rester indifférent.

Au final, même si ce roman nous parle d’un Chien avec son amie (et non pas sa maîtresse), il est empli d’une humanité et d’une sensibilité incroyable, qui saura percuter le lecteur à tout âge. Si vous prenez en plus la note de fin de Daniel Pennac, faites-moi confiance : ça vous aura largement fait réfléchir !

La seule zone d’ombre que j’ai sentie dans ce roman concerne la vengeance du Chien. Je ne m’en souvenais pas, et j’ai peu approuvé ce procédé, tout simplement parce que je réprouve la vengeance en soi. J’aime moyennement le message que ça fait passer, mais quelque part, c’est justifié. C’est un rendu de violence. Je ne suis pas foncièrement d’accord, mais avec mon regard d’adulte, je comprends. Et puis, évidemment, l’auteur arrive à nous faire saisir le pourquoi du comment, et le bouquin se finit sur une bonne note. Que demander de plus ?

Enfin, la plume reste très fluide, elle s’adresse directement au lecteur, parfois pour s’en éloigner un peu et laisser l’histoire respirer, sans le prendre à partie. On y trouve de très belles leçons, il n’y a pas de temps morts, et pourtant, il y a un certain nombre de descriptions ! Un savant mélange, pour moi ! Et un livre que je suis heureuse d’avoir relu, de posséder désormais dans mes étagères !
Et je ne vous ai pas parlé des illustrations qui ponctuent le bouquin, elles aussi pleines de caractère et que j’ai beaucoup appréciées, au passage !

En conclusion, Cabot-Caboche a été une très belle relecture. Si elle contient une certaine violence et une certaine âpreté que j’avais oubliée en grandissant, l’aspect humain et la sensibilité qui s’en dégagent m’ont à nouveau totalement charmée. Je comprends mieux pourquoi ce livre m’avait tant marquée : entre les leçons qu’on en tire, l’intrigue jonglant entre présent, passé et futur, les personnages forts et la plume de l’auteur, unique en son genre, il y avait de quoi !
Je le recommande sincèrement, à tous, que vous soyez jeunes depuis plus ou moins longtemps ! Ce sera un 17/20 pour moi !

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