samedi 9 juillet 2016

Belle Époque (Elizabeth Ross)

« Louez un faire-valoir, vous en deviendrez d'emblée plus attirante. »

Lorsque Maude Pichon s'enfuit de sa Bretagne natale pour échapper à un mariage dont elle ne veut pas, elle monte à Paris, ville-lumière en ébullition à la veille de l'exposition universelle de 1889. Hélas, ses illusions romantiques s'y évanouissent aussi rapidement que ses maigres économies. Elle est désespérément à la recherche d'un emploi quand elle tombe sur une petite annonce inhabituelle : « On demande de jeunes filles laides pour faire un ouvrage facile. » L'Agence Durandeau propose en effet à ses clients un service unique en son genre : le repoussoir. Son slogan ? « Louez un faire-valoir, vous en deviendrez d'emblée plus attirante. » Étranglée par la misère, Maude postule…

Voici donc ma première lecture du butin que j’avais ramené de la kermesse de ma paroisse ! Et je suis bien contente, parce que cette lecture a été franchement agréable !

Belle Époque, c’est l’histoire de Maude qui a fui une vie dont elle n’était pas maîtresse pour rejoindre Paris et ainsi réaliser ses rêves. Mais voilà, Paris est difficile, le boulot est ingrat et Maude ne parvient pas à sortir la tête de l’eau… alors elle va postuler pour une petite annonce qui demande des jeunes filles laides pour un travail facile. Sa tâche consistera à mettre en valeur sa cliente, elle qui n’est que quelconque et discrète. Elle deviendra donc « repoussoir »… mais tiendra-t-elle selon les exigences de l’agence ? Ou laissera-t-elle sa conscience prendre le dessus ?

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec ce livre, il me souvenait avoir lu des chroniques pas très positives, des avis déçus… eh bien, personnellement, j’ai totalement adhéré ! L’univers est assez dur, mais le contexte est… enchanteur. Ce Paris de l’Exposition Universelle me fascine toujours autant et de trouver une histoire qui mette en scène de l’immoralité et un besoin de se fier à sa conscience et de suivre ses rêves… mais comment aurais-je pu ne pas aimer ?

Alors comme vous le voyez, les sentiments et le travail de conscience sont très présents dans l’intrigue, et amenés de façon très pertinente, très juste et réaliste. Parce que Maude n’est pas parfaite, et on voit parfaitement le chemin que ses pensées emprunte, jusqu’à s’égarer pour se retrouver sur les dernières pages. Et cette humilité qui se bat avec l’orgueil m’a beaucoup fascinée ! Que ce soit chez Maude ou chez ses compagnes de l’agence Durandeau, pour être honnête. On constate une réelle évolution chez chacune, c’est superbe !

Je peux aussi vous parler des personnages qui sont tous très bien étoffés, et il en va de même pour les relations qui les lient. L’amitié et la franchise ont une place très importante dans le roman, de même que l’estime de soi. Maude a son caractère, encore influençable pour son âge, et toutefois déterminé malgré tout. Marie-José, sa meilleure amie, est joyeuse, réaliste et elle représente un vrai rayon de soleil dans ce roman. Il en va de même pour Isabelle, la cliente de Maude, qui fait office de jeune fille du monde qui veut absolument faire des études et qui se passionne pour la science. Paul, l’artiste bohème qui veut percer, aussi, est super sympathique et touchant. En revanche, Durandeau est un vrai… un vrai scélérat ! Quel profiteur sans âme…

Bref, comme vous le voyez, Elizabeth Ross a su étoffer ses personnages et leurs réactions pour que nous ne puissions pas rester indifférents à leur sort. Avec tout ça, l’intrigue va à un rythme tranquille sans que nous nous ennuyions. Une saison entière se passe, pendant laquelle la tension monte, et on a peur de ce qu’on va lire dans les dernières pages : comment va se terminer l’histoire pour Maude ?

J’ai été très contente de voir que la fin n’était pas celle que j’attendais. C’était une percée vers la lumière, l’espoir et les rêves que l’on voudrait accomplir. Dans ce Paris orgueilleux, on retombe dans l’humilité, au moins pour un temps. Les valeurs morales sont donc bien présentes, sans pour autant nous heurter. C’est une historie de soumission et de rébellion, aussi, quelque part !

Au niveau de la plume, je l’ai trouvée juste. Il y a des phrases plus percutantes que d’autres, qui nous inquiètent parfois pour l’évolution du caractère de Maude, et d’autres qui, à l’opposée, nous détendent. Ce sont dans ces moments que l’on constate que l’auteur joue avec nos nerfs à petites touches.

Avant de passer à la conclusion, je voulais aussi parler du contexte parisien. Il faut indiquer ici que l’on s’y croirait, dans ces rues alors que Maude s’y ballade, au Louvre, en bas de la Tour Eiffel en construction et au milieu du bruit et des remarques qu’elle provoque ! Dire qu’ils voulaient la raser et non pas la garder… on en apprend beaucoup ! De même, on voit la place des femmes, à l’époque, les mœurs de la bourgeoisie et j’ai aussi énormément apprécié le côté photographie du roman. Très enrichissant !

En fin de compte, Belle Époque a été une excellente découverte pour moi. J’ai plongé dans une intrigue inattendue, originale même si elle était basée sur une nouvelle de Zola que je ne connaissais d’ailleurs pas, mais qui a été très agréable à lire à la suite du roman. Maude est une héroïne forte dans ses convictions, même si on sent qu’elle peut se laisser influencer durant le roman. Son évolution est très intéressante et fascinante, et les caractères uniques qui l’environnent de rendent le voyage que plus agréable ! Elizabeth Ross nous embarque et joue avec nos émotions, tout en nous présentant un contexte riche qui nous fait tous rêver malgré ses défauts : le Paris de l’Exposition Universelle… que demander de plus ?
Ce sera donc un 17/20 et je vous le recommande chaudement !

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