mardi 25 octobre 2016

Les jonquilles fleurissent en décembre (Annie Fayet)

Paris, septembre 1941.

Claire, étudiante idéaliste et entière, s’engage dans la Résistance avec l’insolence frondeuse de sa jeunesse, sans présager un instant des sombres conséquences qui en découleront et des douloureux sacrifices auxquels son âme devra consentir au nom de la lutte contre l’Allemagne nazie.
Dans la famille Saint-leu, dont la jeune fille est la cadette, on n’accepte ni la défaite ni la collaboration éhontée du gouvernement de Vichy. Vincent, son frère aîné, s’embarque pour Londres.
Du fin fond de la campagne lotoise, ses parents, quant à eux, tentent d’arracher le plus grand nombre d’enfants juifs aux griffes barbares de la déportation et à la traque acharnée de la police vichyste.

Dans une France occupée, livrée à l’oppression et à la tyrannie de la botte hitlérienne, des destins se croisent et se révèlent, sombres ou flamboyants, selon le choix que chacun fait.
Une chronique de la vie de Français ordinaires, placés dans des circonstances extraordinaires et ballottés par la sourde réalité de l’Histoire. Un quotidien où se mêlent espoirs de lendemains meilleurs, craintes d’une dénonciation anonyme, opérations clandestines et règlements de comptes sanglants.

Aaaaah, quelle joie que d’avoir pu replonger dans un roman d’Annie Fayet ! J’avais vraiment beaucoup aimé Une vie ne suffit pas, il y a quelques mois, et je suis franchement contente d’avoir pu lire cette suite bien différente mais tout aussi bien !

Les jonquilles fleurissent en décembre reprend la continuité des personnages que nous avons rencontrés dans Une vie ne suffit pas. Pierre est désormais médecin et vit dans sa campagne, avec sa femme, tandis que ses deux filles habitent Paris, l’une en tant qu’infirmière, l’autre en tant qu’étudiante en droit. Son fils, lui, est parti pour l’Angleterre, afin de rejoindre les forces alliées… parce que la guerre a commencé. Cette histoire est celle de cette famille, et de ceux qui gravitent autour d’eux, lors de cette période qui a marqué notre Histoire au fer rouge.

Si vous remarquez, j’en dis très peu dans mon résumé, parce que vous avez droit à une quatrième de couverture assez prolixe et que je ne voudrais pas vous spoiler toute l’histoire, alors qu’elle est prenante et qu’on a du mal à s’en détacher. Oui, c’est la fille qui a lu le roman de presque 400 pages (sur ma liseuse) en un weekend.

Ce nouveau roman est différent de celui qui m’a permis de découvrir Annie Fayet. La période, déjà, mais aussi l’ambiance, les mentalités… assurément, la fin du 19ème représente un autre monde que les années 1940, en France. Ça se sent, dans la manière d’évoluer des personnages, dans les fragilités de certains, dont ceux qui ont vécu le conflit de 14-18, et dans les convictions très tranchées des autres.

C’est ainsi que l’on fait la connaissance de Claire, jeune femme prodigieusement ulcérée et révoltée contre la présence des Allemands dans Paris. Elle fera tout pour agir, quitte à mettre sa vie en danger, se cramponnant à ses idées sans faire de concessions, ou alors… presque contre son gré. J’ai beaucoup apprécié cette héroïne, qui possède de forts doutes mais qui se raccroche à ce qu’elle croit, à ce qu’elle veut croire, et qui évolue franchement durant tout le récit. Sa force et sa détermination, mais aussi ses faiblesses – qu’elle admet – font d’elle un personnage véritablement humain auquel on s’attache énormément.
Elise, la sœur aînée, est plus discrète, néanmoins toute aussi attachante, à sa manière. Sa vie est plus rangée, son histoire plus calme, et pourtant, elle ne va pas rester sans rien faire. J’ai beaucoup apprécié la sérénité qu’elle apportait, malgré qu’elle puisse posséder des anxiétés aussi. Elle était un peu comme un pilier dans l’histoire et ça faisait du bien, parce qu’elle faisait son bonhomme de chemin bon gré mal gré.
Je pourrais énumérer bon nombre de personnages avec leurs caractéristiques, puisque ce roman est un peu une saga familiale, sur toutefois moins d’années qu’on ne s’y attendrait. Quelque part, pourtant, quand on ressort de cette lecture, un peu comme Le chant du Rossignol que j’ai lu en espagnol il n’y a pas si longtemps, on se dit que ces années de guerre auront représenté plus qu’une vie ne peut en supporter normalement.

Bref, tous les personnages secondaires sont marquants et touchants, ou alors ils vous ulcèrent, vous font réagir, parce qu’ils ne sont pas du bon côté de la barrière. D’ailleurs, ce roman nous parle aussi beaucoup de la position que chacun pouvait avoir pendant la guerre (et qui pouvait évoluer, de manière parfois drastique) mais aussi après. Annie Fayet a voulu nous faire part des jugements, qui prenaient une place si importante à cette époque. On pouvait dénoncer, on pouvait condamner, et ça ne s’est pas arrêté à la fin de la guerre. Ça m’a encore marquée, alors que je ne pensais pas avoir encore à apprendre à ce niveau.

Comme je l’ai mentionné plus haut, j’ai encore Le chant du rossignol en tête et dans le cœur. L’histoire ici est différente, bien que le contexte soit sensiblement le même. Les conditions me sont apparues moins drastiques, moins difficiles à vivre, mais j’ai pu observer d’autres choses, ce dont je suis reconnaissante. Ces héroïnes-là sont ballotées par d’autres doutes assez pernicieux, et le quotidien n’est pas évident. De même, le vécu de Pierre et de sa petite troupe en campagne m’aura touchée, parce que pour préserver ces enfants, il aura fallu lutter. Bref, si je n’ai pas reçu de coup au cœur comme pour le roman de Kristin Hannah, Annie Fayet a cependant su me toucher et me faire réfléchir !

La plume de notre auteure est toujours aussi agréable. Elle sait bien décrire les situations, sans qu’il y ait de longueurs, et parvient à retranscrire les troubles qui agitent les âmes de ses personnages. Elle réussit de même à jongler entre plusieurs situations, entre plusieurs de ses héros de papier, sans que nous nous perdions. Je regrette parfois simplement les ellipses qui ont été faites (curieuse insatiable que je suis !), mais dont les infos étaient reportées quelques lignes plus tard. Il n’en reste pas moins que le tout se lit de façon très fluide, et qu’on veut savoir la fin !

Parce que oui, je ne vous ai pas dit… mais les destins se croisent et s’entremêlent de bien des façons… ce qui fait que, non seulement on parle de la guerre, de la tension qui émane, de la Résistance, de tout ça, tout ça… il y a aussi néanmoins de l’amour ! Et vous me connaissez, pour ça, entre un contexte fascinant et plutôt bien renseigné qui ne peut que nous prendre aux tripes, et plusieurs histoires d’amour, je ne pouvais que succomber !

Dois-je parler des valeurs ? L’intégrité a la part belle, je crois. Chacun se questionne sur ce qu’il est juste de faire, et si parfois j’ai totalement réprouvé ce que j’ai pu lire, je pense que cela nous a aussi été présenté pour nous faire réagir et nous positionner. Nous ne sommes pas là pour juger, on se demande néanmoins ce que nous aurions fait, nous, à cette époque. On parle aussi beaucoup d’amour, de famille, de loyauté et d’endurance. Endurance du cœur, de l’espérance… physique, aussi. Bref, il y a beaucoup de choses, de la lumière dans les ténèbres, comme souvent avec ce type de romans ! Et la fin m’a ravie, bien que je sois frustrée de devoir imaginer la véritable issue.

En conclusion de cette chronique incroyablement longue (oups !), je dirai que Les jonquilles fleurissent en décembre a encore comblé mon petit cœur de lectrice. Le contexte de la Deuxième Guerre Mondiale est difficile à traiter, mais Annie Fayet s’en sort très bien, et est parvenue à nous embarquer auprès de ses nombreux personnages, auxquels il est facile de s’attacher. Je retiendrai beaucoup de choses, la cruauté, mais aussi l’amour qui découle et survit, les liens familiaux qui perdurent… le réalisme des sentiments qui nous sont décrits ! Que dire de plus ? C’est bien écrit, c’est prenant (ça se lit vite, et j’dis ça, j’dis rien…) et ça vous fait chatoyer le cœur en y repensant, malgré les difficultés présentées qu’on a peine à zapper.
Ce sera donc un 18/20 pour moi et je vous le recommande !

2 commentaires:

  1. Encore une fois merci, Charlène pour cette belle chronique :-) !
    J'avoue que tu n'as pas lésiné sur la longueur et compte tenu de toutes les chroniques que tu avais à rédiger, je salue ton courage. A très bientôt :-) ! Annie

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  2. Ca a l'air d'être une très jolie histoire, mais la raison pour laquelle je commente c'est juste qu'en voyant le couverture, je me suis dit "aaaaah, mais c'est la même pendule qu'il y avait chez mes grands-parents !!!". Voilà, je voulais partager ce moment d'intense nostalgie.

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