Paris, septembre 1941.
Claire, étudiante
idéaliste et entière, s’engage dans la Résistance avec l’insolence frondeuse de
sa jeunesse, sans présager un instant des sombres conséquences qui en
découleront et des douloureux sacrifices auxquels son âme devra consentir au
nom de la lutte contre l’Allemagne nazie.
Dans la famille
Saint-leu, dont la jeune fille est la cadette, on n’accepte ni la défaite ni la
collaboration éhontée du gouvernement de Vichy. Vincent, son frère aîné,
s’embarque pour Londres.
Du fin fond de la
campagne lotoise, ses parents, quant à eux, tentent d’arracher le plus grand
nombre d’enfants juifs aux griffes barbares de la déportation et à la traque acharnée
de la police vichyste.
Dans une France
occupée, livrée à l’oppression et à la tyrannie de la botte hitlérienne, des
destins se croisent et se révèlent, sombres ou flamboyants, selon le choix que
chacun fait.
Une chronique de la
vie de Français ordinaires, placés dans des circonstances extraordinaires et
ballottés par la sourde réalité de l’Histoire. Un quotidien où se mêlent
espoirs de lendemains meilleurs, craintes d’une dénonciation anonyme,
opérations clandestines et règlements de comptes sanglants.
Aaaaah, quelle joie que d’avoir pu replonger dans un roman d’Annie
Fayet ! J’avais vraiment beaucoup aimé Une
vie ne suffit pas, il y a quelques mois, et je suis franchement contente d’avoir
pu lire cette suite bien différente mais tout aussi bien !
Les jonquilles
fleurissent en décembre reprend la continuité des personnages que nous
avons rencontrés dans Une vie ne suffit
pas. Pierre est désormais médecin et vit dans sa campagne, avec sa femme,
tandis que ses deux filles habitent Paris, l’une en tant qu’infirmière, l’autre
en tant qu’étudiante en droit. Son fils, lui, est parti pour l’Angleterre, afin
de rejoindre les forces alliées… parce que la guerre a commencé. Cette histoire
est celle de cette famille, et de ceux qui gravitent autour d’eux, lors de
cette période qui a marqué notre Histoire au fer rouge.
Si vous remarquez, j’en dis très peu dans mon résumé, parce
que vous avez droit à une quatrième de couverture assez prolixe et que je ne
voudrais pas vous spoiler toute l’histoire, alors qu’elle est prenante et qu’on
a du mal à s’en détacher. Oui, c’est la fille qui a lu le roman de presque 400
pages (sur ma liseuse) en un weekend.
Ce nouveau roman est différent de celui qui m’a permis de découvrir
Annie Fayet. La période, déjà, mais aussi l’ambiance, les mentalités…
assurément, la fin du 19ème représente un autre monde que les années
1940, en France. Ça se sent, dans la manière d’évoluer des personnages, dans
les fragilités de certains, dont ceux qui ont vécu le conflit de 14-18, et dans
les convictions très tranchées des autres.
C’est ainsi que l’on fait la connaissance de Claire, jeune
femme prodigieusement ulcérée et révoltée contre la présence des Allemands dans
Paris. Elle fera tout pour agir, quitte à mettre sa vie en danger, se
cramponnant à ses idées sans faire de concessions, ou alors… presque contre son
gré. J’ai beaucoup apprécié cette héroïne, qui possède de forts doutes mais qui
se raccroche à ce qu’elle croit, à ce qu’elle veut croire, et qui évolue
franchement durant tout le récit. Sa force et sa détermination, mais aussi ses
faiblesses – qu’elle admet – font d’elle un personnage véritablement humain auquel
on s’attache énormément.
Elise, la sœur aînée, est plus discrète, néanmoins toute
aussi attachante, à sa manière. Sa vie est plus rangée, son histoire plus
calme, et pourtant, elle ne va pas rester sans rien faire. J’ai beaucoup apprécié
la sérénité qu’elle apportait, malgré qu’elle puisse posséder des anxiétés
aussi. Elle était un peu comme un pilier dans l’histoire et ça faisait du bien,
parce qu’elle faisait son bonhomme de chemin bon gré mal gré.
Je pourrais énumérer bon nombre de personnages avec leurs
caractéristiques, puisque ce roman est un peu une saga familiale, sur toutefois
moins d’années qu’on ne s’y attendrait. Quelque part, pourtant, quand on
ressort de cette lecture, un peu comme Le
chant du Rossignol que j’ai lu en espagnol il n’y a pas si longtemps, on se
dit que ces années de guerre auront représenté plus qu’une vie ne peut en
supporter normalement.
Bref, tous les personnages secondaires sont marquants et
touchants, ou alors ils vous ulcèrent, vous font réagir, parce qu’ils ne sont
pas du bon côté de la barrière. D’ailleurs, ce roman nous parle aussi beaucoup
de la position que chacun pouvait avoir pendant la guerre (et qui pouvait
évoluer, de manière parfois drastique) mais aussi après. Annie Fayet a voulu
nous faire part des jugements, qui prenaient une place si importante à cette
époque. On pouvait dénoncer, on pouvait condamner, et ça ne s’est pas arrêté à
la fin de la guerre. Ça m’a encore marquée, alors que je ne pensais pas avoir
encore à apprendre à ce niveau.
Comme je l’ai mentionné plus haut, j’ai encore Le chant du rossignol en tête et dans le
cœur. L’histoire ici est différente, bien que le contexte soit sensiblement le
même. Les conditions me sont apparues moins drastiques, moins difficiles à
vivre, mais j’ai pu observer d’autres choses, ce dont je suis reconnaissante. Ces
héroïnes-là sont ballotées par d’autres doutes assez pernicieux, et le
quotidien n’est pas évident. De même, le vécu de Pierre et de sa petite troupe
en campagne m’aura touchée, parce que pour préserver ces enfants, il aura fallu
lutter. Bref, si je n’ai pas reçu de coup au cœur comme pour le roman de
Kristin Hannah, Annie Fayet a cependant su me toucher et me faire réfléchir !
La plume de notre auteure est toujours aussi agréable. Elle sait
bien décrire les situations, sans qu’il y ait de longueurs, et parvient à
retranscrire les troubles qui agitent les âmes de ses personnages. Elle réussit
de même à jongler entre plusieurs situations, entre plusieurs de ses héros de
papier, sans que nous nous perdions. Je regrette parfois simplement les
ellipses qui ont été faites (curieuse insatiable que je suis !), mais dont
les infos étaient reportées quelques lignes plus tard. Il n’en reste pas moins
que le tout se lit de façon très fluide, et qu’on veut savoir la fin !
Parce que oui, je ne vous ai pas dit… mais les destins se
croisent et s’entremêlent de bien des façons… ce qui fait que, non seulement on
parle de la guerre, de la tension qui émane, de la Résistance, de tout ça, tout
ça… il y a aussi néanmoins de l’amour ! Et vous me connaissez, pour ça, entre
un contexte fascinant et plutôt bien renseigné qui ne peut que nous prendre aux
tripes, et plusieurs histoires d’amour, je ne pouvais que succomber !
Dois-je parler des valeurs ? L’intégrité a la part
belle, je crois. Chacun se questionne sur ce qu’il est juste de faire, et si
parfois j’ai totalement réprouvé ce que j’ai pu lire, je pense que cela nous a
aussi été présenté pour nous faire réagir et nous positionner. Nous ne sommes
pas là pour juger, on se demande néanmoins ce que nous aurions fait, nous, à
cette époque. On parle aussi beaucoup d’amour, de famille, de loyauté et d’endurance.
Endurance du cœur, de l’espérance… physique, aussi. Bref, il y a beaucoup de
choses, de la lumière dans les ténèbres, comme souvent avec ce type de romans !
Et la fin m’a ravie, bien que je sois frustrée de devoir imaginer la véritable
issue.
En conclusion de cette chronique incroyablement longue (oups !),
je dirai que Les jonquilles fleurissent
en décembre a encore comblé mon petit cœur de lectrice. Le contexte de la
Deuxième Guerre Mondiale est difficile à traiter, mais Annie Fayet s’en sort
très bien, et est parvenue à nous embarquer auprès de ses nombreux personnages,
auxquels il est facile de s’attacher. Je retiendrai beaucoup de choses, la
cruauté, mais aussi l’amour qui découle et survit, les liens familiaux qui
perdurent… le réalisme des sentiments qui nous sont décrits ! Que dire de
plus ? C’est bien écrit, c’est prenant (ça se lit vite, et j’dis ça, j’dis
rien…) et ça vous fait chatoyer le cœur en y repensant, malgré les difficultés
présentées qu’on a peine à zapper.
Ce sera donc un 18/20
pour moi et je vous le recommande !
Encore une fois merci, Charlène pour cette belle chronique :-) !
RépondreSupprimerJ'avoue que tu n'as pas lésiné sur la longueur et compte tenu de toutes les chroniques que tu avais à rédiger, je salue ton courage. A très bientôt :-) ! Annie
Ca a l'air d'être une très jolie histoire, mais la raison pour laquelle je commente c'est juste qu'en voyant le couverture, je me suis dit "aaaaah, mais c'est la même pendule qu'il y avait chez mes grands-parents !!!". Voilà, je voulais partager ce moment d'intense nostalgie.
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