mercredi 21 décembre 2016

Les Borgias (Kate Quinn)

Tome 1 : Le Serpent et la Perle

Rome, 1492. La belle Giulia Farnese épouse le jeune et séduisant Orsino et croit que la fortune lui sourit. Mais elle découvre avec stupeur que son mariage n'est qu'un leurre, orchestré par l'influent cardinal Borgia, bien décidé à en faire sa concubine.
Enfermée dans une prison dorée, espionnée par les serviteurs, Giulia peut compter sur le soutien de Leonello, un cynique garde du corps qui poursuit de sa vengeance un mystérieux tueur, et de Carmelina, cuisinière irascible au passé secret.
Tandis que la corruption grandit au Vatican et que le nombre de leurs ennemis ne cesse de croître, Giulia et ses acolytes doivent faire preuve de ruse pour survivre dans le monde des Borgia. N'est pas intrigant qui veut...

Il est possible que ceux qui ont vu ce livre passer dans leur fil d’actualité se soient posé des questions : les Borgia ne sont en effet pas forcément les personnages sur lesquels je pouvais me pencher de prime abord ! Et pourtant…

Le Serpent et la Perle nous embarque au 15ème siècle, auprès de Giulia, une belle jeune femme qui va être mariée à Orsino, avant de s’apercevoir que ce mariage n’a été réalisé que pour couvrir les intentions du cardinal Borgia, qui veut faire d’elle sa concubine. Décidée à lui résister, Giulia s’apercevra qu’elle vit désormais dans un monde de machinations perpétuelles, et sa détermination pourrait bien s’effriter. Près d’elle, assurant un soutien et une sécurité certaine, Carmelina œuvre en cuisine en portant un terrible secret qu’elle craint de voir éventé, et Leonello la protège de son mieux, lui le nain au cynisme avéré et aux lames sifflantes… jusqu’où iront-ils au milieu de ce monde corrompu ?

Alors, c’est vrai, les Borgia ne sont pas des personnages historiques qui m’attiraient de prime abord. Les séries télé, l’intérêt pour eux ne m’a pas réellement contaminée quand on a commencé à orienter les projecteurs dessus. La raison en est simple : moi qui suis portée sur la religion, je n’aime pas l’image qu’ils renvoient de l’Église. Néanmoins, quand j’ai vu que Kate Quinn avait écrit un roman dessus, j’ai été intriguée, parce que le travail de cette auteure me plait beaucoup. Ça, et le fait que dans le résumé, on parlait de résistance. L’héroïne refusait ce rôle de concubine et cette perspective me convenait plus que parfaitement !

Soyons honnêtes. Je suis déçue de ce que j’ai trouvé, sans réellement l’être. Parce que si le résumé nous vend une héroïne qui résiste, elle ne le fait qu’au début. Elle se laisse ensuite attendrir pour devenir la concubine du cardinal qui deviendra le pape. Je vous laisse imaginer la tête que j’ai pu faire quand j’ai vu ça… Non seulement il y a une différence d’âge de quarante ans (au bas mots) entre les deux, mais en plus, c’est le pape. Quand je lisais ça, il y avait comme un blocage, c’est vrai. Pour autant, le lecteur s’attend à ce qu’à un moment, elle succombe (hélas).

Je ne peux pas dire que je n’ai pas apprécié ma lecture, c’est faux. Je me suis laissée prendre au jeu dans une certaine mesure. Je ne cautionnais pas ce que je lisais, mais Kate Quinn a créé des personnages assez uniques et aux personnalités fortes. Carmelina, Leonello et Giulia forment un trio assez atypique et semblent en constante évolution. La cuisinière au passé indicible m’a pas mal plu, pour son caractère très spontané et un peu rugueux. Leonello est un personnage qu’on a du mal à cerner, mais qui est très riche bien que parfois cruel. Il m’a intriguée.

Concernant Giulia, j’ai été un peu… désarçonnée, disons. Je n’ai pas forcément suivi ses choix, et elle m’a paru un savant mélange d’humilité et de vanité. J’ai apprécié quand elle a résisté au cardinal, puis quand elle a décidé de reprendre sa vie en main, en se fichant des conséquences sur le pape. Là, oui, elle devenait pour moi une femme forte que j’appréciais de suivre. Autrement, je fronçais un peu les sourcils et je plissais le nez. Mais ça, c’est par rapport à mes principes et ma sensibilité. Je pense que d’autres apprécieront le personnage de Giulia avec plus de ferveur que moi !

En dehors de ceci, l’intrigue est bien pensée, puisque nous évoluons grâce à plusieurs personnages : le trio que j’ai déjà mentionné. De plus, l’histoire ne tourne pas seulement autour du pape et de sa concubine, mais aussi autour d’une histoire de meurtres sanglants qui devient de plus en plus importante au fil des pages. Sans compter le secret de Carmelina qui se dévoile dans les dernières pages ! Le lecteur ne peut que se demander comment Kate Quinn va faire pour arranger son roman afin que tout prenne sens. C’est ça qui m’a agrippée, aussi. Les dernières pages me donneraient envie de lire la suite, mais je pense que j’en ai eu assez pour le moment. Je m’y pencherai peut-être plus tard… peut-être.

Au niveau de la teneur historique, on sent que notre auteure s’est renseignée et qu’elle a inclus des détails précis pour mieux immerger son lecteur. J’avoue avoir souri en lisant la liste des ingrédients utilisés par Carmelina dans sa cuisine, les plats qu’elle concoctait, ou encore les soins naturels utilisés par Giulia pour se faire belle. Ce sont de petites touches qui offrent au récit une richesse vraiment intéressante. Ça et le contexte politique qui nous est aussi présenté avec précision.

L’écriture est fluide, on switche entre les personnages sans aucune difficulté, découvrant l’histoire sous différents angles avec des éléments nouveaux et uniques provenant de chacun. Le tout monte en puissance au fil des pages, et on s’attache plus ou moins à chacun, arrivant sur la fin dans une situation clairement inattendue par rapport au début du roman, même si nous avions été prévenus bien des fois dans les discussions en apparence anodine. Le récit n’est pas pesant, même si parfois, on a envie que ça avance plus vite, surtout si l’on n’est pas forcément en accord avec le personnage que nous suivons !

Concernant les valeurs, il va sans dire que la liaison entre le pape et sa concubine (alors qu’elle est mariée) m’a vachement refroidie. Néanmoins, on voit dans ce bouquin qu’on ne peut jamais juger un être humain sur quelques faits, comme on peut le voir aussi avec Carmelina et Leonello qui sont pétris d’un passé assez sombre. Chacun porte du bien et du mal en lui, et choisit chaque jour d’avancer dans sa vie selon sa conscience. Je trouve ça chouette, quelque part, parce que cela nous montre que l’Histoire n’est pas qu’une succession de faits et que si on se permet de juger les figures qu’on nous montre a posteriori, ou même dans l’actualité, ils sont tellement plus que ce que l’on veut nous montrer. Je pense que c’est ce que je tire de plus de ce bouquin.

En conclusion, Le Serpent et la Perle a été une lecture assez différente de mes habitudes. Ce n’est pas une déception, mais on n’en est pas loin, vu que je n’ai pas vraiment apprécié les choix de l’héroïne. La mosaïque des personnages est très intéressante et nous propose de belles pistes de réflexions sur le passé ou l’actualité, une fois qu’on a pris du recul. Cela dit, même si j’ai eu du mal avec la relation Giulia/Rodrigo Borgia, je me suis laissée prendre au jeu et j’ai découvert une intrigue assez riche en détails et en surprises sur la fin du roman.
Ce sera donc un 15/20 pour moi, parce que je n’ai pas vraiment accroché aux Borgia, mais plutôt au talent de Kate Quinn !

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