mercredi 17 mai 2017

Mémé dans les orties (Aurélie Valognes)

Ferdinand Brun est atypique.
Le genre de vieux monsieur qui boude la vie et s’ennuie à (ne pas) mourir.
Tel un parasite, il occupe ses journées en planifiant les pires coups possibles qui pourraient nuire et agacer son voisinage.
Il suffit d’un nœud qui se relâche et laisse partir son seul compagnon de vie, Daisy sa chienne, pour que tout s’écroule.

Quand Juliette, une fillette de dix ans, et Béatrice, la plus geek des grands-mères, forcent littéralement sa porte pour entrer dans sa vie, Ferdinand va être contraint de se métamorphoser et de sortir de sa chrysalide, découvrant qu’il n’est jamais trop tard pour commencer à vivre…

Voilà un livre qui me faisait envie depuis un long moment, et que j’ai mis plus de 5 mois à sortir de ma PAL ! (la honte soit sur moi, j’ai pris un de ces retards…)

Mémé dans les orties nous raconte l’histoire de Ferdinand, un vieil homme acariâtre qui a décidé d’embêter ses voisines pour ne pas se conformer au règlement de la copropriété qu’il trouve stupide. Il n’aime que Daisy, sa chienne, mais lorsque cette dernière disparaît, il n’a plus de raison de vivre. C’est alors que vont surgir presque simultanément deux tempêtes dans sa vie : une enfant de 10 ans très intelligente, et une nonagénaire pimpante et pleine de surprises. Ferdinand va voir son quotidien et ses repères être chamboulé… mais après tout… même à 80 ans passés, il n’est jamais trop tard pour changer, non ?

Je vous avoue tout de suite que c’est le titre qui m’a totalement fait craquer pour le roman. C’est une expression que j’ai beaucoup utilisée, et que j’ai même détourné en « faut pas pousser Pépé dans les orties », parce qu’au bout d’un moment, Mémé, elle en a marre. Bref ! Entre ce titre très accrocheur, et le résumé qui promettait un livre sans prise de tête et rafraîchissant, je n’ai plus hésité. J’ai bien fait !

Ce petit bouquin se lit très, très vite : les chapitres sont courts, c’est entraînant et… vivant. Même si Ferdinand n’a au départ pas un quotidien palpitant, il y a quelque chose dans le ton qui nous fait sourire : on sent que quelque chose se prépare, puis, bon, tous les personnages sont à la fois atypiques et assez communs parce qu’ils nous rappellent quelqu’un (une personne ou un personnage !).

En parlant de Ferdinand, je crois qu’il est difficile de ne pas s’attacher à ce papy rebelle, bougon et casanier. Voir la vie de son côté, même s’il n’a pas toujours raison, nous permet de l’apprécier, de le comprendre. Combien de personnes âgées pensent comme lui, par manque d’attention, d’amour et de présence ? Beaucoup d’entre elles, je pense. Ferdinand est très humain, et l’arrivée de deux tornades différentes dans sa vie est juste hypra bénéfique.

D’ailleurs, les deux tornades en question sont très attachantes aussi. Pleines de surprises et de ressources, elles ne cesseront d’étonner le lecteur, qui les appréciera aussi, après s’être demandé à son tour qu’est-ce que sont ces deux folles ! Elles apportent un véritable air frais, vivant, original dans ce roman !

L’intrigue est originale, pour ce pépé qui n’attend plus rien de la vie, est persuadé que tout lui arrive par fatalité, alors qu’un changement de regard et d’attitude peuvent orienter différemment les choses… c’est un petit bouquin aux multiples rebondissements assez cocasses, amusants, touchants et parfois tristes ! Bref, une jolie fresque humaine, un roman feel-good comme on en a bien besoin !

La plume d’Aurélie Valognes est légère, et elle ne s’appesantit pas sur le superflu : elle va droit au but, en s’autorisant des détails qui nous attachent à ses personnages et nous offrent un meilleur angle de vue sur les situations qu’elle nous présente. Les confrontations de Ferdinand avec le monde actuel ont été très drôles pour moi, la façon de parler de chacun des personnages aussi, et ce petit ton un peu humoristique… il s’agit juste d’ingrédients qui font mouche à mes yeux !

Que dire de plus ? Que j’ai essayé de ne pas le lire trop vite ? C’est vrai, j’ai ralenti exprès pour ne pas le dévorer. Que j’ai aimé du début à la fin ? C’est vrai aussi, mais en crescendo, comme pour les bons romans. Que ça a été un souffle d’air frais et une lecture sans prise de tête ? Double oui ! Je suis curieuse à présent de lire les autres romans de cette auteur, parce que j’ai beaucoup aimé ce que j’ai trouvé entre ces pages.

Ah, et parlons un peu des valeurs, voulez-vous ? Non seulement ce roman nous permet de nous décentrer et de voir cet homme sous un autre angle, et ainsi d’autres personnes âgées d’une autre façon, mais il nous invite à nous rendre compte que nous sommes acteurs de nos vies. Il suffit parfois d’une rencontre tout à fait inattendue, d’une porte qui ne se ferme pas, ou d’une porte qu’on peut laisser ouverte, à l’inconnu, au chamboulement, pour améliorer notre vie, et la vie d’autrui. C’est un joli roman pour se relire et relire le monde, je crois. Ferdinand repousse tout le monde, sans s’en rendre compte, parfois, et accuse une fatalité qui n’existe pas. Et si nous faisions pareil aussi ?

En fin de compte, ce petit bouquin est vraiment une jolie découverte pour moi. Il se lit rapidement, nous offre une histoire drôle, touchante, vivante et qui nous fera réfléchir en plus de nous offrir un beau message. J’aime beaucoup cette ambiance fraîche, un peu décalée, ce rythme tranquille mais rapide, comme la vie qui ne cesse d’avancer. Une bien jolie découverte, je le répète, que je vous recommande vraiment, et ce sera pour moi un 17/20 !

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