Quand j’ai eu deux
ans, tous mes souvenirs avaient des mots, et tous mes mots avaient une
signification.
Mais seulement dans ma
tête.
Je n’ai jamais
prononcé un seul mot. J’ai bientôt onze ans.
Voilà une chronique qui va me donner du fil à retordre…
Le Silence de Mélodie
nous parle de Mélodie, qui raconte son histoire. Mélodie est handicapée, elle n’est
pas totalement maîtresse de son corps, et à bientôt onze ans, elle n’a presque
jamais pu exprimer à son entourage ce qu’elle ressentait ou plutôt, ce qu’elle
pensait. Parce que Mélodie est extrêmement intelligente. Mais quand on est
handicapé et qu’on ne peut pas parler, comment voulez-vous le faire comprendre
aux autres ?
Peut-être que certains se souviennent du fait que j’avais
essayé de lire ce livre en début d’année, lors de mon excursion bretonne auprès
de Lire-une-passion. Je l’avais abandonnée, parce qu’il m’énervait. En effet j’ai
un peu de mal, parfois, avec les bouquins traitant de la thématique qui englobe
toutes mes études. J’ai un œil très critique dessus, bien que pas totalement
expert.
Néanmoins comme j’ai décidé pour ces mêmes études de me
consacrer aux représentations véhiculées sur le handicap dans les romans
adolescents, Le Silence de Mélodie
semblait tout indiqué. C’était reparti pour une deuxième tentative !
Le début a été moins laborieux que la première fois, mais j’ai
quand même pris le temps de griffonner quelques remarques sur les pages,
histoire de m’y retrouver. Je me posais plein de question : c’est quoi son
handicap ? Comment elle fait ça ? Comment c’est possible ? Je
voulais tous les détails, même les plus petits. J’avais besoin de comprendre
jusqu’au bout, d’avoir toutes les informations pour accorder du crédit à ce que
je lisais.
Certaines réponses ont été apportées plus de 100 pages
après, et j’ai trouvé ça dommage. Mais pas tant que ça, parce qu’à ce moment,
je m’étais déjà un peu attachée à Mélodie, bien que pour moi, elle ne puisse
pas se souvenir de quelque chose avant trois ans. Enfin bref.
À ma très grande surprise, j’ai fini par lâcher mon crayon
et mes notes critiques pour me focaliser uniquement sur l’histoire et notre
héroïne. Parce que oui, je crois qu’une fois que j’ai su ce qu’elle avait, j’ai
commencé à me laisser bercer par les mots de l’histoire. À m’attacher à
Mélodie, ce qui n’était pas gagné.
Alors bien sûr, je regrette un peu que soit vraiment mis en
valeur le fait que Mélodie soit très très intelligente, parce que ça contribue
à certains clichés qui vont crescendos ces derniers temps. En revanche, j’apprécie
énormément l’effort qui a été fait pour essayer de retrouver son émotion à
elle, qui n’est pas tellement différente de ce que nous, nous pourrions vivre.
J’ai fini par me réjouir, par m’énerver et par franchement manquer péter un
câble sur la dernière partie du bouquin.
Cette histoire a un petit côté sensationnel, alors qu’on commence
au départ par la vie de Mélodie, qui est tout à fait banal. Elle nous raconte
son quotidien, ses difficultés, sa perception du monde, et peu à peu, l’univers
s’élargit. C’est bien fait, vraiment, d’autant que ça met parfois réellement en
valeur l’incompétence (oui, vraiment) de certains professionnels ou l’intolérance
voire la méchanceté de certaines personnes. C’est très fidèle à ce qu’on peut
trouver dans la réalité, je vous assure.
Bref, Mélodie est une jeune fille tenace, au caractère bien
trempé, qui est très consciente de ses capacités mentales mais aussi très au
fait du poids qu’elle peut représenter pour ses parents. La plume qui a été choisie
pour narrer son histoire est très juste, quelque part, bien que trop mature
pour une enfant de onze ans quand même, pour moi. Il y a des moments, j’avais l’impression
que ça collait parfaitement bien et d’autres fois que l’auteur reprenait un peu
sa propre voix.
Si je devais résumer mon ressenti à propos de ce livre, ce
serait sûrement quelque chose du genre : « il s’agit d’un très
bon livre de sensibilisation à la thématique du handicap, à l’inclusion, qui
permet de faire prendre conscience aux gens à quel point la société peut être
obtuse de différentes manières, à ce sujet », mais… je ne sais pas si je
le recommanderais réellement à mes amis de la fac, si vous voulez. J’aimerais d’abord
vérifier deux-trois éléments. Ce qui n’empêche nullement que j’ai fini par
réellement apprécier cette histoire et que j’ai été profondément touchée par
tout ce que traverse Mélodie.
Les dernières pages du bouquin m’ont presque déchiré le cœur.
Je me sentais emplie de révolte, de colère, d’effroi et de tout plein de
choses, encore. La vérité est que même si j’ai eu un œil critique, que je
chipote très certainement, je n’ai pas pu rester insensible à Mélodie et à son
histoire. Mine de rien, on ne peut pas ignorer tout ce qu’elle nous transmet.
On l’aime vraiment ! Sa ténacité, son regard sur le monde… tout concourt à
ceci.
Je ne sais pas quoi ajouter encore, honnêtement. D’un point
de vue personnel, j’ai fini par beaucoup apprécier ma lecture et je ne regrette
aucunement de m’être forcée à m’y replonger. En revanche, pour mon mémoire, je
pense qu’il y aura des petits points intéressants à soulever que je dois encore
étudier ! En bref, je le conseille parce que c’est une très bonne
sensibilisation au handicap et à tout ce qui tourne autour, notamment avec l’intégration
qui n’est parfois qu’une farce pour certains. Ce livre est poignant, touchant,
et s’il ne vous fait pas pleurer, il réussira sûrement à vous faire à moitié
sortir de vos gonds ou à vous attendrir. Il aura mis du temps à me convaincre, j'aurai lutté, mais je ne le regrette absolument pas !
Ce sera donc un 17/20
pour moi !
Ce livre a l'ait très beau, j'aime bien aussi le fait que l'héroïne s'appelle Mélodie alors qu'elle ne parle pas... C'est d'autant plus touchant !
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