samedi 21 janvier 2017

La dernière conquête du Major Pettigrew (Helen Simonson)

À Edgecombe St. Mary, en plein cœur de la campagne anglaise, une tasse de thé délicatement infusé est un rituel auquel, à l’heure dite, le major Ernest Pettigrew ne saurait déroger pas plus qu’à son sens du devoir et à son extrême courtoisie, aussi désuète que touchante, qui font de lui l’archétype même du gentleman anglais : raffiné, sarcastique et irréprochable. Dans ce petit village pittoresque où les cottages le disputent aux clématites, le major a depuis trop longtemps délaissé son jardin. Désormais veuf, il a pour seule compagnie ses livres, ses chers Kipling, et quelques amis du club de golf fuyant leurs dames patronnesses. Ce n’est guère son fils, Roger, un jeune londonien ambitieux, qui pourrait le combler de tendresse. Mais, le jour où le major apprend le décès de son frère Bertie, la présence douce et gracieuse de Mme Ali, veuve elle aussi, va réveiller son cœur engourdi. Tout devrait les séparer, elle, la petite commerçante d’origine pakistanaise, et lui, le major anglais élevé dans le plus pur esprit britannique. Pourtant leur passion pour la littérature et la douleur partagée du deuil sauront les réunir. Ils vont, dès lors, être confrontés aux préjugés mesquins des villageois, où le racisme ordinaire sévit tout autant dans les soirées privées, sur le parcours de golf, à la chasse, sur les bancs de messe que dans les douillets intérieurs. Et les obstacles seront pour eux d’autant plus nombreux que leurs familles s’en mêlent : Roger s’installe dans un cottage voisin avec Sandy, sa petite amie américaine, et le neveu de Mme Ali, musulman très strict rentré du Pakistan, se découvre un enfant caché…

Parlons d’un roman que j’ai mis du temps à lire, et qui possède un résumé prodigieusement long ! (olé !)

Le Major Pettigrew est un homme respectable, veuf et… qui vient de perdre son frère. Déboussolé, il va croiser sur sa route Madame Ali, la propriétaire de l’épicerie de la ville, et quelques points communs vont les rapprocher, offrant une perspective inattendue pour le Major, qui ne sait plus quoi en penser. Et si on ajoute un fusil dont il devait hériter mais qui n’est pas mentionné, un fils qui se comporte comme un sérieux arriviste et un village tout entier prêt à sauter sur les premiers bruits de couloir… non, vraiment, le Major Pettigrew n’est pas au bout de ses peines… ni de ses surprises !

J’avais acheté ce roman pour un euro sur un vide-grenier, puisque c’était une lecture que j’avais plusieurs fois vu passer sans jamais me décider. Je me suis dit : « pourquoi pas », et je dois avouer que si pour moi, j’ai apprécié sans que cela soit énorme, il m’a offert un bon moment de tranquillité !

Dès les premières pages, le lecteur découvre une plume très douce, très vieille école un peu british, et immédiatement, on plonge auprès du Major Pettigrew, véritable anglais aux mœurs particulières et auquel on va très vite s’attacher. Ce pauvre homme vient de perdre son frère, et les complications vont s’enchaîner.

Ce roman n’est définitivement pas un roman qui bouge, bien qu’il s’y passe pas mal de choses. On est plus dans une histoire de mœurs, de changements de points de vue, et de saga familiale, si on veut. J’ai trouvé le tout amusant et reposant, parce qu’il est vrai que les anglais sont parfois réputés pour leurs traditions bien ancrées. Le Major Pettigrew ne fait pas exception à la règle, bien qu’il devienne instigateur d’un changement notable dans la bourgade.

Le roman nous embarque dans une histoire d’attirance entre deux personnes veuves, issues de cultures différentes, mêlant des aspects d’héritage et de transmission qui ne sont pas anodines. Ce bouquin nous parle de confrontation de mondes différents, avec une bonne dose de ridicule par moments, voire de saugrenu !

Parlons des personnages. Le Major est attendrissant, campé sur ses positions, mais capable de réfléchir pour s’adapter. Il est très touchant dans sa maladresse de vieux garçon, dans ses mots qu’il retient pour cause de bienséance, pour tout ce qu’il ne dit pas. Madame Ali aussi, est touchante, parce qu’elle est différente sans l’être totalement. On perçoit sa sensibilité et tout ce qui la rapproche du héros.
Je pourrais vous parler de nombreux personnages secondaires, comme le neveu de Mme Ali, ou Amina, ou d’autres personnages atypiques que l’on croise plusieurs fois. Je voudrais simplement mentionner le fils du Major, qui risque de déclencher une envie de baffes assez puissante chez plusieurs lecteurs. Ce gars est stupide, profiteur et il semblerait qu’il ne comprenne rien à la vie, c’est affligeant !

Comme on peut le voir, le roman nous promet une belle fresque de caractères assez uniques. L’histoire possède en cela une profondeur non négligeable, de même concernant les aspects culturels qui sont bien renseignés. On apprend des choses sur le Pakistan, sur les mœurs dans les grandes familles, et on peut réfléchir à de nombreux points. Après tout, qui sait comment nous réagirions dans pareille situation ? La dernière conquête du Major Pettigrew nous pousse à la réflexion, sans pour autant juger ceux que nous rencontrons entre les pages.

L’intrigue, comme je l’ai précisée plus haut, n’est pas de type « addictive ». J’avoue m’être presque ennuyée, par moments, parce que c’est calme et qu’on se laisse porter. Pour autant, cela n’est pas dérangeant, puisque cela me changeait de mon cadre habituel. On a quand même envie de savoir ce qui va se produire dans la suite, si le Major va retrouver ses fusils, si son imbécile de fils va changer… plus on avance, plus le tout devient compliqué et nous donne envie de voir la pelote se dénouer.

Concernant les valeurs, c’est tout simple : il y en a beaucoup et les messages sont chous. C’est un appel à la tolérance, à la discrétion et à la rencontre, tout simplement. En se trouvant des affinités avec Mme Ali, le Major va se rendre compte qu’il était resté enfermé dans son monde et ses relations toute sa vie, sans chercher à voir plus loin. Ça peut aussi nous remettre en question ! C’est aussi un joli message sur le fait que la vie ne s’arrête pas à la mort d’un proche, et que de périodes d’ombres peuvent jaillir de beaux moments de lumière. Ça nous montre aussi qu’il faut se battre pour ceux qu’on aime, et oser aller de l’avant. Personnellement, ça me parle bien !

Au niveau de la plume, je la trouve très douce, maîtrisée et fluide. Si je me suis parfois un peu ennuyée, j’avoue qu’au final, cela ne m’aura pas vraiment dérangée : j’ai passé un agréable moment de lecture, reposant et divertissant !

En fin de compte, La dernière conquête du Major Pettigrew est un roman intéressant, qui finit par nous prendre au jeu, pour peu qu’on se donne la peine d’aller voir plus loin. L’histoire peu commune et attendrissante entre le Major et Mme Ali nous permet de réfléchir sur des questions de culture et de rencontre entre les différents groupes qui forment nos villes. L’intrigue prend parfois des tournants inattendus, et les personnages qui sont présentés ne laisseront aucunement le lecteur indifférent, c’est un fait ! En bref, une lecture agréable et reposante, parfaite pour faire une petite pause dans le quotidien !
Ce sera donc un 16/20 pour moi et je le recommande !

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